Québec maintient que les municipalités sont responsables du transport collectif

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
Québec maintient que les municipalités sont responsables du transport collectif

L’ÉPIPHANIE, Qc — Le gouvernement du Québec est prêt à poursuivre les discussions avec les municipalités afin d’ajuster la part des déficits des sociétés de transport en commun qu’il absorbera dans les prochaines années, mais prévient que les villes devront en faire plus dans un contexte où «les marges de manœuvre ne sont pas infinies à Québec».

C’est ce qu’a affirmé vendredi matin le premier ministre François Legault en marge de l’inauguration d’un nouveau service de garde de 80 places à L’Épiphanie, dans Lanaudière.

Actuellement, le gouvernement propose une enveloppe d’environ 500 millions $ pour aider les sociétés de transport collectif, ce qui permettrait d’éponger environ le cinquième de leur déficit appréhendé sur cinq ans.

Toutefois, les municipalités aux prises avec ces enjeux, notamment dans la région de Montréal, ont lancé un cri d’alarme jeudi, soutenant qu’elles seront forcées de faire des coupes importantes dans les services si l’aide de Québec n’est pas bonifiée.

Le gouvernement devrait présenter une nouvelle offre prochainement, possiblement d’ici dimanche, mais le premier ministre a tempéré les attentes vendredi.

«La gestion du transport collectif, ça relève des villes, des municipalités, a-t-il rappelé. Nous, on participe, on va continuer de participer au financement, mais c’est important aussi que les villes, les municipalités, participent.

«Il y a des discussions qui ont lieu actuellement qui vont se poursuivre, probablement même après dimanche, donc on va s’assurer de continuer à participer au financement, mais je veux rappeler aux villes que les marges de manœuvre ne sont pas infinies à Québec, comme dans les municipalités d’ailleurs.»

M. Legault a ainsi fait écho aux propos tenus plus tôt cette semaine par sa ministre des Transports, Geneviève Guilbault.

«Je referai une offre, mais je ne crois pas que c’est au gouvernement du Québec et aux contribuables du Québec de payer pour 100 % d’un déficit de plus de 2 milliards $ dans le Grand Montréal», a estimé Mme Guilbault mercredi à Québec.

Dans un scénario révélé jeudi par Radio-Canada et La Presse, certaines sociétés de transport ont averti qu’elles seraient forcées de réduire la fréquence de passages de certaines lignes d’autobus en l’absence d’une aide supplémentaire de Québec. À Montréal, la fermeture du métro à 23 h pourrait être envisagée.

Les autres projets ne sont pas menacés

Cependant, même si les déficits du service actuel pourraient cumuler 2,5 milliards $ dans cinq ans si rien n’est fait, M. Legault a assuré que les projets qui sont présentement à l’étape de la planification ne sont pas compromis.

Ainsi, Québec a toujours besoin d’un «transport lourd», a mentionné M. Legault, même si un nouveau sondage Léger qui a été rendu public vendredi par la Ville de Québec a révélé que 60 % de la population de la capitale provinciale a une opinion négative du projet de tramway.

Lors du coup de sonde mené auprès de 1005 résidants de Québec du 28 septembre au 10 octobre, seuls 19 % des répondants ont indiqué avoir une très bonne opinion par rapport au projet de tramway, comparativement à 44 % qui ont indiqué en avoir une très négative.

En ajoutant les personnes qui ont dit avoir une plutôt bonne et une plutôt mauvaise opinion, le sondage conclut que 40 % des citoyens ont une opinion positive à l’égard du projet de tramway et y sont favorables, contre 60 % qui penchent de l’autre côté.

Ne prononçant jamais le mot «tramway» au moment de répondre à une question à ce sujet, M. Legault a néanmoins réitéré son appui à un mode structurant vendredi.

«Moi je pense qu’une ville de la taille de Québec a besoin d’un transport lourd — ce que je veux dire par là: plus que juste des autobus. Donc, est-ce qu’il y a des ajustements à faire au projet? On va regarder ça avec (le maire) Bruno Marchand, mais moi j’y crois au projet d’un transport lourd à Québec», a noté le premier ministre.

Le gouvernement attend d’ailleurs une mise à jour de l’administration municipale d’ici la fin novembre pour faire le point sur les coûts et ajustements potentiels au projet.

Quant à lui, le Projet structurant de l’Est, visant à relier l’est de Montréal au centre-ville de la métropole, ne sera pas abandonné, et se rendra bel et bien jusque dans Lanaudière, a tranché le premier ministre.

«Je répète au moins une fois par semaine à Geneviève Guilbault que le prochain projet de REM de l’Est doit se rendre dans Lanaudière. C’est non négociable», a-t-il martelé.

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