Les libéraux promettent 1,7 million $ pour les personnes LGBTQ+ persécutées

Dylan Robertson, La Presse Canadienne
Les libéraux promettent 1,7 million $ pour les personnes LGBTQ+ persécutées

OTTAWA — Le gouvernement fédéral a annoncé l’octroi de 1,7 million $ aux groupes soutenant les minorités de genre et sexuelles à l’étranger, tout en faisant face aux critiques de militants selon lesquelles Ottawa est trop lent à tenir ses promesses de financement.

«Nous savons que les groupes qui s’opposent aux droits des personnes 2SLGBTQI+ sont de plus en plus financés et coordonnés à l’échelle mondiale», a déclaré la députée libérale Anita Vandenbeld, secrétaire parlementaire du ministre du Développement international, Ahmed Hussen.

Elle a félicité les militants pour avoir continué à lutter pour leurs droits au prix de grands risques au lieu de chercher à obtenir le statut de réfugié, affirmant que ces personnes ont contribué aux récents progrès des minorités au Népal, en Thaïlande et à la Dominique.

Mme Vandenbeld s’exprimait jeudi lors d’une conférence de Dignity Network, une coalition de groupes canadiens qui soutiennent les personnes LGBTQ+ à l’étranger.

Des militants du monde entier ont fait l’éloge des divers fonds et projets du Canada visant à protéger les personnes vulnérables. Mais ils ont déclaré que les fonds d’Ottawa arrivaient lentement et ont exhorté le Canada à réagir plus ouvertement aux lois anti-homosexuelles de certains pays.

Le financement annoncé mardi comprend 1 million $ pour un projet dirigé par le département américain de l’aide humanitaire visant à déterminer comment des groupes dans plusieurs pays peuvent lutter contre la stigmatisation et également répondre aux crises.

Jay Gilliam, coordinateur principal LGBTQ+ à l’Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), a applaudi le Canada pour son soutien au projet au cours des dernières années. En plus de financer la recherche, il a souligné que l’argent aiderait les militants en danger à payer leurs frais de réinstallation et leurs frais médicaux ou juridiques.

«Nous sommes vraiment ravis de pouvoir couvrir de nombreux endroits différents et de relever les défis identifiés par les communautés locales», a dit M. Gilliam en marge de la conférence.

Le reste du financement est destiné à Rainbow Railroad, établi à Toronto, pour examiner le déplacement forcé des minorités de genre et sexuelles dans le monde en aidant les gouvernements à comprendre les perspectives de ceux qui fuient vers des endroits plus sécuritaires.

Le Global Philanthropy Project a présenté les données préliminaires d’un rapport qui classe le Canada au troisième rang parmi les 16 gouvernements nationaux qui financent les droits LGBTQ+ à l’étranger, après les États-Unis et les Pays-Bas.

Seulement 0,2 % de l’aide canadienne était destinée à cette population au cours de l’exercice étudié, qui s’est terminé au printemps 2022.

Stephen Brown, professeur à l’Université d’Ottawa spécialisé dans l’aide étrangère aux personnes LGBTQ+, a déclaré que de nombreux militants ont souligné que l’accès au financement canadien nécessite des tonnes de paperasse et d’appels Zoom.

Il a affirmé que les délégués ont comparé cette situation aux groupes évangéliques établis aux États-Unis qui amassent facilement et rapidement des fonds pour soutenir les mouvements anti-homosexuels.

«Ils apprécient le financement canadien, mais ils constatent qu’il ne répond pas toujours à leurs besoins, a soutenu M. Brown. Il y a beaucoup de conditions. C’est souvent à trop court terme, alors ils ne savent pas s’ils peuvent compter sur cela pendant une longue période, alors que les besoins ne disparaîtront certainement pas.»

L’Afrique sous-financée

La question du financement était une priorité pour les délégués d’Afrique subsaharienne, qui ont évoqué une augmentation de la violence collective et des lois discriminatoires.

Au début de l’année 2019, les libéraux ont annoncé un financement pour les personnes LGBTQ+ à l’étranger, dont 15 millions $ pour des groupes vivant dans des régions où les droits régressent. 

Pourtant, le ministère affirme que seulement 1,25 million $ ont atteint l’Afrique subsaharienne et que 2,8 millions $ supplémentaires n’ont pas encore été dépensés.

«L’Afrique semble sous-financée par rapport aux autres régions, malgré des besoins plus importants, notamment dans les pays francophones», estime M. Brown.

Affaires mondiales Canada a déclaré que la pandémie de COVID-19 et un long processus de consultation ont retardé le financement de certains groupes, mais le ministère prévoit augmenter ses dépenses.

Pendant ce temps, les militants exhortent le Canada à dénoncer plus fort les lois homophobes dans des pays comme l’Ouganda et le Ghana.

Pepe Julian Onziema, directeur du programme Sexual Minorities Uganda, est frustré que les gouvernements ne se soient pas davantage exprimés avant que son pays adopte il y a un an une loi qui prévoit la peine de mort pour certains types de relations sexuelles homosexuelles.

«Nous avons pleuré partout dans le monde et personne ne nous a pris au sérieux», a-t-il déploré lors de la conférence.

Il a fait valoir que la réaction tiède à l’échelle internationale a encouragé d’autres gouvernements africains à emboîter le pas. Le parlement du Ghana a adopté un projet de loi, qui n’a pas encore été adopté, qui permettrait d’emprisonner les personnes s’identifiant comme homosexuelles.

Les responsables d’Affaires mondiales Canada ont dit aux militants que la priorité n’était pas de causer du tort en parlant publiquement et que leurs ambassades à l’étranger soulevaient régulièrement leurs préoccupations en matière de droits de la personne auprès des gouvernements étrangers.

«Ce que certains Africains ont dit, les Ougandais en particulier, c’est que nous devons parler plus fort. D’autres donateurs ont joué un rôle plus vocal, comme les États-Unis et la Banque mondiale.»

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