Une manifestante interpelle les députés à l’Assemblée nationale

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Une manifestante interpelle les députés à l’Assemblée nationale

QUÉBEC — Une femme a invectivé les élus mercredi soir en pleine commission parlementaire à l’Assemblée nationale.

Les élus discutaient alors du projet de loi 50 sur la sécurité civile et de l’état d’urgence national que le gouvernement pouvait instaurer.

Ce genre d’incident est extrêmement rare depuis le renforcement de la sécurité au parlement ainsi que la construction d’un pavillon d’accueil souterrain hors de l’Hôtel du Parlement.

Le député Andrés Fontecilla, de Québec solidaire (QS), se questionnait sur les pouvoirs que le gouvernement s’arrogeait, avec ce projet de loi, en prenant comme comparaison le décret d’urgence sanitaire que le gouvernement a pu renouveler 63 fois sans même s’adresser au Parlement.  

Soudainement, une citoyenne dans les tribunes s’est levée en apparaissant dans le champ des caméras et a interrompu les échanges en prenant la parole.

«Vos questions commençaient à être intéressantes!» a-t-elle lancé en appui à M. Fontecilla, alors que les microphones de la salle de commission captaient à peine ses propos.

«Levez-vous pour le peuple! a-t-elle lancé sans s’identifier. Sinon, démissionnez tous!» 

Elles étaient deux femmes, a fait savoir le porte-parole du ministre de la Sécurité publique qui se trouvait dans la salle.   

Elles ont par la suite quitté la salle. Le président de la commission, le député caquiste Sébastien Schneeberger, a invité calmement les élus à poursuivre leur travail. 

Le service de sécurité de l’Assemblée nationale n’est pas intervenu, a indiqué le sergent Isaac Boisvert à La Presse Canadienne.

Au cours des échanges de mercredi après-midi, M. Fontecilla tentait de faire fléchir le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, qui pilote le projet de loi 50, en faisant écho aux récriminations de la manifestante.  

Ce texte législatif a été déposé à la suite des incendies de forêt désastreux de l’été dernier afin de mieux faire face aux situations d’urgence.

L’article 53 prévoit que «le gouvernement peut déclarer l’état d’urgence national dans tout ou partie du territoire québécois, pour une période maximale de 10 jours, lorsqu’un sinistre ou un autre événement perturbant le fonctionnement de la communauté» survient, tremblement de terre, défaillance sérieuse et… crise sanitaire entre autres. 

Le gouvernement pourrait renouveler à son loisir les périodes de 10 jours ou encore «peut renouveler l’état d’urgence» pour des périodes maximales de 30 jours avec l’assentiment de l’Assemblée nationale. 

M. Fontecilla a proposé un amendement pour que «l’état d’urgence comporte certaines limites», parce que même en situation de crise, «il est important de conserver le caractère démocratique de notre société», a-t-il fait valoir. 

«À cause du renouvellement du décret d’urgence sanitaire sans l’assentiment de l’Assemblée nationale, une partie de la population a perdu confiance dans nos institutions», a-t-il dit.

Ainsi, si le gouvernement voulait renouveler pour plus de trois périodes de 10 jours l’état d’urgence national, il devrait demander l’approbation de l’Assemblée, selon le libellé de l’amendement proposé par QS, qui a été rejeté par les élus du gouvernement, qui sont majoritaires à la commission.

M. Bonnardel a plaidé que le texte de loi comportait suffisamment de contre-pouvoirs car un autre article prévoit que «l’Assemblée nationale peut (…) désavouer par un vote la déclaration d’état d’urgence et tout renouvellement de l’état d’urgence».

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