Trudeau dit ne pas avoir relié la préoccupation des droits parentaux à la haine

La Presse Canadienne
Trudeau dit ne pas avoir relié la préoccupation des droits parentaux à la haine

OTTAWA — Le premier ministre Justin Trudeau a déclaré jeudi qu’il n’avait jamais laissé entendre que les personnes préoccupées par leurs droits en tant que parents étaient haineuses, lorsqu’il a publié une déclaration en réponse aux milliers de personnes qui ont participé aux récentes manifestations contre «l’idéologie du genre» dans les écoles.

S’adressant aux journalistes, lors d’une annonce sur le logement à Vaughan, en Ontario, M. Trudeau a affirmé que le message qu’il a publié le 20 septembre sur X, anciennement Twitter, visait à prendre position pour la communauté LGBTQ+.

Le premier ministre Trudeau a écrit dans sa publication que «la transphobie, l’homophobie et la biphobie n’ont pas leur place dans ce pays», ajoutant que le pays condamne «cette haine et ces manifestations».

Le chef du Parti conservateur, Pierre Poilievre, dont le cabinet a demandé aux députés de garder le silence sur les manifestations au moment où elles se déroulaient, l’a accusé quelques jours plus tard de «diaboliser les parents inquiets».

L’Association musulmane du Canada a également appelé M. Trudeau à se rétracter et à s’excuser pour ce qu’elle a qualifié de commentaire «profondément incendiaire», affirmant que les parents musulmans qui ont participé aux manifestations se sont présentés «pour être entendus, pas pour semer la division».

L’association a ajouté qu’elle craignait que de tels commentaires de la part du premier ministre Trudeau et d’autres dirigeants élus puissent conduire à une augmentation du harcèlement et de l’intimidation contre les étudiants musulmans.

M. Trudeau a toutefois a maintenu sa déclaration, jeudi.

«Je n’ai jamais laissé entendre que quelqu’un qui s’inquiète des droits parentaux soit rempli de haine ou d’intolérance, a affirmé M. Trudeau. Mais ce dont nous devons nous assurer, c’est que lorsque nous constatons des expressions de haine ou d’intolérance contre les musulmans, contre la communauté (LGBTQ+), contre tous les Canadiens, nous sommes fermes dans notre lutte contre l’intolérance – que nous tendons la main pour rassembler les gens.»

L’expression « droits parentaux », qui fait référence au sens large au désir des parents de participer aux décisions prises par leurs enfants et par les écoles, a gagné en popularité au Canada au cours de la dernière année parmi les personnes très préoccupées par les efforts entrepris pour rendre les salles de classe plus inclusives pour les élèves de la communauté LGBTQ+.

Ces efforts incluent la mise en place de drapeaux de la fierté et la tenue de discussions sur l’orientation sexuelle et l’identité de genre, ainsi que des politiques permettant aux étudiants trans et non binaires d’être appelés par leur nom et leurs pronoms préférés.

Ces derniers font l’objet de nouvelles politiques provinciales, d’abord au Nouveau-Brunswick, et maintenant en Saskatchewan, qui obligent les écoles à demander la permission parentale lorsque des élèves de la diversité de genres âgés de moins de 16 ans demandent à être appelés par un nom ou un pronom différent.

Il s’agit d’une exigence qui, selon des syndicats d’enseignants et des défenseurs provinciaux des enfants, met en danger les élèves vulnérables.

Des contestations judiciaires ont également suivi. Après qu’un juge de la Saskatchewan a accordé une injonction obligeant la province à suspendre sa politique, le premier ministre Scott Moe a déclaré qu’il invoquerait la clause dérogatoire de la Charte canadienne des droits et libertés pour la maintenir en place.

Pierre Poilievre a soutenu que M. Trudeau devrait «se retirer» de telles questions et «laisser les parents élever leurs enfants».

Il n’a pas encore dit ce qu’il entend faire à propos d’une résolution politique, adoptée le mois dernier par les députés conservateurs, demandant qu’un futur gouvernement conservateur interdise aux mineurs ressentant de la dysphorie de genre de recevoir un traitement pharmaceutique ou chirurgical «qui change la vie».

M. Trudeau a indiqué, lorsqu’on lui a demandé s’il retirerait son commentaire, qu’il continuerait à défendre les droits de chacun, qu’il s’agisse de Canadiens musulmans ou de membres de la communauté LGBTQ+.

Il a déclaré que la défense des droits de chacun est «essentielle» au Canada. 

«Nous nous opposerons toujours à la haine et à l’intolérance, d’où elle vienne, mais quiconque tente de politiser cela ou de présenter cela comme une attaque contre un groupe particulier tente de diviser les communautés les unes contre les autres.»

Ce n’était pas la première fois que Trudeau se lançait dans le débat.

Lors d’un événement communautaire à Calgary en juillet, M. Trudeau a dit qu’une grande partie de la discorde autour de ce qui est enseigné aux enfants sur les questions LGBTQ+ était alimentée par la désinformation, en particulier de la part de «la droite américaine», à propos de ce qui figure réellement dans les programmes scolaires provinciaux.

«Ils utilisent la question LGBT comme une arme», a soutenu M. Trudeau lors d’une conversation avec des parents musulmans, enregistrée et partagée sur les réseaux sociaux. «Ils utilisent ces peurs pour creuser un fossé.»

Il a ensuite déclaré au groupe que son gouvernement libéral défendait sans équivoque les droits et libertés de tous, y compris ceux de la communauté musulmane et des jeunes LGBTQ+.

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