De passage en Pologne, Trudeau défend les niveaux de dépenses du Canada en défense

Laura Osman, La Presse Canadienne
De passage en Pologne, Trudeau défend les niveaux de dépenses du Canada en défense

VARSOVIE, Pologne — De passage en Pologne, le premier ministre Justin Trudeau a défendu les niveaux de dépenses du Canada en défense, tandis que son homologue polonais Donald Tusk a exhorté le reste de l’Occident à faire face aux dangers très réels que représente désormais la Russie de Vladimir Poutine.

En conférence de presse lundi, M. Trudeau a affirmé que le Canada était le septième contributeur à la défense parmi les 31 alliés de l’OTAN, mais il a reconnu qu’il restait encore beaucoup à faire.

«Nous savons qu’il y a plus à faire et on est en train de le faire», a-t-il assuré à Varsovie, aux côtés de M. Tusk.

«On reconnaît à quel point le monde est devenu plus dangereux et le Canada sera là avec l’équipement et les forces armées nécessaires pour faire notre part.»

Le premier ministre Tusk, pour sa part, a détourné les critiques envers le Canada en exhortant «l’ensemble du monde occidental, et en particulier l’Europe» à garantir que l’Ukraine dispose des ressources dont elle a besoin pour une victoire décisive sur la Russie.

Jusqu’à présent, les engagements du Canada en matière de défense envers la Pologne et l’Ukraine ont été «exceptionnels», a souligné M. Tusk, rejetant la rhétorique belliqueuse de l’ancien président américain Donald Trump concernant les dépenses de l’OTAN.

Mais la solution la plus simple à de telles plaintes, a-t-il suggéré, serait que tous les membres de l’OTAN intensifient leurs efforts et respectent le seuil de dépenses obligatoire de 2 % du produit intérieur brut (PIB).

Cela arrivera tôt ou tard, a indiqué M. Tusk – «et c’est mieux qu’ils le fassent plus tôt que tard», a-t-il ajouté par l’intermédiaire d’un interprète.

M. Trudeau a souligné que son gouvernement libéral s’est déjà engagé dans une nouvelle flotte de chasseurs furtifs de haute technologie et dans la modernisation du commandement conjoint canado-américain connu sous le nom de NORAD.

Le Canada subit de nouvelles pressions pour qu’il consacre 2 % de son PIB à la défense, un objectif mandaté par l’OTAN que la plupart des autres alliés devraient atteindre d’ici la fin de l’année. Les dépenses du Canada oscillent présentement autour de 1,3 % du PIB.

Les deux dirigeants ont par ailleurs reconnu qu’il y a des gens ailleurs dans le monde, y compris en Europe, dont la volonté de soutenir l’Ukraine menace de faiblir et qui font obstacle à la formation d’un front uni.

«C’est une époque où les citoyens ne peuvent pas tenir leur démocratie pour acquise», a prévenu M. Trudeau. 

Justin Trudeau, qui s’est rendu samedi à Kyiv pour réaffirmer le soutien du Canada à l’Ukraine, a rencontré plus tôt lundi M. Tusk et le président Andrzej Duda au palais présidentiel de Varsovie.

Il s’agit de la première visite de M. Trudeau dans la capitale polonaise depuis qu’un changement politique radical dans le pays a mis fin à huit années de régime conservateur, à la fin de l’année dernière.

M. Tusk, qui a également été premier ministre du pays de 2007 à 2014, est un centriste qui a pris ses fonctions en décembre et qui s’efforce de renforcer les liens avec le reste de l’Europe.

Le président Duda, quant à lui, est un leader conservateur qui doit dorénavant composer avec un gouvernement très différent.

Les réunions ont porté sur les dangers auxquels est confrontée l’Ukraine et l’importance de l’alliance de l’OTAN, principal rempart entre le président russe Vladimir Poutine et le reste de l’Europe.

Soutien à l’Ukraine

Le Canada et la Pologne se sont ralliés à l’Ukraine alors que le pays entre dans sa troisième année de guerre avec une diminution des approvisionnements et des problèmes de personnel, ce qui a incité le président ukrainien Volodymyr Zelensky à demander de l’aide d’urgence. Ses troupes se sont récemment retirées de la ville stratégique d’Avdiivka, dans l’est du pays, offrant à la Russie l’une de ses plus grandes victoires. Et la Russie contrôle toujours environ le quart du pays, alors que l’Ukraine n’a pas réussi à réaliser de percée majeure lors de sa contre-offensive estivale.

La bataille imminente et difficile n’a pas empêché le premier ministre Trudeau de redoubler sa promesse de soutenir l’Ukraine jusqu’à ce qu’elle remporte la victoire. 

«Poutine ne peut pas gagner», a-t-il dit samedi dans un discours prononcé depuis l’aéroport d’Hostomel, en Ukraine, où les soldats ukrainiens ont repoussé un assaut russe au premier jour de l’invasion.  

«L’Ukraine connaîtra la victoire, tout comme ce qui s’est passé en ce lieu il y a deux ans», a-t-il ajouté.

Le gouvernement polonais veut s’assurer que le Canada et ses autres alliés restent engagés dans la guerre qui fait rage juste à sa frontière, a déclaré l’ambassadrice du Canada dans le pays dans une interview en fin de semaine. Catherine Godin a qualifié la guerre en Ukraine de menace réelle et actuelle pour le peuple polonais.

Le Canada et la Pologne coopèrent pour des missions de formation militaire visant à renforcer les compétences des forces armées ukrainiennes. Et la Pologne apprécie le rôle du Canada dans la protection du flanc oriental de l’OTAN en Lettonie, selon l’ambassadrice Godin.

Rapprochements avec l’Europe

À propos de ce que signifie le changement de gouvernement en Pologne pour le Canada, Mme Godin a signalé que le Canada soutiendrait l’élan du premier ministre Tusk, qui s’efforce de rétablir les relations tendues entre Varsovie et Bruxelles après que l’Union européenne (UE) eut qualifié le précédent gouvernement polonais de menace à l’indépendance judiciaire.

En 2021, l’UE a dénoncé ce qu’elle considérait comme des déficiences dans les systèmes judiciaires nationaux polonais, les cadres anticorruption et la liberté des médias.

Selon Catherine Godin, «ils ont travaillé très dur en faveur de l’État de droit. Leur principale préoccupation a été de leur permettre de démontrer qu’ils y sont engagés et qu’ils peuvent accéder aux fonds de l’UE et qu’ils démontrent leur engagement en faveur des droits de la personne.»

«Cela correspond également aux valeurs canadiennes.»

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