Rapatriement des pouvoirs en immigration: Fréchette contredit Legault

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Rapatriement des pouvoirs en immigration: Fréchette contredit Legault

QUÉBEC — Le gouvernement Legault tiendra-t-il ou non un référendum pour réclamer à Ottawa tous les pouvoirs en immigration?

La ministre de l’Immigration, Christine Fréchette, ravive cette idée, deux semaines après que le premier ministre François Legault eut affirmé que les négociations avec Ottawa allaient bon train.

«Il y a beaucoup de discussions avec (le ministre fédéral de l’Immigration Marc) Miller, avait déclaré M. Legault à Sherbrooke. Je pense qu’il y a une ouverture. J’ai confiance qu’on va réussir à trouver des compromis avec le gouvernement fédéral.»   

La ministre Fréchette n’était visiblement pas au courant. «Je pense que M. Legault a eu des discussions auxquelles je n’ai pas assisté», a-t-elle laissé tomber lors d’une mêlée de presse, mardi.

«Jusqu’à maintenant, moi je n’ai pas personnellement eu d’ouverture de la part de M. Miller. Maintenant, il y a d’autres personnes qui ont leur mot à dire là-dedans», a-t-elle ajouté.

Mme Fréchette n’a pas exclu de tenir un référendum, se disant notamment insatisfaite de la gestion du gouvernement fédéral dans le dossier des demandeurs d’asile. 

Québec s’attend à ce qu’Ottawa lui rembourse les 470 millions $ encourus pour l’accueil des demandeurs d’asile en 2021 et 2022, et qu’il fasse de même pour les années subséquentes.

Selon le gouvernement Legault, l’afflux des demandeurs d’asile doit être «freiné», sinon le Québec atteindra son «point de rupture». La semaine dernière, M. Miller a annoncé une somme de 100 millions $. 

Mme Fréchette a déclaré mardi qu’il s’agissait là «d’un acompte sur une facture qui n’est pas encore transmise» pour l’année 2023.

Mercredi, le Parti québécois s’est dit d’accord avec l’idée de tenir un référendum sectoriel pour réclamer à Ottawa tous les pouvoirs en immigration, mais il doute que le gouvernement caquiste passe vraiment à l’action.

Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a demandé au gouvernement Legault de faire des avancées concrètes à cette fin. «Qu’on se donne un échéancier, une date butoir», a-t-il lancé en point de presse.

«Premièrement, demander les pouvoirs en immigration — ils n’ont pas eu le courage de le faire — puis se donner un délai au terme duquel si jamais la réponse c’est non, qu’on envisage sérieusement de tenir cette consultation populaire», a-t-il ajouté.

Lors de la campagne électorale de 2022, M. Legault avait soulevé l’idée de tenir un référendum sectoriel en immigration, en ajoutant cependant que cela n’aurait pas lieu dans les six premiers mois de son mandat.

Au congrès de la CAQ l’année suivante, il a plaidé qu’il existait d’autres façons de mobiliser les Québécois sur la question. «Il y a beaucoup de manières de mobiliser. Je sais que vous allez voir régulièrement mes balados. (…) Ça fait partie de la mobilisation», a-t-il dit.

L’idée de tenir un tel référendum est «saugrenue», a réagi mercredi la co-porte-parole de Québec solidaire (QS), Émilise Lessard-Therrien.

«Ils se sont targués d’avoir un mandat fort. Ils ont quoi, 89, 90 députés? Je veux dire, ils ont la pleine légitimité de mener ce débat-là de front. Puis on se pose la question: pourquoi ils ne le font pas?» a-t-elle demandé.

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