Le tête-à-tête Biden-Xi éclipsera bien des activités au sommet de l’APEC

James McCarten, La Presse Canadienne
Le tête-à-tête Biden-Xi éclipsera bien des activités au sommet de l’APEC

SAN FRANCISCO — Les 21 pays membres de l’APEC représentent près de trois milliards d’habitants et 62 % du PIB mondial, générant 30 000 milliards de dollars de commerce planétaire l’année dernière seulement.

Mais mercredi, le sommet annuel des dirigeants mondiaux des pays appartenant au forum de coopération économique Asie-Pacifique (APEC) ne réunira, à toutes fins utiles, que deux individus.

Le président américain, Joe Biden, s’entretiendra alors avec son homologue chinois, Xi Jinping — leur première rencontre en personne depuis 12 mois —, dans l’espoir d’aplanir certains irritants dans leurs relations bilatérales tendues. Le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, Jake Sullivan, parlait lundi de «diplomatie intense».

«C’est comme ça qu’on dissipe les idées fausses et qu’on évite les surprises, a-t-il déclaré lors d’un point de presse. C’est ainsi que nous travaillons ensemble là où nos intérêts se chevauchent et que nous répondons aux priorités clés du peuple américain.»

À une autre échelle, c’est aussi mercredi que le premier ministre Justin Trudeau entame sa visite de trois jours à San Francisco pour le sommet de l’APEC – une mission qui se concentrera sur l’obtention de gains supplémentaires en matière de commerce et de politique étrangère.

Compte tenu des enjeux dans le contexte mondial – la relation Biden-Xi, la guerre entre Israël et le Hamas et le conflit entre la Russie et l’Ukraine –, les experts affirment que le Canada ne peut s’empêcher de faire profil bas.

«Je pense que nous, Canadiens, commençons à nous rendre visibles auprès du plus grand nombre possible de membres de l’APEC, mais je pense que nous allons malheureusement jouer un rôle périphérique dans ce cas-ci», a déclaré Andreas Schotter, professeur de commerce international à l’Ivey Business School de l’Université Western, à London, en Ontario.

L’alliance en expansion des «BRICS» – Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud, qui seront rejoints l’année prochaine par six nouveaux membres, dont l’Iran, l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis – a rendu l’argument du découplage plus difficile à faire valoir, a déclaré M. Schotter.

«Nous assistons, je pense, au mieux à un blocage du découplage entre le monde dirigé par la Chine et le monde dirigé par les États-Unis», a-t-il déclaré. À la suite de la pandémie de COVID-19, le Canada est plus que jamais dépendant des États-Unis, selon lui. 

«C’est donc une bonne chose que nous soyons présents à l’APEC, mais le Canada ne pourra pas en retirer grand-chose ou contribuer à la discussion, a déclaré le professeur Schotter. Je ne veux pas paraître trop sombre, mais c’est comme ça, c’est tout.» 

La stratégie indo-pacifique

Le Canada visera plutôt des avancées progressives mais tangibles sur ses propres priorités politiques dans l’Indo-Pacifique, profitant de ce que les responsables disent être une série complète de réunions bilatérales pour M. Trudeau en Californie.

Il n’y aura probablement pas de rencontre, toutefois, avec le président Biden, avec qui le premier ministre a pu s’entretenir en tête-à-tête à la Maison-Blanche le mois dernier. Mais au moins deux initiatives économiques bilatérales avec des partenaires clés de l’Indo-Pacifique figureront sur la liste du Canada, a déclaré un haut responsable.

L’absence du premier ministre indien, Narendra Modi, rend également peu probable une scène embarrassante autour des allégations de M. Trudeau concernant un lien entre des agents du gouvernement indien et la mort par balle en juin d’un éminent dirigeant sikh en Colombie-Britannique. «Modi n’est pas là, donc l’Inde n’est pas là», a déclaré M. Schotter.

«Certains ont estimé que cela donnait au premier ministre (Trudeau) une chance d’éviter la discussion sur la question, mais je ne crois pas que ce soit une bonne chose: je pense qu’une réunion aurait été préférable à un évitement.»

Il y a encore beaucoup de travail important à accomplir pour le Canada à l’APEC, affirment les responsables fédéraux: il est essentiel d’être à la table dans une partie du monde où les décisions qui sont prises sont susceptibles d’affecter les Canadiens pendant des générations.

Les responsables affirment que M. Trudeau encouragera les nouveaux efforts canadiens visant à favoriser une production alimentaire plus efficace et des chaînes d’approvisionnement plus saines, ainsi qu’à supprimer les barrières commerciales avec les pays du Pacifique.

La région représente environ la moitié du commerce mondial de marchandises et est la destination de plus de 88 % des exportations du Canada. Les exportations et les importations de marchandises de l’APEC dépassent désormais toutes deux les 12 000 milliards $ US par année.

La part du Canada a atteint 1300 milliards $ l’année dernière, soit une augmentation de 22 %, grâce à des partenaires commerciaux comme les États-Unis, la Chine, le Mexique, le Japon, la Corée du Sud et le Vietnam.

Le sommet de San Francisco a lieu un an après que le gouvernement libéral a dévoilé une nouvelle stratégie indo-pacifique de 2,3 milliards $ visant à renforcer les alliances régionales afin de se prémunir contre la puissance expansive de la Chine.

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