Les autorités irakiennes enquêtent sur le meurtre de l’influenceuse Um Fahad

Abdulrahman Zeyad et Qassim Abdul-zahra, The Associated Press
Les autorités irakiennes enquêtent sur le meurtre de l’influenceuse Um Fahad

BAGDAD — Les autorités irakiennes enquêtaient samedi sur le meurtre d’une influenceuse bien connue des médias sociaux, abattue par un motocycliste armé devant son domicile, dans le centre de Bagdad.

Ghufran Mahdi Sawadi, connue sous le nom de «Um Fahad», était populaire sur les réseaux sociaux TikTok et Instagram, où elle a publié des vidéos d’elle dansant sur de la musique et a été suivie par des dizaines de milliers d’utilisateurs.

Un responsable de la sécurité irakienne, qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat, car il n’était pas autorisé à parler aux médias, a relaté que l’agresseur avait ouvert le feu alors que Mme Sawadi garait sa voiture devant sa maison, vendredi, la tuant, puis lui avait pris son téléphone et avait fui les lieux.

Le meurtre a eu lieu à Ziyouna, le même quartier où un éminent chercheur et expert en sécurité irakien, Hisham al-Hashimi, a été abattu en 2020. Avant l’invasion américaine de 2003, le quartier abritait des chefs militaires et était considéré comme un quartier prestigieux de Bagdad. Ces dernières années, de nombreux chefs de milices y ont élu domicile.

Ghufran Mahdi Sawadi n’est pas la première personnalité des réseaux sociaux à être abattue dans le centre de Bagdad. L’année dernière, Noor Alsaffar ou «Noor BM», une personne transgenre très suivie sur les réseaux sociaux, a également été mortellement abattue dans la ville.

Un voisin de Mme Sawadi, qui s’est identifié uniquement par son surnom, Abu Adam ou «père d’Adam», a déclaré être sorti dans la rue après avoir entendu deux coups de feu et avoir vu que «la portière de la voiture était ouverte et qu’elle était allongée sur le volant».

«La femme qui était avec elle (dans la voiture) s’est enfuie et les forces de sécurité sont arrivées et ont bouclé toute la zone, ont pris le corps de la victime et ont remorqué sa voiture», a-t-il ajouté.

En Irak, le rôle des influenceurs des médias sociaux s’est élargi de la promotion de produits de beauté et de vêtements aux projets et programmes gouvernementaux. Les invitations officielles du gouvernement classent ces influenceurs parmi les personnalités économiques clés lors des rassemblements sportifs, sécuritaires et culturels.

Des vidéos mettant en vedette un éminent influenceur jeudi, lors du 93e anniversaire de la fondation de l’armée de l’air irakienne, ont déclenché une réaction violente, beaucoup critiquant le ministère de la Défense pour lui avoir permis d’enregistrer et de publier des vidéos provenant de sites militaires sensibles. Le ministère s’est défendu en affirmant qu’à l’ère des médias sociaux, comme les ministères de la Défense du monde entier, il utilise des influenceurs aux côtés des médias traditionnels pour communiquer avec le public.

L’année dernière, un tribunal irakien a condamné Mme Sawadi à six mois de prison pour avoir publié sur les réseaux sociaux plusieurs films et vidéos contenant des déclarations obscènes et un comportement public indécent, dans le cadre d’une récente initiative du gouvernement irakien visant à contrôler les bonnes mœurs.

Par ailleurs, samedi, le parlement irakien a adopté un amendement à la loi sur la prostitution – largement critiqué par les groupes de défense des droits de la personne – qui punirait les relations homosexuelles d’une peine de prison allant de 10 à 15 ans. Une version antérieure de la loi aurait imposé la peine de mort.

La loi interdit également toute organisation qui promeut la «déviance sexuelle», imposant une peine d’au moins sept ans et une amende d’au moins 10 millions de dinars (presque 10 500 $).

Le président du Parlement par intérim, Mohsen Al-Mandalaoui, a déclaré dans un communiqué que le vote était «une étape nécessaire pour protéger la structure des valeurs de la société» et pour «protéger nos enfants des appels à la dépravation morale et à l’homosexualité».

Rasha Younes, chercheuse principale au sein du programme des droits LGBT à Human Rights Watch, a soutenu que l’adoption de la loi «confirme le bilan effroyable de l’Irak en matière de violations des droits des personnes LGBT et constitue un coup dur porté aux droits humains fondamentaux, y compris les droits à la liberté d’expression et d’association, à la vie privée, à l’égalité et à la non-discrimination.»

Un rapport publié par l’organisation en 2022 accusait les groupes armés en Irak d’avoir enlevé, violé, torturé et tué des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles et transgenres en toute impunité et le gouvernement irakien de ne pas tenir les auteurs responsables de leurs actes.

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