Le secteur de la santé pressé d’agir pour minimiser les dégâts des catastrophes

La Presse Canadienne
Le secteur de la santé pressé d’agir pour minimiser les dégâts des catastrophes

HALIFAX — Après un été ponctué d’inondations sévères, de vagues de chaleur et d’un nombre record d’incendies de forêt, des scientifiques pressent les professionnels de la santé canadiens d’aider leurs patients à mieux se préparer aux conditions météorologiques extrêmes causées par les changements climatiques.

Lors d’une conférence nationale sur la santé publique à Halifax, mercredi, le scientifique Blair Feltmate a fait valoir qu’il existe des manières efficaces et peu coûteuses de réduire les impacts des catastrophes naturelles. Certaines sont très simples, comme nettoyer les gouttières et les clapets antiretour, se munir d’un détecteur d’inondation ou encore installer des stores.

M. Feltmate, président du Centre Intact d’adaptation au climat de l’Université de Waterloo, a dit à environ 750 professionnels de la santé qu’ils devraient être en mesure de conseiller les meilleures pratiques de protection à leurs patients, particulièrement celles en amont des catastrophes naturelles.

«Nous connaissons des solutions réalisables et peu coûteuses pour atténuer certaines des conséquences des inondations, des feux de forêt et particulièrement de la chaleur extrême, a-t-il déclaré. Et nous ne déployons pas ces solutions assez rapidement.»

M. Feltmate a affirmé que les établissements de santé devraient imprimer et distribuer des infographies que son centre a préparées, qui illustrent plusieurs précautions à prendre pour prévenir les impacts d’une vague de chaleur, d’inondations ou d’incendies de forêt. Le centre a concentré ses recherches sur une page illustrée qui comporte une section par condition météorologique extrême.

La plupart des améliorations répertoriées ne coûtent presque rien, comme enlever le paillis et les plantes proches des maisons dans les zones à risque d’incendies de forêt, vérifier les fuites dans la plomberie et utiliser des rideaux et des ventilateurs résistants pour atténuer la chaleur dans les maisons lors d’une canicule. Des recommandations plus coûteuses incluent l’installation de pompes de puisard, l’ajout de grilles incombustibles aux évents externes et le remplacement des clôtures en bois près des maisons par des clôtures en fil de fer ou en métal.

M. Feltmate dit qu’en prenant de bonnes précautions, la probabilité de voir sa maison détruite par un feu de forêt est réduite d’entre 50 et 75 %.

«Nous devons intensifier nos efforts»

La séance de conférences de mercredi était dirigée par l’administratrice en chef de l’Agence de la santé publique du Canada, la Dre Theresa Tam, qui a dit aux professionnels de la santé réunis que les changements climatiques devraient être dans l’esprit de tous puisqu’ils affecteront tous les aspects de la santé publique.

«Les acteurs de la santé publique peuvent voir les effets profonds des changements climatiques en observant des impacts sur la santé physique et mentale, ainsi que sur le bien-être de nos communautés», a-t-elle expliqué lors de la conférence.

Ces effets, a-t-elle affirmé, comprennent «les maladies infectieuses […], les maladies d’origine hydrique, les problèmes respiratoires et cardiovasculaires, les coups de chaleur, la déshydratation et les impacts sur la santé mentale, qui affectent toutes les populations».

M. Feltmate considère qu’il faut partager des conseils pour aider à protéger la population et les maisons des catastrophes liées au climat, car «les changements climatiques sont là pour de bon».

«C’est irréversible, et je ne veux pas dire que nous ne devrions pas tout faire pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous devons faire tout ce que nous pouvons pour améliorer les choses», a-t-il stipulé.

«Mais nous n’allons pas inverser les changements climatiques. La situation va empirer à l’avenir, ce qui signifie que nous devons intensifier nos efforts», a-t-il ajouté.

Une sécheresse persistante et des mois de températures supérieures à la moyenne ont accru le risque d’une répétition des incendies de forêt de l’année dernière, incitant les ministres fédéraux à faire une mise en garde le 10 avril sur la nécessité de lutter contre les changements climatiques.

La saison des incendies de 2023 a été la pire jamais enregistrée au Canada. Plus de 15 millions d’hectares ont brûlé, forçant plus de 230 000 personnes à quitter leur domicile. Les feux ont grandement détérioré la qualité de l’air dans une grande partie du Canada et des États-Unis.

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