«J’ai pris le couteau, pis j’ai dit chu désolé chérie, mais on va se revoir au ciel ensemble. J’ai dit tu vas être délivrée de tes problèmes de drogue, tu vas arrêter d’mentir à tout l’monde. Pis j’ai dit j’ai pas l’choix, parce que sinon j’m’en vas en d’dans pour des fausses charges pis j’accepte pas que tu m’ailles trompé avec un gars ou que si tu l’as faite, tu veules pas me l’avouer. Fait que j’ai mis ma main sur sa bouche pis j’ai dit j’te laisse une dernière chance, tu vas-tu appeler la police ? Sa réponse m’a pas satisfait. J’ai donné un premier coup ici.»
Le jury a visionné vendredi l’enregistrement de l’interrogatoire de Vincent Boucher, accusé d’avoir causé la mort de Laurie Anne Grenier, le 15 décembre 2018, dans un logement situé au 104, rue Bouthillier Nord à Saint-Jean-sur-Richelieu. S’il reconnaît avoir causé la mort de la victime, l’homme de 27 ans plaide non coupable à l’accusation de meurtre au premier degré portée contre lui.
C’est un appel de la mère de Boucher au 911 qui avait mené les policiers de Saint-Jean au logement et à la découverte du corps de la jeune femme. À la suite d’autres indications de la mère, Boucher avait été arrêté à Sainte-Adèle, dans la soirée du 15 décembre 2018. Il a été conduit au poste de police de l’endroit puis transporté à l’hôpital pour soigner des blessures et il y a rencontré un psychiatre. Par la suite, il a été interrogé par l’enquêteur Stéphane Bolduc au poste de Mascouche de la SQ pour y être interrogé.
Interrogatoire
En début d’interrogatoire alors que le policier lui rappelle ses droits, Boucher dit: «Toutes les preuves sont contre moé anyway. Y’ont mes empreintes sur toute, J’aime mieux, j’aime mieux parler pis essayer p’t’ête si le monde peuvent comprendre pourquoi j’ai fait ça.»
À l’enquêteur qui lui demande pourquoi il a décidé de s’expliquer, Boucher répond :«Parce que chu convaincu qu’après avoir parlé, le meurtre, ça sera pas meurtre prémédité. Ça va, ça, la charge va baisser. Pis de deux aussi c’parce que, j’veux pas vivre avec ça s’a conscience tu comprends-tu?»
Il a raconté qu’il était un gars qui a de gros problèmes de drogue «mélangés» à des problèmes de santé mentale. Il a ajouté que sa blonde, la victime, avait aussi de gros problèmes de drogue.
Il a relaté sa relation pas toujours facile avec la victime avec qui il avait emménagé d’abord dans un appartement à Sherbrooke. Puis Boucher s’est retrouvé à la prison de Bordeaux d’où il est sorti le 21 octobre 2018. Il a retrouvé Laurie Anne qui était rendue dans un logement de la rue Bouthillier, à Saint-Jean. Elle avait trouvé un petit emploi. Quant à lui, il devait effectuer des travaux communautaires dans un organisme qui l’a mis dehors après une absence. Environ une semaine avant le drame, il décide d’aller à Montréal pour trouver un autre endroit pour faire ses travaux communautaires et louer un logement.
La veille des événements, il est de retour à Saint-Jean. Le couple prévoit se voir en soirée pour faire le point. Boucher explique qu’il est allé aux Halles acheter de la nourriture, du vin ainsi que des cadeaux pour la jeune femme. Il a préparé le logement avant qu’elle revienne du travail.
Drame
Ils ont bu une bouteille de vin. «On a fait un peu d’coke. Elle était déjà gelée s’es Rivotrils» et il en a pris à son tour. La discussion a mal tourné alors qu’il lui demandait si elle avait vu quelqu’un d’autre pendant qu’il avait été absent. «A m’a dit oui, Charles.» Boucher ne la croit pas quand elle dit ne pas avoir couché avec Charles.
Elle demande à Boucher de lui prêter son cellulaire pour appeler d’abord sa cousine qui ne répond pas. L’accusé veut que Charles soit appelé. Il ne la croit pas quand Laurie Anne dit qu’elle l’appellera plus tard.
Boucher craint plutôt qu’elle téléphone à la police qu’elle porte contre lui de fausses accusations et il dit qu’il est enragé qu’elle l’ait trompé avec un autre gars durant son absence. Il a décrit avec détails comment il a pris un couteau, donné des coups de couteau puis d’autres, etc., jusqu’à ce qu’elle soit morte.
«Là je, je capotais. J’ai dit j’peux pas nettoyer la scène de crime, parce que j’veux crever anyway, j’veux pas faire 25 ans de prison. J’ai dit c’est hors de question que j’me ramasse en prison. J’ai dit chu pas un meurtrier pis j’ai décidé de pas nettoyer la scène, j’ai décidé de monter au ciel avec …»
Boucher indique qu’il a tenté de s’enlever la vie, de se poignarder dans le coeur et est tombé inconscient. À son réveil le matin, il voit la scène, une scène d’horreur, a-t-il précisé. Il décide alors de quitter Saint-Jean pour Montréal et prend l’autobus pour Saint-Adèle où il mentionne connaître quelqu’un pour se procurer un arme en vue de se suicider. Il sera arrêté par la police.
Meurtre
À plus d’une reprise durant l’interrogatoire, Boucher répète que ce n’est pas un meurtre au premier degré. Il veut savoir qui a trouvé le corps. Il demande au policier s’il a des photos de la scène et demande à voir les déclarations d’autres personnes.
Vendredi après-midi, après le visionnement de l’interrogatoire et le dépôt en preuve d’un couteau à steak, d’un couteau de style couperet et d’un exacto, Me Martin Bourgeois, du ministère public, a déclaré la preuve de la poursuite close. Le procès se poursuivra en présence du jury mercredi prochain.
Le juge Marc-André Blanchard, de la Cour supérieure, préside le procès. Me Martin Bourgeois, assisté de Me Nicolas Rochon, représente le ministère public. Vincent Boucher est défendu par Me Valérie La Madeleine, assistée de Me Christine Brosseau.