73% des logements annoncés dans le Haut-Richelieu sur Airbnb étaient illégaux

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Par Stéphanie MacFarlane
73% des logements annoncés dans le Haut-Richelieu sur Airbnb étaient illégaux
En février, un dénombrement réalisé sur Airbnb a permis de comptabiliser 112 annonces dans le Haut-Richelieu, dont 82 étaient illégales. (Photo : iStock)

Le Haut-Richelieu avait sa part de logements dits illégaux annoncés sur Airbnb. Selon un dénombrement réalisé à la fin de février par le Regroupement des comités logement et associations de locataires du Québec (RCLALQ), la région comptait 112 appartements offerts à la location sur la populaire plateforme. Or, la majorité des offres (73,2%) était jugée illégale. Ce recensement a été réalisé avant que les annonces illicites y soient retirées.

Le RCLALQ a publié les résultats de son rapport La démesure Airbnb: un saccage du parc locatif québécois dans la foulée de l’incendie mortel d’un immeuble dans le Vieux-Montréal. Un malheureux concours de circonstances, puisque l’organisme travaillait sur ce projet depuis plusieurs mois. Son objectif? Présenter le tout premier dénombrement des annonces offertes sur la plateforme Airbnb pour l’ensemble du Québec.

«On savait que la règlementation ne fonctionnait pas. Au-delà de la légalité ou de l’illégalité, on voulait montrer l’impact qu’avait une plateforme comme Airbnb au Québec», explique Cédric Dussault, co-porte-parole du RCLALQ.

Haut-Richelieu
L’exercice a permis de dénombrer 29 482 annonces de location sur Airbnb pour toute la province. De ce nombre, 23 245 (79%) n’étaient pas certifiées, donc illégales. En Montérégie, 1963 annonces ont été répertoriées sur la plateforme. La grande majorité (82%) était illégale. La région figure au quatrième rang des régions qui comptaient le plus d’annonces sur Airbnb, derrière Montréal (9190), la Capitale-Nationale (4301) et les Laurentides (4043). Un constat étonnant.

«La Montérégie est l’une des régions les plus touchées. Il va falloir fouiller pour comprendre pourquoi. On le sait qu’il y a une proportion de tourisme, mais que le nombre d’annonces soit aussi élevé nous a surpris», indique M. Dussault. L’hypothèse que plusieurs logements affichés sur Airbnb servent à loger des travailleurs temporaires est aussi envisagée.

L’exercice réalisé par le RCLALQ a permis de dénombrer 112 logements sur Airbnb dans le Haut-Richelieu, dont 82 étaient illégaux. Saint-Jean-sur-Richelieu est la municipalité qui en comptait le plus, soit 47, dont 41 illégaux. De son côté, Venise-en-Québec comptait un total de 28 annonces, dont 46,4% étaient illégales.

Le RLCALQ a également comptabilisé des logements affichés sur Airbnb à Noyan, à Henryville, à Saint-Paul-de-l’Île-aux-Noix, à Lacolle, à Mont-Saint-Grégoire et à Sainte-Anne-de-Sabrevois.

Le dénombrement a été réalisé avant qu’Airbnb ne décide de retirer les annonces illégales à la suite de la tragédie du Vieux-Montréal. Depuis, on y dénombre moins de logements à louer dans la région sur le site.

Revendications
En réalisant un tel rapport, le RCLALQ souhaitait montrer le rôle d’une plateforme comme Airbnb dans la crise du logement. «En le faisant en février plutôt que durant la saison estivale, on peut se dire que s’il y a des logements à louer, c’est probablement parce qu’ils le sont à l’année», croit Cédric Dussault.

Certaines de ces unités pourraient retourner sur le marché locatif dit normal, permettant ainsi d’offrir un plus grand choix aux locataires. Mais ça ne résorberait pas la question de l’accessibilité. «Pendant la pandémie, on a vu des logements retourner sur le marché de la location à long terme, mais les loyers étaient très élevés parce que les propriétaires étaient habitués de faire beaucoup d’argent avec la location sur Airbnb», note M. Dussault.

À certains endroits, la proportion du nombre de logements disponibles sur Airbnb est plus importante que le taux d’inoccupation. «Demain matin, si tous ces logements retournaient à la location de longue durée, on n’aurait plus de pénurie de logements», illustre Cédric Dussault.

Dans son rapport, le RCLALQ y va d’une demi-douzaine de revendications. Sa principale? Interdire la location de courte durée dans toutes les résidences, qu’elles soient principales ou secondaires.

Règlementation
Au Québec, les personnes qui font de la location de courte durée (31 jours ou moins) doivent s’enregistrer auprès de la Corporation de l’industrie touristique. Au-delà de 31 jours, aucun numéro d’enregistrement n’est requis.

En 2018, Saint-Jean-sur-Richelieu avait resserré son règlement d’urbanisme pour exercer un contrôle plus serré sur les locations de type Airbnb. Depuis le 25 mars, de nouvelles dispositions législatives provinciales rendent caducs les règlements municipaux encadrant l’exploitation d’un établissement d’hébergement.

«Ce type d’hébergement est donc désormais autorisé sur l’ensemble du territoire de la Ville, à la condition de respecter la définition d’établissement de résidence principale ainsi que les modalités gouvernementales prévues par la Loi sur l’hébergement touristique et le Règlement sur l’hébergement touristique», lit-on sur le site Web de la Ville de Saint-Jean-sur-Richelieu. Cette dernière modifiera son règlement afin d’assurer la concordance avec ces nouvelles dispositions.

Québec permet toutefois aux municipalités d’imposer une restriction dans certaines zones de leur territoire. Elles doivent cependant adopter une nouvelle règlementation qui devra être soumise à l’approbation référendaire.

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