Les ventes de vins du Québec en hausse de 18% en un an

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Par Stéphanie MacFarlane
Les ventes de vins du Québec en hausse de 18% en un an
Claude Rivard du vignoble le Mas des Patriotes, situé dans le secteur L'Acadie de Saint-Jean-sur-Richelieu (Photo : Le Canada Français - Jessyca Viens-Gaboriau)

Les vins du Québec ont la cote. En 2020, les ventes ont bondi de 18%, selon le Conseil des vins du Québec. Une tendance vécue ici dans le Haut-Richelieu. Et cette popularité ne semble pas s’essouffler, si bien que l’année 2021 s’annonce aussi dynamique. Une situation qui se reflète également dans les épiceries fines du territoire qui doivent jongler avec des difficultés d’approvisionnement.

Au vignoble le Mas des Patriotes, situé dans le secteur L’Acadie à Saint-Jean-sur-Richelieu, l’embouteillage du millésime 2020 s’effectuait lundi et mardi. Mais avant même que les 22 500 bouteilles soient remplies, les commandes allaient bon train. «J’ai déjà vendu 90% de ma production. Je dois garder du vin pour le vignoble. La demande dépasse l’offre. Je n’avais plus rien depuis le mois de novembre», lance France Cliche, propriétaire du vignoble le Mas des Patriotes, un sourire dans la voix.

Les bouteilles s’envolent aussi rapidement au Domaine Saint-Jacques, à Saint-Jacques-le-Mineur, qui a 23 hectares de vignes. «Tout part, c’est fou! C’est sûr qu’on n’est pas capables de fournir à la demande», relate le propriétaire Yvan Quirion. Il a embouteillé 130 000 bouteilles de son millésime 2020. «Je pourrais les avoir toutes prévendues», enchaîne-t-il.

Yvan Quirion, propriétaire du Domaine Saint-Jacques et administrateur du Conseil des vins du Québec.

Au Vignoble 1292, situé à Saint-Blaise-sur-Richelieu, on s’attend à ce que la production 2020 trouve rapidement preneur cette année. «On ne peut pas dire que tout est vendu actuellement, mais avec l’année 2020 que l’on a connue, c’est facile de penser que ça va s’écouler rapidement», souligne Julie Couture, l’une des copropriétaires. Entre 9000 et 10 000 bouteilles seront offertes sur le marché cette année.

Nouvelles vignes
Dans son Portrait du marché 2020, publié le 23 mars dernier, le Conseil des vins du Québec souligne qu’environ 2,3 millions de bouteilles de vin ont été produites l’an dernier dans la province. «En 2020, 42% des vignerons ont mentionné avoir vu leurs ventes de vin croître de 20% ou plus versus l’année précédente. Au total, le volume de ventes de vin a augmenté de 18% dans les vignobles», lit-on dans le document.

Un peu plus de la moitié des vignerons (54%) ont l’intention d’agrandir leur superficie de culture d’ici trois ans. Cette année, France Cliche plantera 7000 nouvelles vignes. Elle souhaite atteindre, d’ici trois à quatre ans, une production annuelle de 50 000 bouteilles.

Des plantations de vignes sont aussi prévues au Vignoble 1292. «On est un nouveau groupe d’actionnaires. On implante de nouvelles superficies. On plante un hectare par année depuis deux ans. Si la température le permet, on va planter un autre hectare cette année. On veut accroître la superficie pour répondre à la demande et rentabiliser», mentionne Julie Couture.

Épiceries fines
Ce qui ressort aussi du Portrait du marché 2020 du Conseil des vins du Québec, c’est l’apport des épiceries fines. Le volume des ventes y est passé de 10% en 2019 à 17% en 2020.

Signe que les vins du Québec ont la cote, une section leur est maintenant attribuée à l’épicerie Les petites Bonneville.

Des données qui se reflètent à l’épicerie Les petites Bonneville, située sur la rue Champlain. «Les vins du Québec est un secteur qui va très bien dans l’épicerie. Il prend de plus en plus de place. On lui a même attitré un espace avec les cidres», souligne la propriétaire Karine Bonneville.

Même constat chez Tite Frette, qui vend également des vins d’ici. «La majorité des produits sont back order. Quand je regarde les étagères, le choix des vins du Québec est limité. Les vins du Québec ont toujours été moins populaires que les vins importés. Là, les gens ont peut-être découvert qu’il se fait de très bons vins au Québec», indique Karl Magnone, le copropriétaire.

Yvan Quirion souligne que les épiceries fines sont des ambassadrices exceptionnelles des vins du Québec. De son côté, la SAQ a maintenu ses parts de marché stables à 35%, selon les données du Conseil des vins du Québec. M. Quirion observe un manque d’agilité de la part de la société d’État. «Si la SAQ ne sort pas des processus administratifs, d’ici cinq ans, il n’y aura plus de vins du Québec à la SAQ. Elle doit complètement changer son approche. Elle doit nous traiter comme une bonne mère de famille», illustre-t-il.

Auparavant, 75% des ventes du Domaine Saint-Jacques étaient réalisées à la SAQ. «Cette année, c’est moins de 50% et mon volume de production a augmenté», enchaîne Yvan Quirion, en disant qu’il se fait solliciter de tous bords par les épiceries fines et les grandes surfaces.

Éducation
En plus de la vague d’achat local, les consommateurs apprennent à connaître les vins du Québec. «Beaucoup de gens se réconcilient. Il y a aussi une éducation à faire pour que le client soit prêt à découvrir les vins québécois. Il faut les amener à comprendre le terroir et les vins, puis les amener à boire le vin dans les meilleures conditions», indique Karine Bonneville, qui est également sommelière.

Cet intérêt marqué pour les vins québécois amène avec lui certains défis d’approvisionnement et d’entreposage pour les épiciers. «On ne peut plus commander deux caisses aux deux ou trois semaines. On doit entreposer une plus grande quantité pour avoir une offre intéressante toute l’année. Ça devient un enjeu d’espace», poursuit Karine Bonneville.

Les vignobles limitent aussi les quantités par détaillant. «Ils n’ont pas le choix de restreindre. Je crois qu’on n’aura pas une énorme quantité cette année, mais on va prendre ce qui passe», enchaîne Karl Magnone.

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