Une évaluation du risque «déficiente» a contribué à la mort de la sergente Breau

La Presse Canadienne
Une évaluation du risque «déficiente» a contribué à la mort de la sergente Breau

MONTRÉAL — L’intervention qui a coûté la vie à la sergente de la Sûreté du Québec Maureen Breau dénote une évaluation du risque «déficiente», une planification «inadéquate» et une formation des policiers en matière d’emploi de la force «insuffisante», affirme la CNESST dans un rapport communiqué à la coroner Géhane Kamel.

Le 27 mars dernier, Maureen Breau et trois autres policiers se sont présentés à l’appartement d’Isaac Brouillard Lessard pour l’arrêter pour profération de menaces et rupture de probation.

L’homme de 35 ans a poignardé à mort Mme Breau et a grièvement blessé son partenaire, à son domicile de Louiseville, en Mauricie, et il a été abattu par la police quelques instants plus tard.

L’enquête de la coroner Géhane Kamel, qui s’est amorcée le 12 février au palais de justice de Trois-Rivières, vise à faire la lumière sur les circonstances entourant ces deux décès, et «d’identifier les facteurs contributifs et de formuler, le cas échéant, des recommandations pour mieux protéger la vie humaine».

La Commission des normes, de l’équité, de la santé et de la sécurité du travail (CNESST) a rendu publiques les conclusions de sa propre enquête, jeudi, disant avoir retenu cinq causes pour expliquer l’événement.

Ainsi, l’organisme relate que la policière, se dirigeant vers son collègue qui se fait attaquer par un citoyen armé d’un couteau, «se trouve à son tour prise pour cible et est poignardée au cou».

Le rapport souligne une évaluation du risque «déficiente» lors d’une arrestation planifiée. Cette évaluation est «laissée à la discrétion des policiers» et les expose à intervenir face à un individu dont le niveau de dangerosité aurait nécessité une stratégie d’intervention leur assurant une plus grande sécurité, soutient la CNESST.

Aussi, la planification de l’arrestation est «inadéquate», en ce que «plusieurs éléments des principes de défense et des principes tactiques lors d’une intervention policière ne sont pas respectés».

La CNESST expose ensuite que la formation des policiers en matière d’emploi de la force est «insuffisante», et que la supervision par l’employeur de ses policiers lors de l’évaluation du risque et de la planification de l’intervention est «inadéquate».

Dans un communiqué de presse, jeudi, la CNESST a indiqué avoir demandé à la SQ d’apporter des correctifs, et que l’employeur travaille actuellement à les mettre en place.

La famille de Brouillard Lessard témoigne

Le père de l’homme qui a tué la sergente Maureen Breau l’année dernière a dit qu’il aurait espéré que son fils soit arrêté et hospitalisé avant de pouvoir blesser quelqu’un.

Serge Brouillard a déclaré jeudi lors de l’enquête de la coroner qu’il s’attendait à ce qu’une plainte déposée à la police par un autre membre de la famille apportât à son fils l’aide dont il avait besoin.

M. Brouillard a décrit son fils comme un amoureux de la nature intelligent qui a joué au soccer de haut niveau dans sa jeunesse et qui était toujours prêt à aider les autres autour de lui.

Mais M. Brouillard affirme que son fils souffrait également d’une maladie mentale et que l’homme de 35 ans était passé entre les mailles du système de santé.

La coroner Géhane Kamel a répondu au père que, depuis le début de l’enquête, au moins six familles lui ont écrit pour lui dire qu’elles sympathisaient avec lui et qu’elles étaient aux prises avec une situation similaire.

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