Roberge accepte de reporter la réforme de la carte électorale

Caroline Plante, La Presse Canadienne
Roberge accepte de reporter la réforme de la carte électorale

QUÉBEC — Le ministre responsable des Institutions démocratiques, Jean-François Roberge, a accepté la demande des partis d’opposition pour reporter la réforme de la carte électorale.

Il en a fait l’annonce jeudi matin en compagnie des députés Monsef Derraji (Parti libéral du Québec), Sol Zanetti (Québec solidaire) et Pascal Bérubé (Parti québécois).

«C’est une mesure qui est exceptionnelle, mais qui est nécessaire, a déclaré M. Roberge. C’est essentiel que les régions du Québec comme la Gaspésie continuent d’être bien représentées à l’Assemblée nationale.»

Le gouvernement déposera prochainement un projet de loi afin de conserver la carte électorale actuelle pour l’élection de 2026.

Il lancera dans un deuxième temps une réflexion sur les critères devant être pris en compte pour établir la prochaine carte, qui ne sera en vigueur qu’en 2030.

«C’est le moment (…) de faire les choses correctement», s’est réjoui M. Derraji, qui avait été le premier à réclamer une pause dans la réforme de la carte électorale, à la lumière des changements proposés.

La loi prévoit une révision après deux élections générales, puisque les mouvements de population créent des inégalités de représentation.

Le projet de révision présenté l’automne dernier par la Commission de la représentation électorale (CRE) faisait notamment disparaître une circonscription en Gaspésie et une dans l’Est de Montréal.

Par contre, deux autres circonscriptions allaient voir le jour: Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, dans le Centre-du-Québec, et Bellefeuille, dans les Laurentides.

En février, plusieurs députés, tous partis confondus, avaient dénoncé ce projet de révision. Ils déploraient que la Gaspésie perdait peu à peu son poids politique, et que la taille de ses circonscriptions devenait démesurée.

«Quand on regarde la taille du territoire, il faut que ce soit un critère. On ne peut pas seulement dire: «On regarde le nombre d’électeurs»», a fait valoir le premier ministre François Legault, jeudi.

«En attendant, on s’est entendu avec les trois partis d’opposition pour protéger la place des régions.

«Il y a des inquiétudes en Abitibi-Témiscamingue, sur la Côte-Nord, au Saguenay-Lac-Saint-Jean de voir dans les prochaines années le nombre de comtés être réduit», a-t-il relaté.

La révision de la carte électorale est effectuée pour que le Québec soit divisé en 125 circonscriptions d’environ 51 000 électeurs qui ont, autant que possible, des caractéristiques communes.

Jeudi, le ministre Roberge n’a pas exclu de hausser le nombre de circonscriptions au Québec. «Je ne ferme la porte à absolument rien», a-t-il dit.

Les partis d’opposition demandent par ailleurs que les circonscriptions soient redécoupées non pas en fonction des électeurs, mais en fonction de la population en général, ce qui inclut les immigrants temporaires.

Mises en garde de la CRE

Les partis à l’Assemblée nationale ont donc choisi de procéder, malgré les mises en garde de la CRE.

Le 5 mars dernier, l’organisme avait déclaré vouloir poursuivre ses travaux, «alors que les critères prévus par la Loi électorale sont légitimes et démocratiques».

«Le processus de délimitation de la carte électorale doit être indépendant et impartial et une intervention politique à ce stade-ci pourrait compromettre ces principes», avait affirmé la porte-parole Julie St-Arnaud-Drolet.

«De plus, conserver la carte actuelle jusqu’en 2030 n’est pas une avenue acceptable aux yeux des commissaires, puisque d’importantes iniquités de représentation sont déjà présentes et ne feront que s’accentuer.»

Jeudi, la CRE a réagi à l’annonce de M. Roberge en réitérant être «préoccupée».

«La légitimité du processus de révision de la carte électorale doit reposer sur son indépendance et sur son impartialité», peut-on lire dans le communiqué qu’elle a publié en fin de journée.

«Les élus peuvent revoir les paramètres et les critères de délimitation, mais ce serait préférable de le faire à l’extérieur du processus de révision de la carte, qui est déjà en cours.

«Un arrêt des travaux compromettrait la représentation juste et équitable des électeurs pour les prochaines élections», ont déclaré les commissaires.

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