Nouvelle carte électorale: QS réclame 129 circonscriptions

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Nouvelle carte électorale: QS réclame 129 circonscriptions

QUÉBEC — Insatisfait de la carte électorale proposée pour 2026, Québec solidaire veut qu’on augmente de 125 à 129 le nombre de députés à l’Assemblée nationale, a appris La Presse Canadienne mardi.

La proposition de QS de modifier la loi électorale pour déplafonner le nombre de circonscriptions sera présentée au ministre responsable de la Réforme des institutions démocratiques, Jean-François Roberge, et aux autres partis d’opposition.

Le Parti québécois (PQ) avait aussi déjà proposé de hausser le nombre de circonscriptions en septembre, mais François Legault avait affirmé que pour l’instant, il n’était pas question d’augmenter le nombre d’élus.

Mardi, en commission parlementaire, le projet de nouvelle carte électorale a été dénoncé par tous les partis d’opposition et par des élus caquistes, même le ministre de la Justice et leader parlementaire du gouvernement, Simon Jolin-Barrette.

Le projet de révision présenté en septembre par la Commission de la représentation électorale fait notamment disparaître deux circonscriptions, en raison de la baisse du nombre d’électeurs: Bonaventure, fusionnée avec Gaspé, et dans l’Est de Montréal, Rosemont et Anjou-Louis-Riel deviendraient une seule circonscription, Rosemont-Louis-Riel.

Par contre, deux autres circonscriptions verraient le jour: Marie-Lacoste-Gérin-Lajoie, dans le Centre-du-Québec, et Bellefeuille, dans les Laurentides.

«Pour nous, c’est inacceptable» que la Gaspésie perde une autre circonscription alors qu’elle en avait perdu une en 2012 (Matapédia), a déploré le député QS de Jean-Lesage, Sol Zanetti, en entrevue avec La Presse Canadienne mardi en fin de journée.

Depuis 1989, la loi électorale prévoit que le nombre de circonscriptions est plafonné à 125 au Québec; or la population est passée de 7 millions à 9 millions d’habitants dans l’intervalle, a-t-il fait valoir. En fonction du plafonnement à 125, la commission doit donc redécouper, abolir ou créer des circonscriptions en fonction de critères stricts pour s’assurer de «l’égalité relative des électeurs».

«Ébranler des populations»

«Il serait légitime qu’on augmente le nombre de circonscriptions», a fait valoir M. Zanetti.

«La commission est prise dans un dilemme avec la démographie, elle ne peut ajouter des circonscriptions sans en retirer d’autres, ce qui ébranle les populations qui se disent: est-ce qu’on va encore perdre de la représentation? C’est ça qui m’inquiète. C’est le temps d’arrêter.»

Il a souligné que des discussions avaient déjà cours avec les autres formations politiques et qu’il avait bon espoir que le gouvernement caquiste soit ouvert. Gaspé et Bonaventure sont en effet représentées par deux élus caquistes. Anjou-Louis-Riel est aussi aux mains de la CAQ, mais Rosemont est détenue par QS.

En commission parlementaire, le député péquiste de Matane-Matapédia, Pascal Bérubé, a fait remarquer qu’avec tous les changements de délimitations des circonscriptions en Gaspésie, il devrait ainsi couvrir le territoire de quatre MRC s’il est réélu et que cela mettrait sa «sécurité en jeu sur les routes», sa santé même.

«De l’acharnement»

«Pourquoi l’Est du Québec? a demandé M. Bérubé. Pour plusieurs que j’ai rencontrés, ça ressemble un peu à de l’acharnement» contre cette région qui perd peu à peu son poids politique.

Il a revendiqué un statut d’exception en rappelant que la loi permet déjà des exceptions pour six circonscriptions, soit des écarts plus grands avec la moyenne du nombre d’électeurs par circonscription.

«Je trouve qu’on bafoue mes citoyens», a pour sa part dénoncé la députée caquiste de Mirabel, Sylvie D’Amours. Elle a signalé que le nombre d’électeurs était en hausse dans sa circonscription et qu’en 2028, il allait atteindre 58 000, par rapport à la moyenne québécoise de 52 000.

«Il faut que chaque vote ait le même poids partout sur le territoire. Le vote des électeurs de Mirabel devrait être aussi important que ceux des autres régions.»

Pour sa part, le ministre Simon Jolin-Barrette a argué que les électeurs des régions, où il y a des dizaines de municipalités sur un territoire vaste avec un bureau de député souvent loin, «ont le droit à une juste représentation», tout comme ceux de Montréal.

Les trois partis d’opposition, le Parti libéral (PLQ), Québec solidaire (QS) et le PQ, demandent en outre à la commission de ne pas seulement tenir compte du nombre d’électeurs dans ses critères, mais aussi de la population totale, c’est-à-dire notamment des immigrants qui n’ont pas encore le droit de vote, mais qui requièrent des services des élus.

Lors de la précédente refonte de la carte en 2016, le PLQ avait soutenu le même argument, selon quoi il fallait tenir compte de tous les nouveaux arrivants à Montréal en voie d’obtenir le droit de vote, mais la CAQ avait alors invoqué que cela irait l’encontre du principe de représentation effective de la loi électorale, c’est-à-dire des citoyens qui détiennent le droit de vote.

La commission doit s’assurer de «l’égalité relative des électeurs», pour que «chaque électeur puisse être représenté de façon juste et équitable à l’Assemblée nationale», a rappelé le président de la commission, Jean-François Blanchet, dans son allocution d’ouverture.

La révision de la carte est effectuée pour que le nombre d’électeurs dans une circonscription ne soit ni supérieur ni inférieur de plus de 25 % à un quotient d’une moyenne déterminée à 50 694 électeurs. Une seule exception: la circonscription des Îles-de-la-Madeleine, protégée dans la loi.

La loi prévoit toutefois par ailleurs que la commission peut s’écarter de la règle avec une décision motivée.

La commission détermine les limites des circonscriptions en se fondant sur «des considérations d’ordre démographique, géographique et sociologique, telles que la densité de la population, le taux relatif de croissance de la population, l’accessibilité, la superficie et la configuration de la région, les frontières naturelles du milieu ainsi que les limites des municipalités», prévoit le texte législatif.

Le PQ propose aussi d’augmenter le nombre de circonscriptions, fixé dans la loi entre un minimum de 122 et un maximum de 125.

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