Rapport de HEC Montréal: le Québec reste loin des cibles environnementales de 2030

Jean-Philippe Denoncourt, La Presse Canadienne
Rapport de HEC Montréal: le Québec reste loin des cibles environnementales de 2030

MONTRÉAL — Des données publiées jeudi illustrent un écart qui reste considérable entre les habitudes de consommation d’énergie des Québécois et les cibles environnementales de 2030, notamment en matière d’atténuation des gaz à effet de serre.

Le rapport intitulé l’État de l’énergie au Québec 2024, dévoilé par la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal, signale par exemple que les ventes de produits pétroliers ont augmenté de 7 % de 2021 à 2022 alors qu’on vise d’ici six ans une réduction de 40 % de la consommation de produits pétroliers.

Le rapport signale que la part des ventes de véhicules utilitaires sport (VUS) et d’autres camions à essence, qui sont généralement plus énergivores que les automobiles, est passée au Québec de 24 % en 1990 à 70 % en 2022.

Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire, affirme que les tendances relatives à la consommation d’énergie devront changer pour permettre au Québec d’atteindre les cibles de 2030, notamment en matière d’atténuation des gaz à effet de serre. Il a observé que les tendances lourdes ont peu évolué dans le secteur de l’énergie, notamment parce que depuis 2014, le parc automobile a continué d’augmenter plus vite que la population, sauf en 2022 où un ralentissement de la croissance a été observée. 

La moyenne québécoise est passée de 543 véhicules par 1000 habitants en 2010 à 580 en 2021. En revanche, les ventes annuelles de carburant par habitant ont diminué au Québec: de 1083 litres en 2010 à 956 litres en 2022. Elles ont cependant augmenté dans quatre régions, celles de la Mauricie, de l’Estrie, du Nord-du-Québec et de la Gaspésie.

Par ailleurs, la performance énergétique des industries demeure inchangée et la consommation énergétique par habitant demeure au Québec l’une des plus élevées au monde.

Pierre-Olivier Pineau est convaincu que pour réussir la transition, il faudra en priorité que les Québécois réduisent leur consommation énergétique afin de mieux absorber les coûts des énergies émergentes et de l’électrification. À son avis, un plus grand recours à l’écofiscalité et à l’économie circulaire, ainsi qu’à des normes d’efficacité, est nécessaire. 

Le rapport de HEC Montréal signale qu’au Québec, près de 60 % de l’énergie consommée par le secteur industriel est perdue. Il n’y a qu’environ 26 certifications de la norme internationale de système de gestion de l’énergie à l’échelle du Canada, dont environ cinq au Québec, comparativement à 5523 en Allemagne, dit le rapport.

D’autre part, HEC Montréal a observé qu’il n’existe actuellement aucun recensement officiel et public, tant fédéral que provincial, de l’ensemble des projets des nouvelles filières énergétiques.

L’année dernière, l’hydrogène représentait moins de 1 % du bilan énergétique québécois, dont au moins 91 % étaient faits à partir d’hydrocarbures et seulement 2 % à partir d’électricité renouvelable, ce qu’on appelle l’hydrogène vert.

Enfin, le rapporte confirme que les besoins en électricité sont importants, en puissance et en énergie. Hydro-Québec et les producteurs privés ont généré en 2022 quelque 216 térawatt-heure (TWh) et Hydro-Québec envisage que 40 TWh de plus, ou 18 %, seront nécessaires d’ici 2035, malgré des économies d’énergie prévues de 21 TWh.

D’autre part, aux 46 000 mégawatts (MW) de puissance installée au Québec, Hydro-Québec estime qu’il faudra ajouter environ 15 000 MW, ou 33 %, tout en réussissant à éviter de consommer 3500 MW aux heures de pointe en 2035.

Les auteurs de l’État de l’énergie au Québec 2024 ont aussi observé qu’il y a cinq ans, les ménages qui avaient des revenus annuels de plus de 150 000 $ ont consommé en moyenne plus de 25 000 kWh, alors que ceux gagnant moins de 40 000 $ n’ont consommé que 13 000 kWh. Ce sont donc ces ménages mieux nantis qui ont profité le plus de l’interfinancement des clients résidentiels, c’est-à-dire la portion des coûts assumée par les clients industriels et commerciaux.

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