Québec déploie des mesures pour éviter les hospitalisations en psychiatrie

Ugo Giguère, La Presse Canadienne
Québec déploie des mesures pour éviter les hospitalisations en psychiatrie

MONTRÉAL — Dans le but d’éviter des expériences qui peuvent parfois être traumatisantes pour certains patients dont l’état n’exige pas un séjour en hôpital psychiatrique, Québec annonce le déploiement de mesures visant à prévenir et éviter ces hospitalisations.

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, était de passage, lundi, à l’Institut universitaire en santé mentale Douglas, à Montréal, afin d’annoncer la mise en place des «trois actions de l’axe six du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026».

L’axe six du plan porte sur la prévention et les options permettant d’éviter les hospitalisations en psychiatrie. On souligne dans le document que pour plusieurs patients, il s’agit d’«une expérience négative, stigmatisante et freinant, si elle se prolonge dans le temps, leur autodétermination, leur autonomie et leur processus de rétablissement».

On propose donc des voies parallèles décrites comme «prometteuses», permettant de prévenir ou de réduire la durée de l’hospitalisation.

«Plus on peut les suivre dans leur milieu de vie, mieux c’est, a soutenu le ministre Carmant. C’est le virage que notre gouvernement veut prendre.»

La première des trois mesures présentées dans le plan d’action porte sur la création d’équipes spécialisées d’intervention rapide et de relais en santé mentale dans la communauté. Ces équipes ont le mandat d’accueillir et d’accompagner les patients qui vivent un épisode de crise et qui obtiennent ensuite leur congé de l’urgence.

«Ce qu’on veut, c’est vraiment que l’accueil à l’urgence, en santé mentale, soit spécifique à la santé mentale, a expliqué le ministre. Avec un accueil spécifique, une évaluation qui n’est pas nécessairement faite par l’urgentologue, mais par une équipe dédiée – et avec un suivi dans la communauté –, on s’assure d’une meilleure fluidité et on évite les bris de service.»

Lionel Carmant souhaite que cette approche soit implantée partout au Québec d’ici 18 mois.

La deuxième proposition concerne la mise en œuvre de «projets vitrines d’unités d’intervention brève en psychiatrie (UIBP)». Il s’agit d’accueillir des patients pour de très courts séjours en cas d’épisode de crise. Plus précisément, l’Institut Douglas dispose de 12 lits réservés à la prise en charge de patients pour une durée de 48 à 72 heures «afin de résorber la crise et de favoriser un retour à domicile», précise-t-on.

Faisant écho aux propos du ministre, le directeur des programmes santé mentale et dépendances au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, Amine Saadi, a parlé d’une philosophie d’intervention dans l’environnement du patient.

«Le plus tôt qu’il revient dans son milieu social naturel, le mieux c’est pour son processus de rétablissement», a-t-il réitéré.

«D’autre part, c’est sûr que ça met moins de pression sur nos urgences, sur nos unités de soins, et on peut avoir aussi des congés précoces vers l’hospitalisation à domicile», a poursuivi M. Saadi.

C’est d’ailleurs exactement ce que propose la troisième mesure, soit d’offrir un «traitement intensif bref à domicile (TIBD)» avec la contribution de l’entourage du patient. On assure que le patient reçoit tous les mêmes services, mais chez lui.

Depuis le mois dernier, l’Institut Douglas offre l’ensemble de ces options aux divers patients dont l’état le permet. Pour le moment, on s’adresse aux personnes avec un trouble de l’humeur, un trouble anxieux ou un trouble psychotique.

En plus du CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal, dont fait partie l’institut, le CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal est le seul autre territoire à offrir l’ensemble de ces services.

Cinq autres régions ont commencé à déployer les trois mesures à leur rythme. Il s’agit du CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal, du CIUSSS de la Capitale-Nationale, du CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec, du CISSS de Laval et du CISSS de l’Outaouais.

Le contenu en santé de La Presse Canadienne obtient du financement grâce à un partenariat avec l’Association médicale canadienne. La Presse Canadienne est l’unique responsable des choix éditoriaux.

Note aux lecteurs: Ceci est une version corrigée d’une dépêche transmise lundi. Dans la version précédente, La Presse Canadienne présentait le directeur des programmes santé mentale et dépendances au CIUSSS de l’Ouest-de-l’Île-de-Montréal comme étant le «Dr» Amine Saadi, or, il n’est pas médecin.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires