Hausse de la demande de plasma: Héma-Québec ouvrira un nouveau centre à Drummondville

Katrine Desautels, La Presse Canadienne
Hausse de la demande de plasma: Héma-Québec ouvrira un nouveau centre à Drummondville

MONTRÉAL — Héma-Québec a annoncé mardi matin l’ouverture prochaine d’un nouveau centre à Drummondville dédié exclusivement aux dons de plasma, alors que la demande pour ce produit du sang ne cesse de croître. 

Le centre qui accueillera à terme huit chaises de prélèvement devrait ouvrir ses portes au début de 2025. Il s’agit du 12e centre de dons de plasma dans la province et le seul dans la région du Centre-du-Québec. 

L’objectif d’Héma-Québec est de récolter 12 500 dons de plasma par année. Le plasma est la partie liquide du sang. De couleur dorée, il est riche en protéines qui sont à la base de plusieurs médicaments spécialisés indispensables pour des milliers de personnes. 

«Le plasma est transformé en médicaments qui sont administrés à des gens qui ont des maladies orphelines ou des maladies rares», a déclaré Josée Larivée, porte-parole chez Héma-Québec. 

Alors qu’un homme peut donner du sang à intervalles de 56 jours, et 84 jours pour une femme, il est possible de faire des dons de plasma tous les 6 jours seulement.

Les plaquettes (si la personne n’en fait pas don) et les globules rouges sont redonnés au patient, ce qui fait en sorte que la population peut redonner plus fréquemment. 

Héma-Québec conduit des collectes mobiles pour le don de sang, avec un objectif de récolter 1000 dons de sang chaque jour pour répondre à la demande. Toutefois, pour collecter le plasma, un équipement différent est nécessaire, d’où l’implantation de centres avec pignon sur rue. 

Les immunoglobulines sont le principal médicament fabriqué avec le plasma, a indiqué en entrevue le Dr Marc Germain, vice-président aux affaires médicales et à l’innovation chez Héma-Québec. 

«Les immunoglobulines sont une soupe d’anticorps qu’on a en circulation de façon naturelle ou qu’on a développés après avoir rencontré des agents infectieux. Ces anticorps sont présents dans le plasma, explique-t-il. Et par des procédés industriels très avancés, on est capable d’extraire les immunoglobulines dans le plasma.»

Les patients immunosupprimés sont particulièrement dépendants des médicaments d’immunoglobuline. «Ces gens n’ont pas ou très peu d’anticorps en circulation, alors ils sont susceptibles de faire toute une série d’infections», a précisé Dr Germain. 

Il a fait savoir que certains patients auront besoin d’immunoglobuline toute leur vie en raison d’un problème génétique. Dans d’autres cas, les patients vont perdre la capacité de faire des anticorps en raison d’un traitement. 

«Il y a une catégorie de patients qui ont besoin de ces produits pour survivre et d’autres qui en ont besoin pour avoir une qualité de vie acceptable», a déclaré Dr Germain. Entre autres, dit-il, il y a des personnes qui sans immunoglobuline feraient des infections à répétition nécessitant souvent des hospitalisations.

Selon Héma-Québec, une cinquantaine de médicaments spécialisés fabriqués avec le plasma sont distribués à travers la province. 

«Il y a d’autres pathologies qui peuvent être traitées avec les immunoglobulines, en particulier toute une série de maladies auto-immunitaires», a indiqué Dr Germain. 

Pour ces maladies, l’organisme produit des anticorps qui s’attaquent à l’organisme lui-même ou à certains organes, a expliqué le médecin. En donnant des immunoglobulines, ça diminue les symptômes de la maladie. 

Héma-Québec est responsable des stratégies d’approvisionnement, de l’achat de produits fabriqués principalement à partir de plasma, en plus de la gestion de la réserve et de la distribution de produits sanguins aux centres hospitaliers.

L’organisme a pour objectif d’atteindre 42 % d’autosuffisance en immunoglobulines intraveineuses d’ici 2027. Pour l’instant, il atteint 31 % d’autosuffisance pour ce produit.  

Lorsque le plasma ne provient pas de donneurs québécois, le reste des besoins sont comblés par des dons provenant de l’extérieur de la province, principalement du marché américain. «Aux États-Unis, il y a une grosse industrie de prélèvement de plasma et les donneurs sont rémunérés», a fait savoir Dr Germain. 

D’un point de vue médical, le plasma américain est tout aussi efficace que celui prélevé de donneurs québécois. «L’avantage est principalement de s’assurer qu’on n’est pas à la merci des fluctuations du marché, a fait valoir Dr Germain. Jusqu’à présent, on a été relativement chanceux, quoique durant la pandémie, il y a eu un bon resserrent de l’offre des immunoglobulines sur le marché international (puisque) les donneurs de plasma ont changé leur habitude de dons, ce qui a causé une relative pénurie d’immunoglobuline.» 

Le Québec a «resserré l’offre d’immunoglobuline» durant cette période. Plus d’autonomie permettra de se protéger contre les fluctuations de l’offre sur le marché international. 

Héma-Québec souligne que l’autosuffisance constitue un défi majeur pour maintenir un équilibre entre la demande croissante et les dons.

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