Poilievre couperait une «aide étrangère inutile» et prioriserait la défense du Canada

La Presse Canadienne
Poilievre couperait une «aide étrangère inutile» et prioriserait la défense du Canada

POINTE-CLAIRE, Qc — Le chef conservateur Pierre Poilievre s’est engagé à ce qu’un futur gouvernement élimine ce qu’il appelle «une aide étrangère inutile» et ne permette pas que les fonds soient versés aux «dictateurs, aux terroristes et aux bureaucraties multinationales».

Il a fait ces commentaires jeudi en réponse à une question sur sa position sur les objectifs de dépenses militaires de l’OTAN, alors que les ministres de l’alliance militaire se réunissent à Bruxelles.

M. Poilievre donne cette semaine un premier aperçu de ses réflexions sur les dépenses de défense, alors qu’il continue de concentrer ses messages sur les enjeux du coût de la vie – et que les sondages d’opinion publique montrent que les libéraux du premier ministre Justin Trudeau sont à la traîne des conservateurs.

Le bureau du chef conservateur affirme qu’un futur gouvernement Poilievre «s’efforcera de respecter l’engagement du Canada en matière de dépenses auprès de l’OTAN» de 2 % de son PIB, alors qu’Ottawa continue d’être bien en deçà de l’objectif.

L’année dernière, les dépenses de défense du Canada représentaient un peu moins de 1,3 % de son PIB.

L’ancien président américain Donald Trump a déclaré lors d’un récent rassemblement pour sa réélection qu’il encouragerait la Russie à «faire ce qu’elle veut» à tout membre de l’OTAN qui se soustrait à ses engagements en matière de dépenses.

Réorienter l’aide étrangère vers l’armée canadienne

Le plan de défense nationale de M. Trudeau dépend de la protection du Canada par les États-Unis, a déclaré M. Poilievre lors d’une conférence de presse jeudi à Pointe-Claire, sur l’île de Montréal.

«Justin Trudeau veut dépendre sur les Américains, sur Joe Biden ou bien Donald Trump pour défendre le Canada. Moi, je veux que le Canada ait la force pour se défendre et la souveraineté pour prendre ses propres décisions», a déclaré M. Poilievre.

Il a affirmé qu’il réorienterait les sommes de l’aide étrangère vers les Forces armées canadiennes.

Le bureau de M. Poilievre n’a pas immédiatement précisé quels pays ou programmes verraient son financement être coupé.

Le ministre du Développement international, Ahmed Hussen, a déclaré que la proposition de M. Poilievre entraînerait «une diminution de l’influence du Canada sur la scène mondiale».

«C’est un choc pour moi et pour notre gouvernement, a-t-il affirmé jeudi. Cela signifiera une réduction du soutien aux personnes les plus vulnérables dans le monde.»

Le mois dernier, M. Poilievre s’est engagé à cesser définitivement de financer une agence des Nations unies qui soutient les Palestiniens, alors que certains de ses employés auraient joué un rôle dans l’attaque sanglante du 7 octobre contre Israël.

Après que ces allégations ont été révélées, les libéraux fédéraux ont annoncé qu’ils suspendraient le financement de l’Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine dans le Proche-Orient, connu sous le nom d’UNRWA.

L’ancien gouvernement conservateur de Stephen Harper a mis fin au financement de l’agence en 2010, et les libéraux l’ont rétabli en 2016 après leur arrivée au pouvoir. En 2010, M. Harper a annoncé que son gouvernement gèlerait l’aide étrangère pendant cinq ans afin d’équilibrer le budget. Les réductions de dépenses sont intervenues deux ans plus tard.

M. Poilievre s’est aussi engagé à se retirer de la Banque asiatique d’investissement dans les infrastructures et à mettre fin à la Banque d’infrastructure du Canada.

Il a promis jeudi de trouver davantage d’argent pour les dépenses de défense en ciblant la bureaucratie et les sous-traitants de la défense.

Le ministère de la Défense nationale dispose d’un budget d’environ 26,5 milliards $ pour l’exercice en cours. Ce montant devrait atteindre près de 40 milliards $ d’ici 2026-2027.

Des engagements de dépenses à long terme

La majeure partie du budget des prochaines années est consacrée à des engagements de dépenses à long terme – par exemple, l’achat de 88 avions de combat F-35.

Le plus récent budget fédéral a annoncé son intention de réaliser des économies de plus de 15 milliards $ sur cinq ans en réduisant les services de consultation, les services professionnels et les déplacements de 15 % et les dépenses ministérielles de 3 %.

«Le monde est plus complexe, plus difficile et a un impact sur la vie quotidienne des gens d’une manière qui était difficile à imaginer il y a à peine dix ans», a déclaré M. Trudeau jeudi, interrogé sur les commentaires de M. Trump sur l’OTAN.

«Le Canada défendra, comme cela est cohérent, ses intérêts et ses valeurs, mais permettra au processus démocratique de se dérouler pleinement aux États-Unis sans notre ingérence.»

En ce qui concerne les affaires étrangères en général, M. Poilievre a déclaré lors d’une table ronde organisée à Brampton la semaine dernière qu’il se concentrerait sur la défense des intérêts du Canada.

«Je veux une politique étrangère qui défend ce pays, ce pays seul, a-t-il déclaré. Nos propres intérêts sont primordiaux, d’abord et avant tout et c’est ce que nous allons restaurer.»

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