La ministre du Patrimoine canadien s’en prend aux conservateurs

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
La ministre du Patrimoine canadien s’en prend aux conservateurs

MONTRÉAL — Invitée par le Conseil des relations internationales de Montréal (CORIM), la ministre du Patrimoine canadien, Pascale St-Onge, a livré mercredi un plaidoyer en faveur de la protection de la culture et du journalisme, tout en s’en prenant à plusieurs reprises au Parti conservateur du Canada (PCC).

Les plateformes numériques sont «des entreprises d’une grande puissance, avec énormément de moyens et qui sont capables d’influencer les débats avec beaucoup d’efficacité», mais malgré ces faits, la ministre St-Onge juge qu’il est plus simple de négocier avec ces géants qu’avec le Parti conservateur de Pierre Poilievre.

«Prenez l’exemple de Google, c’est une entreprise qui a quand même participé à la discussion, avec qui il a été possible de conclure une entente et qui va être bénéfique pour l’ensemble du secteur médiatique, ici au Canada. Malheureusement, du côté des conservateurs, ils se sont opposés systématiquement à toutes les étapes de la loi», a indiqué la ministre lors d’une mêlée de presse, en dénonçant «que Pierre Poilievre a déjà promis qu’il allait reculer sur les avancées qu’on a faites avec la Loi sur les nouvelles en ligne et celle sur la diffusion continue en ligne».

Devant un parterre de centaines de convives de l’industrie culturelle et médiatique invités par le CORIM, la ministre a critiqué «les politiciens qui travaillent activement à décrédibiliser les médias et le journalisme en général».

Instrumentaliser une crise

Selon Pascale St-Onge, les conservateurs profitent de l’affaiblissement des médias et de l’industrie culturelle canadienne.

«Malheureusement, ce qu’on constate, c’est qu’avec l’affaiblissement du secteur journalistique et avec la façon dont Pierre Poilievre lui-même s’en prend aux journalistes pour faire peur à la population en disant que les médias au Canada sont achetés par le gouvernement comme si on était la Corée du Nord», c’est l’équivalent «d’instrumentaliser une crise que traverse tout un secteur».

Cette crise, a rappelé la ministre, se produit «non pas parce qu’il n’y a plus de nécessité d’avoir du journalisme, mais plutôt parce qu’il y a des technologies qui ont complètement bouleversé l’univers médiatique».

Aux gens réunis dans un hôtel du centre-ville de Montréal, Pascale St-Onge a demandé: «Quel type de politicien tire avantage du fait que le journalisme professionnel soit affaibli et que l’imputabilité qui en découle soit mise à mal?»

Elle a rappelé que le Parti conservateur du Canada s’est opposé à la loi C-18 qui vise à forcer les géants du numérique à conclure des ententes d’indemnisation avec les médias d’information pour le partage de leur contenu et aussi à C11, qui vise à assurer la visibilité de contenu canadien sur le marché des géants de la diffusion en ligne tels que YouTube, Netflix et Spotify.

Coopérer entre États et entre partis politiques

La «coopération entre les États est super importante», a indiqué la ministre, afin de s’assurer que les grandes plateformes étrangères  fassent la promotion des contenus locaux, culturels et journalistiques.

«Il faut, chacun dans nos juridictions, passer de nouvelles lois, des législations, des réglementations qui seraient dans l’idéal les plus complémentaires et les plus cohérentes possible.»

Pascale St-Onge a mentionné avoir discuté récemment avec «ses homologues de l’Australie qui traversent une période difficile» de négociations avec Meta et Google.

Mais contrairement à nous, a-t-elle expliqué, «ils ont l’avantage d’avoir un consensus en Australie», car malgré «un changement de gouvernement, le nouveau gouvernement veut continuer d’aller dans le même sens que le gouvernement précédent».

Elle «trouve déplorable qu’au Canada», il n’y ait pas de consensus semblable, car «un seul parti à Ottawa est contre la législation et l’encadrement des géants du web».

Questionné à savoir si elle garde espoir que Meta, propriétaire de Facebook, diffuse à nouveau du contenu journalistique canadien, la ministre du Patrimoine canadien a répondu que «la bataille n’est pas terminée», en rappelant que «la Loi sur les nouvelles en ligne a été adoptée, mais que sa mise en œuvre est en cours».

La ministre a précisé «qu’une décision est attendue du Bureau de la concurrence sur la position dominante de Facebook dans le secteur» et qu’ensuite, «le CRTC va devoir déterminer si la loi s’applique» au géant américain.

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