Liberté de presse: une commissaire enquête sur la police de Vancouver

Chuck Chiang, La Presse Canadienne
Liberté de presse: une commissaire enquête sur la police de Vancouver

VANCOUVER — La commissaire aux droits de la personne de la Colombie-Britannique a lancé une enquête sur les restrictions imposées par la police aux médias couvrant le démantèlement d’un camp de personnes en situation d’itinérance dans le quartier Downtown Eastside, à Vancouver, au mois d’avril.

Kasari Govender a déclaré mardi dans un communiqué de presse que les informations selon lesquelles la police de Vancouver aurait refusé l’accès à certains journalistes sur les lieux «soulèvent de sérieux signaux d’alarme et méritent une enquête». 

Mme Govender a indiqué qu’il était crucial que les médias soient en mesure de recueillir des informations sur d’éventuelles violations des droits de la personne lorsque la police mène des opérations au cours desquelles elle peut entrer en contact avec des personnes marginalisées.

«Le public de la Colombie-Britannique compte sur les médias pour rassembler et publier des informations, y compris sur d’éventuelles violations des droits de la personne, a fait valoir Mme Govender dans un communiqué. La presse joue un rôle clé dans notre démocratie et dans la protection des droits de la personne.»

Mme Govender a déclaré qu’il y avait «plusieurs rapports» selon lesquels des journalistes n’avaient pas accès à certaines parties du Downtown Eastside, où la police et les équipes municipales démontaient les tentes et jetaient les affaires des campeurs.

Les journalistes de La Presse Canadienne couvrant l’événement en avril se sont d’abord vu refuser l’accès à une partie de la rue East Hasting, où le retrait des tentes a été effectué derrière des barricades de circulation et où les agents avaient sécurisé le site.

Les journalistes ont finalement été autorisés à entrer après qu’un journaliste a contesté le refus d’accès et signalé le problème à un superviseur de la police qui se trouvait sur place.

Une lettre envoyée par le commissaire aux plaintes contre la police de la Colombie-Britannique, Clayton Pecknold, à la direction de la police de Vancouver, indique qu’une plainte reçue en avril indiquait que «le fait d’empêcher les journalistes d’entrer sur le site … constituait une atteinte à la liberté journalistique et à la liberté de la presse».

La police de Vancouver se défend

Lors d’une réunion de la direction de la police de Vancouver le 23 novembre, qui a été enregistrée sur vidéo, le surintendant de la police de Vancouver, Don Chapman a déclaré qu’«aucune zone d’exclusion n’a jamais été mise en place».

M. Chapman a qualifié la zone derrière les barrières de «zone de sécurité» servant à des fins de sécurité publique, alors que plusieurs activités se déroulaient dans le quartier.

«Comme vous l’avez peut-être vu à la télévision, il y avait de nombreux gros véhicules – des camions à ordures, des camions de déménagement – qui allaient et venaient, a affirmé M. Chapman. Il y avait une manifestation active à ce moment-là. Ainsi, toute zone… où les médias n’avaient pas un accès illimité l’était uniquement pour des raisons de sécurité.»

M. Chapman a également soutenu que la police n’avait installé aucune barrière visuelle pour empêcher les gens de voir le processus de retrait des tentes. Il a soutenu lors de la réunion qu’il n’avait jamais eu l’intention d’empêcher les gens de voir ce qui se passait.

Le maire de Vancouver, Ken Sim, avait déclaré à l’époque que le retrait des tentes avait été ordonné en raison des avertissements de la police et des pompiers concernant l’augmentation de la criminalité et des risques d’incendie.

À son apogée, il y avait environ 180 tentes et d’autres structures le long de la rue East Hastings.

La police de Vancouver n’a pas répondu à une demande de commentaires sur l’enquête de la commissaire.

M. Sim a dit dans un communiqué que le travail de Mme Govender visant à garantir les droits des communautés marginalisées et à défendre la liberté de la presse est «d’une importance cruciale pour notre société, et nous nous conformerons à l’enquête de la commissaire».

La déclaration de Mme Govender indique que le rejet de la plainte par la direction de la police était spécifique à l’utilisation des zones d’exclusion des médias, et que son enquête «examinera la question de manière plus large».

«Cette affaire met en évidence un manque de transparence sur ce qui s’est passé en avril 2023 et soulève des questions sur la source du pouvoir policier de restreindre l’accès aux médias en Colombie-Britannique, et sur l’effet que cette restriction ou cette exclusion pourrait avoir sur les droits de l’homme», peut-on lire dans un communiqué publié sur le site web de l’enquête. 

«Mettre en lumière ces questions aidera la commissaire à déterminer où des recommandations peuvent être faites pour prévenir les violations des droits de la personne et maximiser la liberté de presse pour recueillir en toute sécurité les informations nécessaires.»

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