L’entente de principe sera soumise aux 420 000 membres du front commun

Mathieu Paquette, La Presse Canadienne
L’entente de principe sera soumise aux 420 000 membres du front commun

MONTRÉAL — Après des mois marqués par des grèves, des manifestations, des offres et des contre-offres, la parole est maintenant aux travailleurs: les 420 000 syndiqués qui font partie du front commun du secteur public seront appelés à se prononcer sur une entente de principe dans les prochaines semaines.

Lors d’une conférence de presse tenue dimanche à Montréal, le front commun a confirmé qu’au terme des rencontres qui ont eu lieu au sein de ses instances intermédiaires dans les derniers jours, l’hypothèse de règlement conclue à la fin décembre avec le Conseil du trésor constitue une entente de principe qui sera présentée à ses membres.

Les assemblées de consultation se tiendront du 15 janvier au 19 février. C’est lors de ces assemblées que les travailleurs prendront connaissance de ce qui leur est proposé, incluant l’entente de principe conclue à la table centrale, où étaient discutés les enjeux salariaux, et celle de la table sectorielle, où étaient abordés les sujets propres à chaque corps d’emploi.

Devant les journalistes, les porte-parole des quatre centrales qui forment le front commun, à savoir la CSQ, l’APTS, la CSN et la FTQ, ont plaidé que l’entente intervenue avec Québec mérite d’être présentée aux syndiqués, contrairement aux offres précédentes du gouvernement.

«Maintenant, la parole est à nos membres», a lancé le premier vice-président de la CSN, François Enault, rappelant que ce sont eux qui décideront si cette entente de principe est satisfaisante à leur avis.

«C’est nos membres qui vont décider. Je peux qualifier la mobilisation d’historique, je peux qualifier nos grèves d’historiques, maintenant, c’est à nos membres de qualifier cette mobilisation-ci.»

De son côté, la présidente de la FTQ, Magali Picard, a clairement indiqué que l’entente de principe sera «recommandée» aux membres de la FTQ.

«Lorsqu’on prend le temps d’analyser tout ça, c’est une offre qu’on est très à l’aise de présenter chez nous», a-t-elle souligné.

À l’APTS, on a été convaincu en regardant les résultats qui ont été obtenus par rapport aux demandes initiales.

«On a constaté qu’on a fait des avancées majeures dans tous les thèmes et qu’on a eu des gains dans tous les thèmes», a salué son président, Robert Comeau.

La présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, a fait valoir dans une déclaration transmise par courriel que «si ces ententes sont entérinées par les membres des syndicats, on améliorerait l’environnement de travail tout en favorisant l’accès à des services de qualité dans nos hôpitaux et nos écoles. Ce sont des ententes qui bénéficieraient à la fois aux élèves, aux patients et aux travailleurs des réseaux». 

Mme LeBel a indiqué qu’elle ne fera pas d’autres commentaires sur le sujet avant que les membres des syndicats ne se soient prononcés sur cette entente, «par respect pour le processus».

Au moins 17,4 % sur cinq ans pour tous

L’entente de principe qui sera soumise aux membres prévoit des augmentations de salaire de 17,4 % sur cinq ans, soit 6 % la première année, 2,8 % la deuxième, 2,6 % la troisième, 2,5 % la quatrième et 3,5 % la cinquième.

Cependant, si l’inflation est au-delà de ce qui leur est octroyé, les travailleurs auront doit à jusqu’à 1 % de plus pour chacune des trois dernières années de la convention collective. Le syndicat présente cette disposition comme étant une «protection du pouvoir d’achat».

L’offre contient aussi l’acquisition du droit à une cinquième semaine de vacances à partir de 15 ans d’ancienneté, des améliorations au régime de retraite et aux droits parentaux, ainsi que la bonification, de 10% à 15 %, de la prime d’attraction et de rétention pour les ouvriers spécialisés, entre autres.

Les psychologues de tous les réseaux auront aussi droit à une augmentation salariale supplémentaire de 10 %.

«Il n’y a aucun recul à la table centrale», a soutenu le président de la CSQ, Éric Gingras.

«Est-ce que tout est parfait? La réponse c’est non et tout le monde le sait. Par contre, on s’était toujours dit, depuis le début, qu’il fallait améliorer les conditions de travail pour garder notre monde, puis attirer. Là-dedans, dans tout ce qui sera présenté sectoriel/intersectoriel, il y a de ça», a-t-il ajouté.

Questionné à savoir si le souhait d’en venir à une entente avant la fin de 2023 — qui avait été exprimé tant par les syndicats que par le gouvernement — avait poussé le front commun à accepter une entente pendant les Fêtes pour ne pas décevoir ses membres, M. Gingras a été catégorique.

«On a toujours dit que ce n’était pas à n’importe quel prix», a-t-il martelé.

La fin des grèves?

L’arrivée de cette entente de principe met fin à la menace de grève illimitée qui planait pour le mois de janvier. Le front commun a débrayé durant 11 jours en novembre et décembre et a promis de déclencher une grève illimitée ce mois-ci faute d’une entente.

D’ici au 19 février, les différents syndicats se réuniront pour entériner ou rejeter l’entente de principe. Par la suite, certains syndicats pourraient décider de se doter d’un nouveau mandat de grève, mais les porte-parole du front commun ont convenu qu’il serait surprenant de voir leurs quatre centrales débrayer à nouveau en bloc à court terme.

«Je pense que c’est sage de dire que ce serait peu probable», a mentionné Mme Picard.

M. Enault a ajouté qu’à la CSN, l’ensemble des fédérations qui se sont penchées sur l’hypothèse de règlement l’ont approuvée à 90 % en moyenne.

«Je vous dirais que ça augure bien pour la suite», a-t-il avancé.

Ailleurs dans le secteur public, la Fédération autonome de l’enseignement a mis fin à sa grève illimitée amorcée le 23 novembre lorsqu’elle a conclu sa propre entente de principe avec le gouvernement, le 28 décembre.

Le plus grand inconnu à ce point-ci des négociations demeure la Fédération interprofessionnelle de la santé. Toujours sans entente de principe, elle mène actuellement une pause médiatique pour se concentrer sur les négociations, qui se font en présence d’un conciliateur, et a promis de ne faire aucun commentaire public sur les pourparlers d’ici au 15 janvier.

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