Le prix du carbone est passé vendredi à 50 $ la tonne dans les provinces visées

Mia Rabson et Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Le prix du carbone est passé vendredi à 50 $ la tonne dans les  provinces visées

OTTAWA — C’est la hausse du prix du pétrole brut, et non les taxes, qui est à blâmer pour la flambée des prix des carburants à la pompe, a soutenu vendredi le ministre fédéral des Ressources naturelles, en rejetant la demande des premiers ministres des Prairies pour une suspension de l’augmentation du «prix fédéral du carbone».

«La vérité est que 94 % du prix de l’essence n’a rien à voir avec le prix de la pollution», a écrit vendredi le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson, aux premiers ministres de l’Alberta, du Manitoba et de la Saskatchewan, alors que la tarification fédérale sur le carbone augmentait de 10 $ la tonne.

«La grande majorité de l’augmentation du prix que les Canadiens voient à la pompe en ce moment est due à l’augmentation du prix du pétrole brut — en grande partie causé de (sic) l’invasion illégale de l’Ukraine par la Russie.»

M. Wilkinson plaide que la tarification fédérale du carbone facturée aux biens de consommation comme le carburant équivaut à environ 6 % du prix de l’essence à la pompe.

Il a également soutenu que la plupart des Canadiens qui paient la taxe fédérale sur le carbone reçoivent plus d’argent en retour d’Ottawa, grâce à des remises envoyées chaque année qui, à partir de cette année, seront remplacées par des versements trimestriels.

La première ministre du Manitoba, Heather Stefanson, son homologue de la Saskatchewan, Scott Moe, et celui de l’Alberta, Jason Kenney, ont exhorté la semaine dernière le premier ministre Justin Trudeau à «suspendre temporairement» la tarification fédérale du carbone.

Les trois premiers ministres ont fait valoir que les familles étaient confrontées actuellement à des niveaux d’inflation jamais vus depuis des décennies et que tout ce qui pourrait faire grimper davantage le prix des carburants n’était pas approprié.

Marché du carbone au Québec et en N.-É.

L’augmentation de vendredi, prévue dans le calendrier de la «taxe carbone» fédérale, ajoute 2,2 cents supplémentaires au coût d’un litre d’essence; la taxe atteint maintenant 11 cents le litre.

La taxe fédérale s’applique directement en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Mais la Colombie-Britannique, le Nouveau-Brunswick et l’Île-du-Prince-Édouard augmentent eux aussi leurs taxes provinciales sur le carbone, pour rester en phase.

Le Québec et la Nouvelle-Écosse ont plutôt mis en place un système de plafonnement et d’échange de droits d’émissions (marché du carbone). Terre-Neuve-et-Labrador rehaussera son prix à 50 $ la tonne plus tard cette année. 

Le prix en Colombie-Britannique passe de 45 $ à 50 $ la tonne; au Nouveau-Brunswick, il passe de 40 $ à 50 $, et à l’Île-du-Prince-Édouard, qui ne l’a pas augmenté depuis 2020, le prix passe de 30 $ à 50 $ la tonne.

Seules les quatre provinces directement visées par le système fédéral (Alberta, Saskatchewan, Manitoba et Ontario) reçoivent les remises, qui visent à aider financièrement les familles qui ont payé le «prix de la pollution» fédéral, tout en les incitant à utiliser moins de carburant.

Les remises varient d’une province à l’autre, en fonction de la quantité de combustibles fossiles utilisés: elles vont d’un minimum de 745 $ cette année en Ontario à 1101 $ en Saskatchewan.

Pour la première fois, ces chèques seront distribués tout au long de l’année, plutôt qu’en un seul versement, avec un double versement en juillet de cette année, puis des versements trimestriels en octobre et en janvier prochains.

D’autres provinces ont adopté divers plans, y compris des crédits d’impôt, des remboursements de la taxe sur l’essence, des subventions pour l’action climatique — ou une combinaison de ces mesures.

Guilbeault résiste aux conservateurs

Le ministre fédéral de l’Environnement, Steven Guilbeault, a résisté aux pressions politiques, y compris de la part des premiers ministres des Prairies, pour retarder ou annuler cette hausse du 1er avril, à cause de la flambée des prix des carburants.

M. Guilbeault expliquait que le gouvernement libéral n’allait pas ralentir ou reculer sur son plan d’action climatique, dont la tarification de la pollution par le carbone constitue la «pierre angulaire».

Les conservateurs ont présenté une motion le mois dernier demandant aux libéraux de retarder ou d’annuler l’augmentation du 1er avril, car les prix de l’essence avaient déjà beaucoup augmenté.

Plusieurs candidats à la direction du Parti conservateur l’ont aussi demandé, tout en promettant également de supprimer complètement cette tarification du carbone s’ils remportent la direction et forment ensuite le gouvernement après les prochaines élections. Ainsi, le député Pierre Poilievre a attiré jeudi soir une foule à Ottawa pour un rassemblement visant notamment à «éliminer la taxe sur le carbone».

Selon l’Association canadienne des automobilistes (CAA), le prix moyen de l’essence à l’échelle nationale au 31 mars était de 1,72 $ le litre, en hausse de 50 cents par rapport au 1er avril 2021. Le prix moyen à la pompe a culminé à 1,85 $ le litre le 11 mars dernier. Jusqu’à jeudi soir, le «prix du carbone» comptait pour 8,8 cents le litre.

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