Le fédéral se dit préoccupé par le projet de décriminalisation des drogues de Toronto

Stephanie Taylor, La Presse Canadienne
Le fédéral se dit préoccupé par le projet de décriminalisation des drogues de Toronto

OTTAWA — La ministre fédérale des Dépendances, Ya’ara Saks, s’est dite «profondément préoccupée» par le manque de limites imposées par Toronto à son projet désormais rejeté visant à décriminaliser la possession de drogues illégales – et par le refus de l’agence de santé de la ville d’apporter des changements.

Plus tôt ce mois-ci, Mme Saks a déclaré aux journalistes que la demande de longue date de la Santé publique de Toronto était «en dormance», puis a annoncé son refus quelques jours plus tard, un vendredi soir avant un long week-end.

La ministre avait fait l’objet de pressions dans les semaines précédentes pour abandonner son soutien à cette politique.

Mme Saks affirme maintenant que la proposition ne prévoyait pas de restrictions d’âge ni de limites sur la quantité de drogues qu’une personne pouvait avoir en sa possession.

Elle dit qu’elle a pris la décision de refuser l’offre après avoir appris au début du mois de mai que Toronto ne modifierait pas ses plans pour répondre aux préoccupations soulevées plus tôt par les responsables du ministère.

Un porte-parole de la Santé publique de Toronto n’a pas répondu aux questions sur les objections de la ministre ou sur la chronologie des événements.

Dane Griffiths a déclaré que l’agence avait été informée de la décision d’Ottawa de rejeter sa demande le 17 mai, le jour même de son annonce publique.

Dans un communiqué, il a affirmé que la décriminalisation n’est qu’un «outil politique fondé sur des données probantes pour aider à éliminer les obstacles aux soins».

«J’étais profondément préoccupée par cette proposition», a indiqué Mme Saks à La Presse Canadienne, lors d’une entrevue jeudi.

La Ville a soumis sa demande de décriminalisation pour la première fois en janvier 2022 et l’a mise à jour en 2023.

«Santé Canada a présenté à Santé publique Toronto une série de questions destinées à répondre à certaines des préoccupations soulevées au sujet de la proposition», a précisé Mme Saks.

Non seulement la demande de Toronto visait à décriminaliser la possession personnelle de «toutes» les drogues et substances contrôlées, mais Mme Saks a affirmé qu’elle ne fixait pas de limites à la quantité qu’une personne était autorisée à posséder.

«Il est important d’avoir ce seuil, car il s’agit d’un usage personnel», a soutenu la ministre.

«Contrairement au trafic (de drogues), qui relève clairement de l’application de la loi, et Toronto n’a pas fixé ce seuil.»

«La demande de la Santé publique de Toronto ne comprenait pas non plus de restrictions d’âge, contrairement à un projet pilote similaire en Colombie-Britannique», a-t-elle expliqué.

Différent du projet en Colombie-Britannique

Une récente demande de la Colombie-Britannique visant à revoir à la baisse un projet pilote similaire dans cette province a remis en question le sort de la demande de Toronto.

La confusion s’est ajoutée à la question lorsque le premier ministre Justin Trudeau a rejeté la demande de la Santé publique de Toronto parce qu’elle n’était pas active.

Le 7 mai, Mme Saks a dit aux journalistes que la demande était «en dormance» et que rien n’était arrivé sur son bureau.

Elle a affirmé jeudi que les autorités n’avaient eu aucune nouvelle de la part de la Santé publique de Toronto depuis des mois, mais qu’au début du mois de mai, l’agence a informé Santé Canada qu’elle ne modifierait pas la proposition.

Le 17 mai, le communiqué de presse annonçant le rejet de la proposition a détaillé qu’elle ne parvenait pas à «protéger adéquatement la santé publique et à maintenir la sécurité publique».

Le document a également cité le manque de soutien du gouvernement de l’Ontario, après que le premier ministre Doug Ford et ses ministres se soient engagés à plusieurs reprises à s’opposer à la candidature de Toronto.

Ce rejet survient après qu’Ottawa eut accepté de reculer sur le projet pilote en Colombie-Britannique.

Cette province est devenue la première au Canada à piloter la décriminalisation de la possession personnelle de drogues au début de 2023, afin de lutter contre l’approvisionnement en drogues toxiques et la crise des surdoses en déstigmatisant la consommation de drogues.

Elle était limitée à certaines substances illégales telles que l’héroïne, le fentanyl, la cocaïne et la méthamphétamine.

En avril, les libéraux ont reçu une demande urgente du gouvernement néo-démocrate provincial visant à recriminaliser la consommation de drogues dans les espaces publics. Leur utilisation dans les espaces privés est toujours légale.

Ce changement est survenu en réponse aux inquiétudes de la police et du personnel infirmier, ainsi qu’aux réactions négatives du public et du chef conservateur fédéral Pierre Poilievre, qui accusait la décriminalisation d’alimenter les dépendances et les décès par surdose.

«La proposition de Toronto ne peut pas être comparée comme «des pommes avec des pommes» au modèle utilisé dans l’Ouest (canadien), a soutenu Mme Saks, où il y a des limites d’âge et où seules certaines drogues ont été décriminalisées.»

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