La Nouvelle-Écosse est paralysée par d’abondantes chutes de neige

Michael MacDonald et Lyndsay Armstrong, La Presse Canadienne
La Nouvelle-Écosse est paralysée par d’abondantes chutes de neige

HALIFAX — Le gouvernement de la Nouvelle-Écosse a demandé l’aide d’Ottawa alors que la province se remet des «chutes de neige extrêmes» qui ont incité certaines parties du Cap-Breton à déclarer l’état d’urgence local.

Un système dépressionnaire bloqué au large de la côte est de la province a déversé de fortes quantités de neige sur la moitié est de la région continentale de la province et sur le Cap-Breton, où des observations préliminaires ont montré que plus de 100 centimètres s’étaient accumulés dans la région de Sydney depuis vendredi.

Lundi après-midi, le ministre responsable du Bureau de la gestion des urgences, John Lohr, a publié une lettre adressée dimanche soir au ministre fédéral de la Protection civile, Harjit Sajjan, affirmant que la province avait besoin d’équipement lourd pour aider au déneigement.

M. Lohr demande également du matériel portable de stockage de carburant et une aide au transport aérien pour faciliter la livraison de fournitures essentielles et l’évacuation de résidents isolés.

Le ministre Sajjan a écrit lundi après-midi sur le réseau X qu’il avait approuvé la demande. Il a précisé aux journalistes à Ottawa que Parcs Canada fournirait du matériel de déneigement et la Garde côtière, des hélicoptères. Des organisations non gouvernementales comme la Croix-Rouge, l’Équipe Rubicon et l’Association canadienne des bénévoles en recherche et sauvetage contribueront aussi au travail humanitaire, a ajouté le ministre Sajjan.

Pendant ce temps, la mairesse de la municipalité régionale du Cap-Breton, Amanda McDougall, exhortait encore les résidents à rester chez eux lundi. Même si les conditions s’amélioraient, Mme McDougall a déclaré qu’un sentiment de panique s’installait parmi ceux qui se sentaient bloqués et isolés chez eux.

«Chez moi, par exemple, nous avons un banc de neige qui fait un bon cinq pieds au bout de notre entrée de garage, alors on ne peut pas sortir» le véhicule, a-t-elle déclaré en entrevue. «Ça va prendre du temps avant de dégager tout ça.»

La mairesse McDougall a déclaré que le personnel de l’«Ally Centre» du Cap-Breton et du refuge communautaire pour sans-abri de Sydney allait prendre contact avec les personnes vulnérables.

«Je sais qu’il y a encore des gens qui vivent dans des tentes (…) Et il y a des personnes âgées qui vivent seules et pour lesquelles je suis aussi très inquiète», a-t-elle déclaré. La municipalité régionale rédigeait lundi un registre des personnes qui ont besoin d’aide, comme elle l’avait fait lors de la tempête post-tropicale Fiona en septembre 2022, a indiqué la mairesse.

Mme McDougall a déclaré qu’elle et ses collègues du conseil avaient déclaré dimanche l’état d’urgence local pour une semaine dans le but d’obtenir davantage d’équipement de déneigement du gouvernement provincial. «Notre municipalité n’a ni l’infrastructure ni les ressources nécessaires pour faire face à l’incroyable quantité de neige que nous avons eue ici.»

Des bancs de neige de 150 cm 

Lundi matin, Environnement Canada a indiqué qu’un observateur météorologique bénévole avait enregistré 150 centimètres de neige à Sydney, la plus importante localité du Cap-Breton. Par ailleurs, 103 cm de neige ont été enregistrés à l’aéroport de Sydney, et 98 cm sont tombés sur Ingonish, sur la côte nord-est de l’île.

Des images publiées sur les réseaux sociaux montrent d’énormes accumulations de neige sur des maisons, des véhicules complètement recouverts et abandonnés sur les principales artères, et des résidants qui creusent à la pelle des issues pour sortir de chez eux.

Ian Hubbard, météorologue établi à Halifax pour Environnement Canada, a indiqué qu’on signalait plus de 100 cm de neige dans diverses localités du Cap-Breton.

La communauté mi’kmaq d’Eskasoni, à une quarantaine de kilomètres au sud-ouest de Sydney, a déclaré l’état d’urgence local tôt lundi matin. «La Première Nation d’Eskasoni a épuisé toutes ses ressources, les véhicules capables de déneiger au sein de la communauté étant bloqués ou incapables de poursuivre leurs opérations», ont déclaré les responsables dans un message en ligne.

Plus de 70 cm de neige ont été enregistrés dans l’est de la Nouvelle-Écosse, mais des vents violents depuis vendredi ont sculpté d’énormes bancs de neige qui nécessiteront plusieurs jours de déneigement.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a déclaré lundi que la tempête de neige, la pire que la province ait connue depuis 20 ans, vient s’ajouter à une liste croissante de catastrophes météorologiques qui ont frappé la région depuis septembre 2022, lorsque la tempête post-tropicale Fiona a touché terre. Cette tempête dévastatrice a été suivie l’année dernière par les plus importants incendies de forêt de l’histoire de la province, en mai et juin, et par des inondations généralisées en juillet.

«Nous avons eu plus que notre juste part dans cette province. Mais je vous assure que nous allons nous sortir des bancs de neige.»

Vols annulés, pannes de courant

Dans la région d’Halifax, entre 30 et 50 cm sont tombés depuis vendredi après-midi, mais 84 cm ont été signalés à l’aéroport international Stanfield d’Halifax, selon les rapports préliminaires. De nombreux vols ont été annulés ou retardés à l’aéroport le plus achalandé de la région, et plus de 7000 pannes de courant étaient signalées dans toute la province lundi matin.

Les écoles ont été fermées et les administrations ont retardé leur ouverture ou ont fermé pour la journée, sauf dans les municipalités de l’ouest de la Nouvelle-Écosse, où les chutes de neige ont été beaucoup plus faibles.

Les vents violents de la fin de semaine ont rendu difficile la mesure exacte des précipitations de neige, a expliqué M. Hubbard. Par exemple, au nord-est de la région d’Halifax, les communautés du comté de Pictou ont signalé entre 50 et 100 cm de neige.

M. Hubbard a déclaré que le centre de la tempête de neige s’était installé au sud de l’île du Cap de Sable vendredi après-midi et qu’il avait à peine bougé jusqu’à lundi matin, lorsqu’il a commencé à se briser.

«En général, une tempête hivernale a tendance à se déplacer vers le nord ou le nord-est et à bouger, ce qui donne de 12 à 18 heures de précipitations, mais cette tempête a fait du sur-place», a déclaré le météorologue. 

Les températures ont augmenté près du point de congélation ou juste au-dessus, lundi en Nouvelle-Écosse, à mesure que le système de tempête s’éloignait au large. M. Hubbard a déclaré que du beau temps était prévu pour le reste de la semaine, même si des bandes de neige se déplaçaient toujours dans le nord de la Nouvelle-Écosse lundi matin.

À l’Île-du-Prince-Édouard, une élection partielle provinciale prévue lundi a été reportée à mardi.

Il y a 20 ans, en février 2004, une tempête avait déversé jusqu’à 95 cm de neige dans la région d’Halifax. Cette tempête avait été surnommée «Juan blanc» parce qu’elle avait eu lieu cinq mois après que l’ouragan Juan a touché terre près d’Halifax, avec des rafales destructrices atteignant 140 km/h.

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