L’Ontario limitera l’usage des cellulaires en classe à partir de cet automne

Maan Alhmidi, La Presse Canadienne
L’Ontario limitera l’usage des cellulaires en classe à partir de cet automne

TORONTO — L’Ontario limitera l’utilisation des cellulaires dans les salles de classe, restreindra l’accès à tous les médias sociaux et interdira le vapotage dans les écoles à partir de cet automne, a annoncé dimanche le ministre de l’Éducation de la province.

Stephen Lecce a dévoilé les nouvelles mesures lors d’une conférence de presse, les présentant comme des mesures nécessaires pour améliorer la sécurité dans les écoles et aider les élèves à se concentrer en classe.

«Tous les parents et enseignants à qui nous avons parlé ont partagé le problème croissant des distractions par cellulaire en classe pendant les heures d’enseignement, en plus de l’augmentation inquiétante du vapotage dans les écoles parmi nos jeunes», a-t-il déclaré.

«Nous devons être audacieux. Nous devons être exhaustifs. Et nous devons agir de toute urgence aujourd’hui.»

Le gouvernement a élaboré un «plan global» pour réduire les niveaux de distraction parmi les étudiants de la province, a indiqué M. Lecce, comprenant notamment la restriction de l’utilisation du téléphone portable et l’interdiction du vapotage dans les écoles.

«Notre politique comprend des mesures d’application pour assurer la conformité et l’uniformité à l’échelle de la province grâce à ces changements qui entreront en vigueur cet automne, a-t-il déclaré. Nous refuserons l’utilisation du téléphone portable pendant les heures d’enseignement.»

Les enfants de la maternelle à la sixième année devront garder leur téléphone silencieux et hors de vue pendant toute la journée d’école, à moins d’obtenir la permission explicite d’un professeur, tandis que ceux de la septième année et plus verront l’utilisation du cellulaire interdite pendant les heures de classe.

«S’ils ne s’y conforment pas, il leur sera demandé de rendre leur téléphone ou ils pourraient être envoyés au bureau (du directeur)», a dit M. Lecce.

«Cela contient des politiques disciplinaires progressives. Cela peut aller jusqu’à la suspension en cas de violations répétées.»

Le Québec et la Colombie-Britannique ont déjà pris des mesures similaires pour interdire l’utilisation des téléphones cellulaires en classe, mais M. Lecce a soutenu que l’Ontario serait la première province à bloquer l’accès à toutes les plateformes de médias sociaux sur les réseaux et appareils scolaires.

Les bulletins scolaires incluront désormais également des commentaires sur les niveaux de distraction des élèves en classe.

Le gouvernement progressiste-conservateur avait demandé aux conseils scolaires d’élaborer leurs propres politiques en matière de téléphonie cellulaire en 2019, mais M. Lecce a déclaré que les résultats étaient mitigés. Une politique à l’échelle de la province sera plus forte et plus claire, a-t-il plaidé.

«Certains conseils scolaires ont élaboré des politiques fortes, et beaucoup ont élaboré des politiques qui nous ont conduits là où nous en sommes aujourd’hui», a-t-il déclaré, soulignant le taux élevé d’élèves distraits par leur téléphone.

Des réactions mitigées

La Fédération des enseignants des écoles secondaires de l’Ontario reste sceptique quant à la possibilité qu’une interdiction générale améliore la situation, a affirmé dimanche la présidente du groupe.

«Je ne sais pas vraiment comment cela va changer quoi que ce soit à l’avenir», a dit Karen Littlewood.

Les enseignants hésitent à confisquer les téléphones des élèves, car ils seraient responsables en cas de perte, d’endommagement ou de vol des appareils, a-t-elle expliqué.

«Cela conduit à tant d’enjeux et à tant de problèmes», a-t-elle expliqué.

Il appartiendra au personnel scolaire de décider quand l’utilisation de la technologie est appropriée, et M. Lecce a déclaré qu’il «soutiendrait» les enseignants, les directeurs et les surintendants qui seront ceux qui appliqueront la nouvelle politique gouvernementale.

Les changements reflètent certaines des revendications formulées par la Fédération des enseignants de l’élémentaire de l’Ontario lors de sa plus récente ronde de négociations avec la province.

Le groupe a suggéré ces changements comme un moyen de faire face à la violence croissante et aux perturbations dans les écoles, a indiqué la fédération dans un communiqué publié dimanche.

Toutefois, le syndicat affirme qu’il réservera son avis sur les nouvelles politiques jusqu’à ce qu’il ait vu en détail l’ensemble des changements.

Les préoccupations concernant les médias sociaux et leurs effets sur les élèves ne se limitent pas aux responsables gouvernementaux. Quatre des plus grands conseils scolaires de l’Ontario ont annoncé le mois dernier leur intention de poursuivre les sociétés mères de Facebook, Instagram, Snapchat et TikTok.

Les conseils scolaires affirment que les plateformes de médias sociaux perturbent l’apprentissage des élèves, contribuent à une crise de santé mentale et laissent les éducateurs gérer les conséquences.

Le Toronto District School Board, le Peel District School Board, le Toronto Catholic District School Board et le Ottawa-Carleton District School Board ont déposé quatre dossiers distincts, mais similaires, devant la Cour supérieure de justice de l’Ontario à la fin du mois de mars.

Les poursuites affirment que les plateformes de médias sociaux sont conçues pour un usage compulsif et ont modifié la façon dont les enfants pensent, se comportent et apprennent.

En plus des nouvelles restrictions sur les cellulaires et l’utilisation des médias sociaux, M. Lecce a déclaré que le vapotage sera interdit dans toutes les écoles, tout comme les produits du tabac, la nicotine et le cannabis.

Les élèves surpris en train de transporter de tels produits se verront les confisquer, et les écoles seront tenues d’informer les parents si cela se produit, a-t-il précisé.

Le gouvernement de l’Ontario a annoncé le mois dernier que davantage de caméras de sécurité et de détecteurs de vapotage seraient installés dans les écoles. La province a consacré 30 millions $ à la sécurité scolaire dans son dernier budget.

— Avec des informations de Laura Osman, à Ottawa

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