Jagmeet Singh défend la position du NPD sur la tarification du carbone

La Presse Canadienne
Jagmeet Singh défend la position du NPD sur la tarification du carbone

OTTAWA — Le chef du Nouveau Parti démocratique (NPD), Jagmeet Singh, a insisté lundi sur le fait que la position de son parti sur la tarification du carbone restait inchangée.

Mais il a refusé de dire explicitement s’il soutenait la taxe à la consommation et le fait que les Canadiens doivent la payer sur des produits quotidiens comme l’essence.

«Notre position n’a pas changé du tout, a-t-il déclaré aux journalistes. Nous sommes absolument favorables à une tarification de la pollution. Nous l’avons toujours soutenue.»

M. Singh a fait face aux médias pour la première fois depuis son discours la semaine dernière lors du Sommet annuel sur le progrès, où il a semé la confusion quant à la position du NPD sur la taxe fédérale à la consommation sur le carburant.

Il avait chanté les louanges des «options abordables et à faibles émissions de carbone» et s’était engagé à «ne pas punir les gens» qui ne peuvent pas changer la façon dont ils chauffent leur maison ou se rendent au travail.

Il a affirmé plus tard que les néo-démocrates présenteraient une vision pour lutter contre les changements climatiques qui mettrait l’accent sur les initiatives ayant le plus grand impact, comme la réglementation sur le méthane et un prix du carbone pour les émetteurs industriels.

«Rendez ces règles encore plus strictes, rendez-les encore plus fortes, cherchez d’autres moyens pour nous de réellement lutter contre les gros pollueurs», avait-il affirmé aux journalistes jeudi dernier.

«Nous ne voulons pas que les travailleurs aient l’impression de porter le fardeau. Ce n’est pas juste. Et franchement, ce n’est pas une solution néo-démocrate au problème.»

Ses commentaires font suite à ceux de la porte-parole du NPD en matière d’environnement, Laurel Collins, qui a inidiqué que la tarification du carbone n’était pas la solution ultime à l’action climatique, en expliquant la décision du NPD de voter aux côtés des conservateurs pour une motion parlementaire critiquant la politique libérale.

Le NPD défend depuis longtemps la tarification du carbone et l’a inscrite dans sa campagne de 2019.

Le changement apparent de ton a même semblé déconcerter le premier ministre Justin Trudeau, qui a admis la semaine dernière qu’il ne comprenait pas la position du NPD.

M. Trudeau a noté que M. Singh fait face à des «pressions politiques» de la part des premiers ministres conservateurs et du chef conservateur Pierre Poilievre, qui veulent abandonner cette politique.

Poilievre a en effet parcouru le pays, y compris dans les bastions du NPD en Colombie-Britannique et dans le nord de l’Ontario, pour rallier ses partisans autour de son message «supprimer les impôts».

Les sondages montrent que le NPD et les libéraux apportent leur soutien aux conservateurs, alors que Poilievre défend l’abordabilité comme son principal problème, décrivant l’accord d’approvisionnement et de confiance qu’ils ont conclu en mars 2022 comme une «coalition coûteuse».

Le NPD critique les libéraux

Le NPD affirme que l’accord a permis aux Canadiens de gagner en matière d’assurance-médicaments et de soins dentaires, même s’il a été difficile de le faire comprendre.

Alors que le chef conservateur accuse le prix du carbone à la consommation d’ajouter aux inquiétudes des Canadiens quant à l’abordabilité, les libéraux et le NPD l’accusent de n’avoir aucun plan pour lutter contre les changements climatiques.

À la suite du discours de M. Singh la semaine dernière, le NPD avait publié une déclaration insistant sur le fait qu’il soutient le «prix du carbone à la consommation».

Mais lorsqu’on lui a demandé lundi s’il maintenait lui-même cette position, il a simplement répondu que le résultat des votes du parti indique clairement qu’il soutient «un prix sur la pollution», sans préciser si cela inclut un prélèvement payé par les consommateurs malgré de multiples questions à cet effet.

«Nous sommes absolument favorables à une tarification de la pollution. Nous n’avons pas changé notre position sur ce point», a-t-il martelé.

«Nous devons nous assurer de lutter contre la crise climatique avec tout ce que nous avons, mais les libéraux érodent cette confiance en ne soutenant pas la classe ouvrière», a ajouté M. Singh.

Il a accusé le gouvernement libéral de continuer à accorder des subventions aux sociétés pétrolières et gazières sans soutenir les familles de la classe ouvrière.

«Les libéraux ont des milliards de dollars pour des subventions aux entreprises pétrolières, mais pas d’argent pour les gens qui veulent des thermopompes, et ça c’est injuste», a-t-il dit.

Il avait auparavant critiqué la décision du premier ministre d’exempter le mazout domestique du prix du carbone pendant trois ans, la qualifiant de décision qui divise.

Près d’un ménage sur trois au Canada atlantique dépend du mazout domestique, et l’exclusion de la politique climatique phare du gouvernement est intervenue après que les députés libéraux de la région ont exprimé leurs inquiétudes concernant la hausse du coût de la vie.

M. Trudeau et le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, ont exclu toute autre exception.

Et cela malgré les demandes des premiers ministres de l’Ouest, comme Scott Moe de la Saskatchewan, qui affirment que les ménages qui utilisent le gaz naturel devraient bénéficier de la même réduction.

M. Moe fait partie d’une majorité de dirigeants provinciaux, dont le seul premier ministre libéral Andrew Furey de Terre-Neuve-et-Labrador, qui demandent à Trudeau de convoquer une réunion pour discuter d’alternatives au prix du carbone à la consommation.

M. Trudeau a soutenu que les provinces étaient d’accord lorsque le gouvernement a décidé d’aller de l’avant avec la tarification du carbone il y a des années.

Les premiers ministres d’aujourd’hui sont trop occupés à se plaindre et à ne pas proposer leur propre plan pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, a accusé le premier ministre.

Une motion conservatrice appelant M. Trudeau à s’asseoir avec les premiers ministres pour une réunion télévisée a été adoptée à la Chambre des communes la semaine dernière avec le soutien du NPD et du Bloc québécois.

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