Immigration francophone: le ministre Miller présente des mesures pour atteindre 6 %

Émilie Bergeron, La Presse Canadienne
Immigration francophone: le ministre Miller présente des mesures pour atteindre 6 %

OTTAWA — Le ministre fédéral de l’Immigration, Marc Miller, a présenté mardi une série de mesures visant à atteindre les nouvelles cibles d’accueil de nouveaux arrivants francophones hors Québec, disant vouloir créer un «corridor d’attraction».

«Ça prend une attraction, des jobs, une intégration au niveau des écoles», a dit le ministre au cours d’un point de presse au Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue au Canada.

Au cours de son passage à Caraquet, il a aussi insisté sur la «complicité» selon lui nécessairedes provinces, de même que «l’implication des conseils municipaux (et) des gens dans la communauté».

«Mais ça prend aussi de l’argent», a-t-il poursuivi en présentant une série de façons dont il compte investir les 137 millions $ prévus dans le Plan d’action pour les langues officielles 2023-2028.

Ottawa a notamment annoncé mardi vouloir lancer un nouveau programme d’appui à l’immigration francophone ainsi que des mesures pour l’arrivée de nouveaux arrivants admis à des fins économiques. L’initiative «financera des projets novateurs qui ont pour but d’éliminer des barrières à l’immigration francophone», a-t-on précisé par communiqué.

La Fédération des communautés francophones et acadienne du Canada (FCFA) a indiqué par communiqué qu’elle demandait depuis longtemps la création d’un tel programme.

«C’est important parce que le gouvernement reconnaît qu’il faut des programmes faits sur mesure pour nos communautés», a réagi la présidente de l’organisation, Liane Roy.

La FCFA a toutefois émis des bémols «au niveau des échéanciers pour atteindre certains résultats clés, comme le rétablissement du poids démographique des communautés francophones et acadiennes».

«Il reste à savoir comment l’ajout d’une lentille francophone aux programmes d’immigration généraux du ministère se traduira par des nombres précis en termes d’admissions d’immigrants et d’immigrantes d’expression française», a-t-on ajouté.

M. Miller a insisté sur la résilience des Acadiens pour assurer la vitalité et l’évolution de leur langue.

«Comme ministre de l’Immigration, l’accueil de nouveaux arrivants d’expression française est un élément fondamental de cette évolution», a-t-il déclaré.

Ne pas être «crétin»

Cet automne, le ministre a annoncé les cibles d’immigration francophone pour la nouvelle année et les suivantes. Cette cible, qui était jusqu’à présent de 4,4 %, doit atteindre 6 % en 2024.

La cible doit ensuite graduellement augmenter pour se situer à 7 % en 2025 et à 8 % en 2026.

Questionné à savoir quand il visait les 12 %, niveau réclamé par la FCFA, M. Miller a dit vouloir être réaliste.

«Je n’avais pas cette confiance, en fixant les niveaux, (…) qu’on allait pouvoir passer à 10 %, 13 %, alors je ne voulais pas être crétin, tout simplement», a-t-il affirmé.

La ministre a réitéré qu’il était ouvert à revoir à la hausse ses cibles ultérieurement, en fonction de l’évolution de la situation.

«Ce que j’ai toujours dit à la FCFA et à tous ceux qui prônent des seuils qui sont plus ambitieux, c’est que je ne vais pas faire le coup du politicien qui fait n’importe quelle promesse, mais qui ne peut pas  (atteindre) les seuils», a plaidé M. Miller.

Pendant des années, Ottawa a échoué à atteindre sa cible de 4 % d’immigration francophone hors Québec. Le ministère de l’Immigration a finalement réussi à respecter cet engagement en 2022, «de peine et de misère», a souligné le ministre.

De l’avis du Bloc québécois, il est «nécessaire» de hausser la cible. «Pour que le poids des francophones se maintienne et progresse dans le reste du Canada, on parle d’une cible de 12 %. Donc non, 6 %, ça ne suffit pas», a tranché le porte-parole de la formation politique en matière de langues officielles, Mario Beaulieu.

Parmi les autres mesures annoncées mardi, on retrouve l’expansion d’un programme appelé «initiative des communautés francophones accueillantes».

L’objectif est d’aider à l’intégration d’immigrants francophones et dorénavant, 24 communautés pourront en bénéficier plutôt que 14.

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