Flirt avec des conspirationnistes: Poilievre choisit d’être «toxique», dit Trudeau

Michel Saba, La Presse Canadienne
Flirt avec des conspirationnistes: Poilievre choisit d’être «toxique», dit Trudeau

OTTAWA — Prêt à «tout pour gagner», Pierre Poilievre choisit d’être «négatif, divisif et toxique», déplore le premier ministre Justin Trudeau à la lumière de vidéos partagées sur les réseaux sociaux où le chef conservateur encourage des manifestants complotistes.

«M. Poilievre a choisi d’être un politicien qui cherche la division, la peur et à encourager des extrémistes de droite», a affirmé mercredi M. Trudeau lors d’une conférence de presse à Oakville, en banlieue de Toronto.

Dans les vidéos en question, M. Poilievre va à la rencontre de manifestants ayant notamment planté un drapeau sur lequel il est écrit «Fuck Trudeau» près de la roulotte qu’il visite et sur laquelle est dessiné le symbole du groupe Diagolon.

Le groupe Diagolon est décrit dans un rapport de la Chambre des communes comme une organisation extrémiste violente et motivée par l’idéologie. Il partage des membres et des affiliations avec le «Convoi de la Liberté», ainsi qu’avec ceux qui s’opposaient aux restrictions sanitaires imposées par le gouvernement.

Dans une autre vidéo, le chef conservateur affirme au sujet du premier ministre que «tout ce qu’il dit est de la «bullshit», du début à la fin». Il annonce également une «grande révolte fiscale canadienne».

Appelé à réagir, le cabinet du chef conservateur a expliqué que M. Poilievre a remarqué une manifestation contre la tarification du carbone lors d’un trajet entre deux événements dans les Maritimes.

Selon le récit de sa porte-parole Marion Ringuette, il a alors décidé d’y faire un «bref arrêt impromptu», étant un «fervent opposant à la taxe carbone punitive de Justin Trudeau, qui a fait grimper le prix des produits alimentaires, de l’essence et du chauffage».

«Si Justin Trudeau s’inquiète de l’extrémisme, il devrait regarder les défilés dans les rues canadiennes qui célèbrent ouvertement le massacre des Juifs par le Hamas le 7 octobre», a-t-elle ajouté au sujet d’actes que le premier ministre a pourtant critiqués.

Appui d’un complotiste notoire

Dans ses commentaires de mercredi, M. Trudeau a aussi souligné à grands traits que M. Poilievre n’a pas dénoncé l’appui qu’il a reçu du complotiste américain notoire Alex Jones qui a été condamné à payer presque un milliard de dollars de dédommagement à des familles de victimes d’un massacre perpétré dans une école après qu’il en eut nié la réalité.

«Je suis ce gars depuis des années, et il est solide (the real deal). Le Canada a désespérément besoin de beaucoup plus de dirigeants comme lui, tout comme le reste du monde», a écrit Alex Jones sur X en publiant il y a près de trois semaines une vidéo dans laquelle s’exprime M. Poilievre.

C’est «le genre d’homme qui dit que Pierre Poilievre a les bonnes idées pour amener le pays vers la droite, vers les théories du complot, vers l’extrémisme, vers la polarisation», a déclaré le chef libéral.

Selon lui, le fait que son adversaire conservateur ne désavoue pas M. Jones «montre vraiment qu’il fera tout pour gagner, n’importe quoi pour attiser la négativité et la peur, et cela ne fait que souligner qu’il n’a rien à dire pour réellement résoudre les problèmes qu’il est en train d’amplifier».

À ce sujet, le cabinet de M. Poilievre rétorque qu’ils ne suivent ni n’écoutent «l’individu» Alex Jones. «C’est l’appui des Canadiens qui travaillent fort tous les jours que les conservateurs s’efforcent de gagner. Contrairement à Justin Trudeau, nous ne prêtons pas attention à ce que dit un Américain», a déclaré sa porte-parole Marion Ringuette.

Se jetant dans la mêlée, le chef du Nouveau Parti démocratique, Jagmeet Singh, a lui aussi accusé M. Poilievre d’adopter «à maintes reprises» un discours «irresponsable (…) qui attise la division, qui attise la haine».

«Il ne se soucie pas des gens. Il ne se soucie pas des travailleurs. Il se soucie uniquement du pouvoir. Et il fera tout ce qu’il faut pour diviser les Canadiens, pour blesser les gens, pour y parvenir», a dit M. Singh aux journalistes à Edmonton.

– Avec des informations d’Émilie Bergeron

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