Des gens sortis de Gaza demandent à ce que la définition de la famille soit élargie

Laura Osman, La Presse Canadienne
Des gens sortis de Gaza demandent à ce que la définition de la famille soit élargie

OTTAWA — Des Canadiens qui ont fui la bande de Gaza affirment que la définition canadienne de la famille les a obligés à faire le choix déchirant de laisser derrière eux des êtres chers.

Le citoyen canadien Amro Abumiddain était éveillé dans sa chambre d’hôtel en Égypte ce week-end, enfin en sécurité après un mois de bombardements incessants. Pourtant, il n’arrivait pas à dormir, son esprit étant préoccupé par le fait qu’il devait laisser son père derrière lui.

«Sans mes enfants, je n’aurais pas quitté mon père, même si je devais mourir», a affirmé M. Abumiddain par texto, depuis sa chambre d’hôtel dans la capitale égyptienne, Le Caire. Parfois, dit-il, il pense qu’il était plus facile d’être ensemble devant le danger que de s’inquiéter pour lui à distance.

La bande de Gaza est la cible de bombardements depuis le 7 octobre, lorsque le Hamas a lancé une attaque terroriste contre Israël qui a tué 1200 personnes et déclenché une redoutable réponse israélienne.

L’épouse et les enfants de M. Abumiddain ont fui vers une école voisine pour se réfugier, au courant des premiers jours du bombardement, et ont finalement réussi à se rendre dans un camp de réfugiés près du poste-frontière de Rafah. Il est pour sa part resté avec son père sur la ferme familiale, à seulement un kilomètre de la frontière israélienne.

La ferme a été détruite et la famille n’avait plus de nourriture pour le bétail. Il a raconté s’être assis sous un grand arbre à l’extérieur de la maison avec son père et son oncle, regardant les avions militaires F16 voler au-dessus de leur tête.

Le Canada travaillait à organiser son évacuation de Gaza, mais les États-Unis ont pu le faire sortir plus rapidement, lui et sa famille, car ses fils jumeaux sont citoyens américains.

Il n’a quitté son père que le jour où les noms de sa famille sont apparus sur la liste des évacués autorisés à entrer en Égypte le lendemain. C’était la première fois qu’il voyait son père de 78 ans pleurer.

«Il m’a dit: «ne t’inquiète pas, je te reverrai»», a-t-il déclaré. Toutefois, M. Abumiddain ne sait pas comment faire sortir son père de la bande de Gaza.

Éviter les définitions étroites

Le Canada a passé des semaines à tenter de faciliter l’évacuation des quelque 550 Canadiens, résidents permanents et membres de leurs familles à Gaza qui souhaitent s’échapper par la frontière étroitement contrôlée de Rafah. La sortie des ressortissants étrangers de la région a été négociée entre l’Égypte et Israël, le Qatar faisant office de médiateur.

Jusqu’à présent, 356 personnes ayant des liens avec le Canada ont traversé la frontière pour se mettre en sécurité en Égypte.

Contrairement aux États-Unis, qui, selon l’Agence des Nations unies pour les réfugiés, incluent généralement les parents dans la définition légale de «famille immédiate», la définition du Canada dans la Loi sur l’immigration et la protection des réfugiés s’étend uniquement aux époux et conjoints de fait, ainsi qu’aux enfants et petits-enfants à charge.

Cela signifie que, pour l’instant, le Canada n’a pas proposé d’ajouter les parents, la belle-famille et les frères et sœurs à sa liste d’évacués potentiels.

Quoi qu’il en soit, le père de M. Abumiddain ne veut pas quitter le territoire sans son frère. Les deux hommes travaillent ensemble depuis longtemps à la ferme et, autrement, l’oncle de M. Abumiddain serait seul.

Si le Canada élargissait sa définition juridique de la famille immédiate, cela permettrait à la famille de rester ensemble et unie, a dit M. Abumiddain, qui n’a pas pu contacter son père depuis qu’il a quitté Gaza.

Le Conseil canadien pour les réfugiés préconise une définition plus large de la famille, afin que les personnes qui fuient Gaza puissent trouver refuge auprès de leurs proches au Canada.

«Vous pouvez avoir des personnes qui essaient de quitter le secteur et dont le réseau de soutien immédiat peut être un parent plus éloigné», a déclaré le co-directeur exécutif Gauri Sreenivasan.

Il est important que le gouvernement reconnaisse la composition unique des familles modernes et de leurs systèmes de soutien, et qu’il évite les définitions étroites, a plaidé M. Sreenivasan.

«Je pense que c’est le moment pour nous d’être généreux et d’identifier les possibilités de mettre en sécurité les personnes qui tentent de partir, y compris leurs familles.»

Affaires mondiales Canada n’a pas répondu aux demandes répétées la semaine dernière visant à clarifier quels membres d’une famille seraient admissibles en vertu des règles canadiennes.

La ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, et le ministre de l’Immigration, Marc Miller, n’ont pas immédiatement répondu à une demande de commentaires lundi.

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