«Convoi de la liberté»: le procès reprend mercredi après deux semaines de pause

Laura Osman, La Presse Canadienne
«Convoi de la liberté»: le procès reprend mercredi après deux semaines de pause

OTTAWA — Les preuves avancées par la Couronne et la défense dans le procès de deux organisateurs du «convoi de la liberté» sont si similaires qu’elles reflètent en quelque sorte un test de Rorschach pour déterminer ce que les gens pensent de la manifestation à grand déploiement, estime le criminologue Michael Kempa.

Le procès devrait reprendre mercredi après une pause de deux semaines et demie. La procédure s’est jusqu’à présent largement concentrée sur les publications de Tamara Lich et Chris Barber sur les réseaux sociaux. 

Tous deux sont co-accusés pour leur rôle dans l’organisation et l’orchestration présumée des événements qui se sont déroulés dans les rues d’Ottawa au début de 2022.

Des vidéos diffusées par la Couronne et la défense montrent les appels de M. Barber et Mme Lich à maintenir la manifestation pacifique, la qualifiant de mouvement motivé par l’amour et remerciant la police d’avoir assuré la sécurité publique pendant la protestation contre les mesures de santé publique liées à la COVID-19.

Les vidéos montrent également Mme Lich et M. Barber appeller les gens à venir à Ottawa et à «tenir la ligne», alors même que la police a ordonné aux manifestants de quitter les rues du centre-ville.

«Toutes ces preuves vidéo soumises par les deux parties soutiennent des arguments essentiellement divergents», a déclaré M. Kempa, professeur agrégé à l’Université d’Ottawa.

Les co-accusés ont mené un convoi de protestation vers la capitale, où les manifestants se sont retranchés pendant des semaines, créant ce que certains manifestants ont décrit comme une atmosphère «de festival» que plusieurs politiciens et résidents d’Ottawa ont plutôt qualifié «d’occupation».

Personne ne conteste que la manifestation a été perturbatrice ou que des lois ont été enfreintes au cours des trois semaines pendant lesquelles les manifestants ont bloqué les intersections autour de la Colline du Parlement et des quartiers résidentiels voisins.

«Je pense que les preuves sont similaires, tant de la part de la Couronne que de notre côté, en termes de preuves vidéo, car il y a très peu de doutes sur ce qui s’est réellement passé», a déclaré l’avocat de Mme Lich, Lawrence Greenspon, le mois dernier, après l’ajournement du tribunal pour la pause.

«Il y a eu des manifestants qui ont entravé la jouissance légale de la propriété de certains résidents du centre-ville. Et en conséquence, les entreprises ont également souffert. Nous l’avons admis», avait-il reconnu.

L’affaire dépend de la question de savoir si Mme Lich et M. Barber ont commis une activité illégale et s’ils ont utilisé leur influence lors de la manifestation pour encourager d’autres personnes à enfreindre la loi.

Tous deux font face à des accusations de méfaits, d’entrave à la police et d’incitation d’autres manifestants à commettre des méfaits et des intimidations.

Témoins en suspens

Lorsque le tribunal reprendra mercredi, la juge présidente Heather Perkins-McVey devrait décider si huit résidents locaux d’Ottawa pourront ou non témoigner.

La défense a fait valoir qu’il n’était pas nécessaire d’entendre ces témoins, puisqu’ils n’avaient eu aucun rapport avec M. Barber ou Mme Lich. Les témoins ne peuvent partager que leurs observations personnelles lors de la manifestation, et la défense a déjà admis qu’un comportement illégal avait eu lieu.

La Couronne a soutenu qu’elle préfère présenter sa cause comme elle l’entend et souhaite que des témoins locaux racontent au tribunal comment les perturbations, les intimidations et les obstructions causées par la manifestation se sont manifestées dans les rues.

M. Kempa croit qu’il appartiendrait à la Couronne de montrer au tribunal comment toutes les preuves prouvent que Mme Lich et M. Barber contrôlaient les foules et les encourageaient à enfreindre la loi.

«Et le seuil dans un procès pénal est évidemment le seuil le plus élevé», a rappelé M. Kempa.

La Couronne devrait expliquer comment la preuve étaye sa théorie à la fin du procès.

Celui-ci devait initialement durer seulement 16 jours, mais, à seulement trois jours de la fin prévue, la Couronne semble loin d’avoir conclu sa preuve.

Jusqu’à présent, aucune n’a été fixée pour terminer le procès.

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