Une entreprise en démarrage de Saint-Jean-sur-Richelieu a développé une nouvelle solution de transmission d’énergie sans fil pour recharger des batteries. Quaze Technologies travaille en collaboration avec Rheinmetall Canada pour intégrer ce système novateur sur des véhicules militaires terrestres autonomes.
« L’idée de base est de pouvoir transmettre de l’énergie à n’importe quel appareil, n’importe où, dans n’importe quel contexte, et ce, sans intervention humaine pour faire une connexion physique sur la robotique », lance d’emblée Francis Roy, président et directeur de la stratégie chez Quaze.
Le concept de base est constitué d’une plateforme à grande surface propulsée par résonance magnétique. Cette « base », qui peut fournir jusqu’à 500 watts, permet de recharger simultanément plusieurs appareils électroniques ou de robotique sans avoir à brancher de fil. Elle est fonctionnelle partout, peu importe les conditions climatiques, qu’il neige ou qu’il pleuve. L’entreprise va même jusqu’à dire que sa technologie fonctionnerait dans l’espace.
« À la suite de la présentation de la technologie à Londres sur le véhicule autonome de Rheinmetall, qui est construit à l’usine de Saint-Jean, Quaze a été la nouvelle la plus cliquée dans le monde de la défense. Une quinzaine d’articles ont été publiés un peu partout dans le monde pendant la semaine de l’événement. Notre prototype confirme qu’il y a un besoin dans le secteur militaire », indique Francis Roy.
Drones de l’armée
Le lancement mondial du produit a eu lieu en grande pompe à Londres en septembre dernier. Quaze et Rheinmetall Canada, une entreprise également située à Saint-Jean-sur-Richelieu, ont fait un tabac lors de l’édition 2023 de la Defence and Security Equipment International, une foire commerciale renommée dans le secteur de la défense et de la sécurité.
Pour l’instant, Quaze a produit des plateformes pour permettre à des drones de surveillance, contrôlés à distance ou autonomes, d’atterrir et de se recharger à partir des batteries des véhicules sans pilote Mission Master construits pour l’armée par Rheinmetall. Le partenariat entre les deux entreprises johannaises a débuté il y a un an.
Quaze fabrique dans son atelier de 4000 pieds carrés du boulevard Saint-Luc les émetteurs, qui ressemblent à des routeurs, les surfaces ainsi que les récepteurs permettant aux appareils de recharger leur batterie. Les composantes insérées sur les drones sont créées à partir d’imprimantes 3D.
« Dès que le drone atterrit, il reçoit de l’énergie pour se recharger avant de pouvoir redécoller. L’appareil peut se poser sur la surface sans alignement précis. Le principe est semblable à une station- service où tu vas mettre de l’essence avant de repartir », explique M. Roy. Ce dernier ajoute qu’un drone est en mesure de prendre le relais si le niveau de batterie de celui qui est en vol a faibli. Grâce à un capteur, le drone ira par lui-même se recharger sur la plateforme dès qu’un autre drone chargé arrivera à ses côtés.
Voitures électriques
L’énergie peut être transmise par la surface simplement en s’en approchant, même si elle est recouverte de matériaux, comme de l’asphalte, du bois ou du quartz. Elle pourrait par exemple être installée dans un stationnement pour recharger des voitures électriques.
« On se concentre pour l’instant sur la recharge de plus petits appareils, qui demandent moins de puissance, mais oui, notre principe technologique pourrait complètement fonctionner pour recharger des voitures électriques dans des stationnements », indique Philippe Boulanger, cofondateur de Quaze et ingénieur aérospatial formé à Polytechnique Montréal.
Surface d’énergie
Le prototype de la technologie de Quaze ressemble à un napperon en carton de moins d’un centimètre d’épaisseur dans lequel sont insérées des composantes électroniques semblables à ce que l’on retrouve dans un ordinateur. La technologique pourrait, par exemple, être installée sous un bureau pour fournir de l’énergie à un ordinateur. Elle permettrait aussi de servir de tapis de recharge à des robots industriels se déplaçant dans un espace défini.
«Nous ne laissons pas de côté les volets bureautique et industriel. Nous allons d’abord miser sur notre technologie actuelle pour les drones de l’armée. Pour l’instant, Quaze se consacre principalement au domaine de la sécurité et la défense. La Défense est probablement le plus grand utilisateur de drones actuellement. Ça pourrait éventuellement servir pour de plus gros appareils autonomes», dit M. Boulanger.
Progression
L’entreprise Quaze est dirigée par Philippe Boulanger, Xavier Bidaut, cofondateur et ingénieur en mécanique électronique, ainsi que Francis Roy. Ce dernier est issu du monde des affaires. «Saint-Jean souhaite développer une zone innovation en sécurité publique et civile, ainsi que la défense. Quaze s’imbrique parfaitement dans cette orientation», mentionne Francis Roy.
La directrice générale de NexDev | Développement économique Haut-Richelieu, Carole Cardinal, se réjouit que Quaze ait choisi de s’établir à Saint-Jean. « C’est extraordinaire ce qu’ils font. C’est une entreprise qu’on accompagne depuis le début et qu’on continue de suivre. La région est en train de bâtir un écosystème d’innovation en sécurité civile et publique », dit-elle.
L’entreprise compte actuellement sur une équipe de huit employés. Elle souhaite passer à une vingtaine d’ici la fin de l’année. Quaze recherche principalement des ingénieurs.
Les fondateurs de Quaze ont nommé leur entreprise en référence aux quasars. Il s’agit d’un clin d’œil aux objets les plus lumineux de l’Univers, qui émettent les plus puissants flux d’énergie.