Aujourd’hui, je vous raconte l’histoire de Daisy, un berger allemand (une femelle) d’environ sept ans. On l’a conduite à la clinique parce qu’elle maigrit depuis environ deux mois. À l’examen, Daisy semble particulièrement maigre, mais selon le propriétaire, elle a toujours été mince, d’où cette image maintenant.
Ensuite, elle a quelques nœuds lymphatiques (ganglions) de taille anormale et une immense masse au niveau de l’abdomen qui pourrait être la rate selon la texture au toucher. Elle a tellement augmenté que c’est difficile de croire qu’il puisse en être ainsi.
Une radiographie est prise pour essayer d’y voir plus clair, mais rien n’y est vraiment interprétable, la masse prend tout l’espace là aussi. Comme deuxième option, on ponctionne cette énorme chose en souhaitant faire analyser les résultats de ce prélèvement. Nous avons espoir que la source des problèmes de Daisy réside dans cette affaire et qu’en sachant ce qui s’y passe, nous saurons ce qu’elle a.
La rate
L’échantillonnage est ainsi effectué directement au travers l’abdomen vers cette masse, mais nous sommes à ce moment contraints de laisser faire parce du sang goutte à goutte monte dans l’aiguille de l’aspiration. Cela nous confirme que la grosse masse du ventre était donc la rate, un organe plein de sang, mais ça ne nous permet pas de conclure à rien de plus. Daisy devra donc être référée dans un centre où une échographie de l’abdomen pourra être effectuée et avec laquelle on pourra en apprendre peut-être un peu plus.
L’échographie en question est effectuée et une aspiration des nœuds lymphatiques qui ont aussi augmenté de volume est effectuée. Le lendemain, un diagnostic est obtenu: lymphome malin. Ce n’est pas une bonne nouvelle. Je me dois de contacter le propriétaire de Daisy pour lui apprendre qu’elle est atteinte d’un cancer des ganglions avec au minimum une implication de la rate. Voilà ce qui se passe avec elle.
Tumeur fréquente
Le lymphome canin représente la tumeur la plus fréquente rencontrée chez le chien, avec un diagnostic de lymphome canin effectué entre 100 et 200 fois par année seulement au Québec. Il affecte particulièrement les sujets entre six et neuf ans montrant une plus grande prédisposition pour les Boxers, les Bassets, certaines races de terriers, les St-Bernard, les Airedales et les Bulldogs. Il n’y a pas de cause connue au lymphome, mais il existe un lien entre l’utilisation de certains herbicides et l’apparition de ce type de cancer chez l’humain et le chien.
De même, il pourrait y avoir un faible lien entre l’exposition à des champs magnétiques de faible intensité et le lymphome. Une fonction immunitaire inadéquate a aussi été mise en cause. Une variété de symptômes peut accompagner le lymphome, telles l’anorexie, la perte de poids, les vomissements, la diarrhée, la difficulté respiratoire, la soif augmentée, la production d’urine augmentée et la fièvre.
C’est qu’il y a plusieurs sortes de lymphome qui causeront des symptômes plus spécifiques selon le système qu’ils affectent. Il y a d’abord le lymphome multicentrique comme celui de Daisy, qui affecte les nœuds lymphatiques, mais parfois aussi la rate, parfois le foie et parfois aussi les poumons. Il s’agit du lymphome le plus fréquent puisqu’il représente 80% des cas de lymphomes diagnostiqués. Il y a le lymphome gastro-intestinal qui touche surtout le petit intestin. Il existe aussi le lymphome cutané, oculaire, du système nerveux, osseux, testiculaire, nasal, etc. Ça en fait, n’est-ce pas?
Sans traitement, la majorité des chiens vont succomber à la maladie dans les quatre à huit semaines suivant le diagnostic. C’est très court. Daisy a débuté un traitement de chimiothérapie. Elle peut ainsi gagner plus de deux ans de survie, dans 20 à 25% des cas. On parlera de six à douze mois autrement. Souhaitons-lui bonne chance.