Avez-vous déjà vu une Alouette hausse-col?

Par Denis Henri
Avez-vous déjà vu une Alouette hausse-col?

"Au chant de l’alouette, je veille et je dors, j’écoute l’alouette et puis je m’endors". Il s’agit là certes d’une chanson assez connue, mais à moins d’être confortablement assis dans votre salon à écouter un enregistrement de l’oiseau ou encore d’être le propriétaire d’un bon sac de couchage trois saisons, je vous conseille de ne pas vous assoupir au chant de notre Alouette hausse-col!

En effet, cet oiseau migrateur arrive au Québec en février (même si certains individus y passent l’hiver) et son chant retentit en mars et au début avril. Alors, attention aux engelures! Comme on trouve une caille assise sur son nid dans le couplet suivant, on comprend vite que cette chanson, même si elle fait partie de notre répertoire folklorique, n’a pas été écrite pour notre belle province puisqu’il n’y a pas de caille à l’état sauvage au Québec.

Demandez à votre entourage de vous nommer trois noms d’oiseaux débutant par un «A» et, à coup sûr, l’alouette en fera partie. Si vous leur demandez de vous décrire l’oiseau en question, ils vont certainement être embêtés. Qui ne le serait pas?

Bien qu’elle s’observe généralement dans des habitats dégagés, tels que les pâturages, prés, champs cultivés et les terres en labour, il n’est pas toujours facile de bien observer une Alouette hausse-col. Comme le mentionne Richard Pelletier dans l’Atlas des oiseaux nicheurs du Québec méridional (1995): «la couleur brune des parties supérieures de l’Alouette hausse-col se confond bien avec le milieu naturel et lui procure un camouflage si efficace qu’un observateur, s’il quitte l’oiseau des yeux un court instant, aura peine à le retrouver».

De plus, lorsqu’elle se sent en danger, l’alouette préfère se sauver en courant plutôt que de s’envoler. Mais si vous pouvez l’immobiliser dans vos jumelles, vous découvrirez un oiseau au plumage enchanteur: face et gorge blanches ou jaunâtres, raie noire qui descend sous l’œil, plastron noir qui traverse la poitrine, ventre blanc, queue foncée bordée de plumes blanches, le tout surmonté de deux petites cornes noires à peine visibles qui lui ont valu son nom précédent d’«Alouette cornue». À noter que le mâle et la femelle ont sensiblement le même plumage.

800 pieds dans les airs

Régulièrement observées en petits groupes au cours de l’hiver, les alouettes se disputent le territoire en vue de la saison de reproduction qui débute en mars. Les mâles s’élancent alors dans les airs et exécutent une parade aérienne à plus de 800 pieds d’altitude.

À cette élévation, leur vol en cercle s’accompagne du chant, puis, fermant les ailes, ils se laissent tomber au sol, non loin de leur partenaire. Le chant de l’alouette se compose d’une effusion de gazouillis aigus, seul indice qui trahit sa présence. Trouver un nid d’alouette, voilà tout un défi à relever, car même s’il se trouve au sol, il faut beaucoup de patience pour que les propriétaires nous y conduisent. Les œufs sont pondus dès la fin mars, ce qui fait de cet oiseau un nicheur hâtif.

J’ai eu la chance d’observer un nid contenant trois jeunes un 4 avril! Deux jours plus tard, quatre centimètres de neige couvraient le sol. Ne vous inquiétez pas, un des adultes s’est transformé en parapluie…ou plutôt en «para neige» pour les protéger! Principalement nourris d’insectes, les oisillons sauront, plus grands, se nourrir d’une multitude de graines sauvages tombées au sol.

Des alouettes aux mangeoires

L’être humain a, en déboisant de grandes surfaces jusque-là occupées par la forêt, créé des milieux favorables à la reproduction des Alouettes hausse-col. De plus, le déneigement à grande échelle des routes à l’aide de camions permet aujourd’hui à ces oiseaux de se nourrir de graines mises en évidence, permettant à certains individus d’y passer l’hiver.

Certaines personnes habitant en milieu agricole ont donc la chance de les y observer et même de les attirer à leurs mangeoires. Quel bonheur de pouvoir observer ces magnifiques volatiles, confortablement installé dans la maison. Une simple planche déposée directement au sol et garnie de graines de millet ou de maïs suffit à les sustenter.

Si vous avez des suggestions de sujets pour des chroniques à venir, n’hésitez pas à me contacter par courriel à henri.denis@sepaq.com

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