Après sa relance en 2022, la boxe québécoise a pris quelques pas de recul en 2023

Frédéric Daigle, La Presse Canadienne
Après sa relance en 2022, la boxe québécoise a pris quelques pas de recul en 2023

MONTRÉAL — La boxe québécoise peine à retrouver l’erre d’aller de ses années glorieuses, qui semblent, pour le moment du moins, derrière elle.

Maintenant privés de champion, les deux principaux promoteurs québécois, Groupe Yvon Michel (GYM) et Eye of the Tiger Management (EOTTM) privilégient les petites salles ou la Place Bell en formule théâtre, quand ce n’est pas carrément l’Arabie saoudite.

Mais les deux groupes ont des boxeurs ou boxeuses qui attendent dans l’antichambre des champions du monde et 2024 pourrait s’avérer une année charnière pour les boxeurs d’ici.

La boxe étant la boxe, elle nous a aussi réservé un scandale qui alimentera les médias en début d’année.

Voici un survol de l’année 2023 sur la scène de la boxe québécoise.

Plus de championne

Les Québécoises ont mordu la poussière en championnats du monde au cours de la dernière année. Kim Clavel deux fois plutôt qu’une.

Clavel s’est d’abord inclinée devant Yesica Nery Plata en janvier, perdant sa ceinture des mi-mouches du World Boxing Council (WBC) tout en ratant l’occasion de remporter celle de la World Boxing Association (WBA), détenue par la Mexicaine.

Après une victoire contre Naomi Reyes en mai, Clavel s’est de nouveau inclinée en combat d’unification. L’Argentine Evelin Bermudez est repartie avec ses ceintures de l’International Boxing Federation (IBF) et de la World Boxing Organization (WBO), après une victoire par décision partagée qui a fait scandale et plongé GYM dans la tourmente. Nous y reviendrons.

Pour sa part, Marie-Pier Houle a eu l’opportunité de mettre la main sur la ceinture des mi-moyennes de la WBO. L’Anglaise Sandy Ryan ne l’entendait toutefois pas ainsi et elle a plutôt infligé une première défaite à la boxeuse de Terrebonne, par décision unanime.

Finalement, du côté d’EOTTM, Mary Spencer a patienté 10 mois avant de pouvoir prendre sa revanche sur la Belge Femke Hermans pour le titre des super-mi-moyennes de l’International Boxing Organization (IBO). Hermans a toutefois confirmé sa première victoire par décision majoritaire, repartant au passage avec la ceinture jusqu’alors vacante de l’IBF.

Au revoir, Marie-Ève

Première championne du monde de la boxe québécoise, Marie-Ève Dicaire a tiré un trait sur sa carrière en mars dernier.

Reine des super-mi-moyennes de l’IBF à deux reprises, sa dernière présence sur le ring aura eu lieu en novembre de l’année dernière, alors qu’elle s’est inclinée en combat d’unification contre la redoutable Natasha Jones à Birmingham, en Angleterre.

Au moment d’annoncer sa retraite, Dicaire a admis que de livrer un 21e combat professionnel a fait partie de sa réflexion. Mais à 36 ans, et «après avoir raté plusieurs anniversaires et partys de famille», l’athlète de Saint-Eustache a décidé de tourner la page.

La fin pour Pascal?

Après être sorti d’une première retraite à la suite d’une suspension pour dopage, Jean Pascal est remonté sur le ring avec dans le viseur rien de moins que le champion IBF, WBC et WBO des mi-lourds, Artur Beterbiev.

Pour ce faire, il devait battre un Allemand méconnu qui n’avait affronté pour ainsi dire personne au sein de la division, Michael Eifert, à la Place Bell en mars. Le vainqueur devait devenir l’adversaire obligatoire de Beterbiev à l’IBF.

Mais la victoire d’Eifert a été sans appel. Il a dominé le combat de bout en bout et Pascal ne l’a jamais menacé. Le clan Pascal a eu beau crier au vol, le duel n’était même pas serré.

Cette septième défaite de Pascal sonnera-t-elle le glas de sa carrière? Même s’il est toujours 13e aspirant à l’IBF, son nom n’a plus été associé à quiconque par la suite.

Quant à Eifert, il est bien l’aspirant no 1 à Beterbiev. Mais comme ce dernier livrera un combat d’unification à Callum Smith, l’Allemand devra prendre son mal en patience.

Beterbiev attend toujours Bivol

Attendant toujours sa chance de ravir la quatrième ceinture de la division à Dmitry Bivol, Beterbiev n’a défendu ses titres qu’une fois cette année.

Il a inscrit un 19e K.-O. en autant de combats face à l’Anglais Anthony Yarde en janvier, au Wembley Arena. Il n’avait pas le choix: à la surprise générale, Yarde était en avance sur deux des trois cartes des juges au moment de l’arrêt du combat.

Beterbiev devait affronter Smith dans un méga-gala présenté en partenariat avec EOTTM au Centre Vidéotron en août, mais une sévère infection causée par un traitement de canal bâclé réalisé en Russie l’a contraint à repousser cet affrontement, qui doit maintenant avoir lieu le 13 janvier, toujours dans la Vieille Capitale.

En compétition avec… l’Arabie saoudite

Comme si la compétition de l’Angleterre, de New York et Las Vegas n’était pas suffisante, il faut maintenant se méfier de l’Arabie saoudite quand vient le temps, pour les promoteurs d’ici, de miser pour la tenue de combats d’envergure.

Le royaume du Moyen-Orient est maintenant l’un des joueurs clés sur l’échiquier de la boxe. C’est d’ailleurs à cet endroit que les derniers combats de Simon Kean et Arslanbek Makhmudov ont eu lieu.

Si Makhmudov a inscrit un autre K.-O. facile (trop?) au premier round de son affrontement contre Junior Anthony Wright, Kean a subi une correction, s’inclinant par K.-O. au troisième round devant Joseph Parker.

Cette défaite a poussé Kean à réfléchir à son avenir en boxe. Makhmudov devait quant à lui remonter sur un ring saoudien ce samedi, face à Agit Kabayel. Un boxeur invaincu qui, espère son clan, donnera une plus grande opposition au Montréalais d’origine russe.

Mbilli et Bazinyan dans l’antichambre

Après une année faste, les super-moyens Christian Mbilli et Eric Bazinyan sont positionnés en tête des classements et EOTTM travaille d’arrache-pied pour leur trouver un combat de championnat.

Après deux victoires, dont une spectaculaire face à Carlos Gongora, Mbilli apparaît aux premier (WBC, WBA), troisième (IBF) et sixième rangs (WBO) des classements mondiaux. Bazinyan, auteur de trois victoires en autant de sorties, vient quant à lui en deuxième (WBA), troisième (WBC), quatrième (IBF) et cinquième (WBO) places de ces classements.

Les deux hommes seront en action en janvier : le 13, à Québec, pour Mbilli, et le 25, pour Bazinyan, qui sera la tête d’affiche du gala au Casino de Montréal.

GYM dans la tourmente

À la suite du gala du 7 octobre, au cours duquel Clavel a été battue par décision partagée, Yvon Michel et Alexandra Croft auraient «agressé verbalement et tenté d’intimider (la représentante de la RACJ lors du gala) Sylvie Lécuyer et Benoit Roussel (l’un des trois juges du combat Clavel-Bermudez)», lit-on dans un avis de convocation émis par la Régie des alcools, des courses et des jeux .

La RACJ accuse également les représentants de GYM d’avoir «tenu des propos similaires, envers la Régie et ses officiels» lors de la conférence de presse en fin de soirée.

Michel et Croft devront donc s’expliquer devant la Régie, dans des audiences fixées aux 5, 7, 8 et 9 février prochains.

Lors de la conférence de presse d’après-gala, Michel et le clan Clavel ont crié au vol, précisant qu’ils avaient demandé le retrait du juge Roussel quelques jours avant le combat, prétextant des statistiques compilées par GYM qui démontreraient que Roussel favorise la plupart du temps les boxeurs adverses.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires