OTTAWA — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick fait face à des réactions négatives à Ottawa à propos d’une nouvelle politique en matière d’éducation, notamment de la part du premier ministre Justin Trudeau, qui accuse le gouvernement de Blaine Higgs de cibler les enfants transgenres.
M. Higgs presse les élus de sa province d’adopter des changements à la politique sur l’orientation sexuelle dans les écoles, connue sous le nom de politique 713, qui obligerait les enfants de moins de 16 ans à obtenir le consentement parental pour changer leurs noms ou pronoms utilisés à l’école.
La version précédente de la politique exigeait que les enseignants obtiennent le consentement éclairé de l’élève avant de discuter des noms et des pronoms utilisés avec les parents. Cette mesure visait à rendre les écoles plus inclusives et sûres pour les enfants de la communauté LGBTQ+.
M. Higgs a justifié son changement de cap en disant qu’il «prenait une position ferme pour les familles», mais ses changements ont suscité la colère des partis d’opposition et la dissidence même au sein de son propre caucus.
Jeudi, huit députés progressistes-conservateurs, dont six ministres, ont refusé de participer à la période des questions et à d’autres travaux législatifs pour protester contre les changements du premier ministre, qui devraient entrer en vigueur le 1er juillet.
Dans un communiqué, ils ont exprimé «une extrême déception face au manque de transparence» dans le processus d’examen législatif de la politique.
Plus tard, le premier ministre Justin Trudeau a pris la parole lors d’une collecte de fonds au profit d’un organisme de défense des droits de la communauté LGBTQ+ à Toronto, affirmant que «les enfants trans ont besoin de se sentir en sécurité, et non d’être ciblés par les politiciens».
«Nous voyons cette rhétorique de colère et de haine gagner en popularité sur notre continent, ciblant en particulier les personnes trans», a-t-il déploré.
«Les acteurs politiques d’extrême droite tentent de se surpasser avec les types de cruauté et d’isolement qu’ils peuvent infliger à ces personnes déjà vulnérables. En ce moment, les enfants trans du Nouveau-Brunswick se font dire qu’ils n’ont pas le droit d’être eux-mêmes, qu’ils doivent demander la permission.»
Il a appelé la foule à s’opposer à la politique et a rappelé que le Canada s’est engagé à protéger les droits des personnes LGBTQ+. M. Trudeau n’a cependant pas précisé ce que son gouvernement avait l’intention de faire une fois la politique adoptée ni s’il prévoyait d’intervenir.
D’autres ministres fédéraux réagissent
La ministre des Langues officielles, Ginette Petitpas Taylor, qui représente une circonscription de Moncton, a aussi dénoncé publiquement la décision du gouvernement Higgs.
«Alors que nous participions à la levée du drapeau de la Fierté ce matin sur la colline parlementaire à Ottawa, le gouvernement du Nouveau-Brunswick faisait reculer les droits des personnes 2ELGBTQI+. Plus que jamais, nous devons faire entendre notre voix et dénoncer ce genre de décisions», a-t-elle écrit jeudi soir sur Twitter.
Le ministre du Travail, Seamus O’Regan, qui est homosexuel, a quant à lui écrit: «Tous les enfants ne sont pas libres d’être qui ils sont à la maison. Faisons de l’école un endroit sûr pour ces enfants.»
Le ministre Randy Boissonnault, qui est également homosexuel, a pesé ses mots pour dire que la politique met des vies en danger. «Je ne peux pas exprimer pleinement ma colère et ma déception envers le gouvernement du Nouveau-Brunswick», a-t-il souligné.
Interrogé sur la politique du Nouveau-Brunswick vendredi lors d’une conférence de presse à Toronto, le chef conservateur Pierre Poilievre a indiqué qu’il va «laisser les provinces prendre des décisions concernant leur système d’éducation».
