Le Nouveau-Brunswick n’arrive pas à fournir des services de base, indique un rapport

Hina Alam, La Presse Canadienne
Le Nouveau-Brunswick n’arrive pas à fournir des services de base, indique un rapport

FREDERICTON — Le gouvernement du Nouveau-Brunswick a peu d’objectifs mesurables en ce qui concerne l’argent qu’il consacre aux services sociaux, une faille systémique qui met le filet de sécurité de la province au bord de l’échec, selon un nouveau rapport du bureau du Défenseur des enfants, des jeunes et des ainés du Nouveau-Brunswick 

Le rapport de Kelly Lamrock de 55 pages, intitulé «Comment tout s’est écroulé», décrit un gouvernement qui a du mal à fournir des services de base tels que les soins d’urgence ou l’éducation, dans une province où il y a un «sentiment omniprésent que de multiples structures sociales s’effondrent en même temps». 

S’adressant aux journalistes lundi après la publication de son rapport, M. Lamrock a déclaré : «Nous devons apprendre aux enfants à mieux lire, nous devons mieux intervenir dans la petite enfance… nous devons améliorer le système de soins de longue durée, nous ne pouvons pas laisser des gens souffrir dans les salles d’attente des urgences pendant 24 heures».

Les échecs, a indiqué M. Lamrock, peuvent être attribués à des pénuries de personnel, à des budgets sans objectifs mesurables, à un manque de responsabilité des fonctionnaires et à une mauvaise planification de crise.

Les dépenses publiques, selon lui, ne sont pas assorties d’objectifs de résultats précis. Tandis que les fonctionnaires sont récompensés pour suivre les règles, mais découragés de résoudre les problèmes.

«Et pendant 30 ans, j’ai vu un certain nombre de gouvernements, dont celui dont je faisais partie, traverser les mêmes cycles», a souligné le défenseur.

«Le système est brisé»

Ce dernier a dit qu’il a commencé à rédiger le rapport après avoir examiné les défaillances du système de soins de longue durée et réalisé que certains de ces problèmes ne pouvaient être séparés d’un échec général de la gouvernance dans plusieurs autres ministères. Son rapport sur le secteur des soins de longue durée doit être publié plus tard cette semaine.

Le système est brisé, a-t-il souligné, quand quelqu’un estime qu’il doit devenir sans abri pour être ajouté sur une liste de bénéficiaires d’aide gouvernementale – une situation qui, selon lui, s’est produite dans la province. «Eh bien, cela signifie que nous ne pouvons pas réellement réagir de manière significative lorsque quelqu’un est au bord du gouffre, n’est-ce pas ?»

Kelly Lamrock a raconté l’histoire d’une famille qui avait besoin de ressources supplémentaires pour un enfant ayant des besoins spéciaux. Mais comme l’école ne pouvait pas s’adapter aux horaires de travail des parents, ceux-ci ont dû abandonner leur emploi pour que leur enfant puisse bénéficier de l’aide. Mais en abandonnant leur travail, ils ont été contraints à un logement précaire.

«Puis… ils ont perdu leurs téléphones portables, a-t-il expliqué, parce que la famille n’en avait pas les moyens. Donc, les travailleurs sociaux, s’ils voulaient leur parler, devaient conduire une heure jusqu’à la communauté rurale où ils ont dû déménager.»

En ce qui concerne les services de protection de l’enfance, la province ne tient pas de registres appropriés sur les meilleures pratiques, ce qui rend difficile de savoir ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas, ajoute Kelly Lamrock.

«Si vous demandiez quelle région fait le mieux pour éviter que les enfants placés dans le cadre de la protection de l’enfance ne soient blessés, nous n’en avons aucune idée.»

Dans son rapport, celui-ci a déclaré qu’il y avait eu une augmentation du nombre de jeunes dans les salles d’urgence souffrant de crises de santé mentale, une situation qui, selon lui, «révèle des lacunes en matière de soins primaires et de capacité d’interventions précoces au sein du système de santé mentale». Or, «près des trois quarts des postes de psychologues scolaires ne sont pas pourvus et les temps d’attente pour les soins de santé mentale primaires sont élevés», indique le rapport.

Il a demandé si quelqu’un au sein du gouvernement disposait de données sur le nombre de personnes dans la province susceptibles d’avoir besoin d’une aide psychologique et sur le nombre d’agents de santé disponibles. «On pourrait penser que si vous posiez ces questions, vous auriez une réponse. Et au Nouveau-Brunswick, vous auriez tort.»

Kelly Lamrock a formulé 10 recommandations sur la façon de résoudre les problèmes, notamment en fixant des objectifs clairs pour les ministères gouvernementaux et en exigeant que les dépenses soient liées à des résultats mesurables.

Réactions dans la province

Le premier ministre Blaine Higgs a publié une déclaration sur le rapport, remerciant le défenseur pour son « intérêt… pour cette question importante », mais suggérant que celui-ci s’est écarté de son mandat d’examiner le secteur des soins de longue durée.

«Nous comprenons que des examens comme celui-ci prennent souvent de l’ampleur et de la profondeur et finissent par adopter une perspective interdépartementale sur le problème en question. Malheureusement, les discussions ont été limitées avec les dirigeants du gouvernement et les ministres sur ce qui était inclus dans ce document.»

Le chef du Parti vert de la province, David Coon, a déclaré que les problèmes soulignés dans le rapport Lamrock remontent au deuxième mandat du premier ministre progressiste-conservateur Francis McKenna dans les années 1990, au cours duquel il a réduit les emplois et les budgets du gouvernement.

Sans un changement de leadership, a-t-il déclaré, il ne peut y avoir de changement dans les pratiques.

«Fondamentalement, c’est le système qui est le problème, pas les gens qui le composent. Par conséquent, nous avons besoin d’un changement de système», a soulevé M. Coon.

La chef libérale Susan Holt a déclaré que ce qui ressort clairement du rapport Lamrock est qu’il doit y avoir un changement dans la façon dont les choses sont gouvernées et dans les soins offerts aux Néo-Brunswickois.

«La chose fondamentale que j’ai retenue… du défenseur des enfants et de la jeunesse, c’est que notre modèle de gouvernement doit changer considérablement si nous voulons offrir les services dont les Néo-Brunswickois ont besoin, et ce changement est nécessaire pour le faire de manière plus responsable sur le plan financier.»

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires