Un «juste plafond» d’émission du secteur pétrolier préviendrait des milliers de morts

Stéphane Blais, La Presse Canadienne
Un «juste plafond» d’émission du secteur pétrolier préviendrait des milliers de morts

MONTRÉAL — Imposer un «juste plafond» aux émissions de gaz à effet de serre du secteur pétrolier et gazier pourrait prévenir 4800 décès prématurés sur 10 ans, selon un rapport de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (ACME).

La Presse Canadienne a appris qu’Ottawa profitera de la COP28 pour déposer, jeudi, un cadre de plafonnement des émissions du secteur pétrolier et gazier.

Ce cadre fixera donc des limites aux émissions de gaz à effets de serre provenant des sites de production industrielle.

Imposer un plafond à ces émissions est non seulement une façon de réduire les impacts de la crise climatique, mais c’est aussi une manière de sauver des milliers de vies, selon l’Association canadienne des médecins pour l’environnement.

«Ce qui a été surtout analysé dans le rapport, c’est la réduction des décès attribuables à la pollution atmosphérique, donc à différents types de polluants dans l’air, dont les oxydes d’azote et les particules fines», a expliqué la médecin de famille Claudel Pétrin-Desrosiers.

«Quand on a un plafond, on réduit notre exposition à des substances qui sont reconnues comme toxiques» et «dans la littérature scientifique, il n’y a pas de seuil jugé sécuritaire à l’exposition aux particules fines, alors toute réduction de notre exposition est réputée avoir des effets bénéfiques pour la santé», a ajouté celle qui est également présidente de l’Association québécoise des médecins pour l’environnement, la branche québécoise de l’ACME.

Si le Canada réussissait à plafonner les émissions de l’industrie à 45 % sous le niveau de 2005 , on pourrait prévenir 4800 décès prématurés sur 10 ans, selon l’ACME, qui indique avoir utilisé des données de Santé Canada pour arriver à ces estimations.

Santé Canada estime que la pollution atmosphérique contribue à 15 300 décès prématurés par année au Canada.

La production pétrolière et gazière est la plus grande source d’émissions de gaz à effet de serre au Canada. Les GES de ce secteur sont à hausse alors que la production augmente chaque année.

En 2021, elle représentait environ 30 % pour cent des émissions nationales totales. Ces statistiques tiennent compte uniquement des GES émis sur les sites de production et non des émissions produites lorsque le gaz ou le pétrole est brûlé pour servir de carburant aux véhicules, par exemple.

«En tant qu’urgentologue, j’ai vu à quel point la pollution de l’air et la crise climatique peuvent nuire à la santé des patients. C’est pourquoi je demande instamment à Ottawa de prioriser le bien-être des personnes au Canada et d’instaurer un juste plafond d’émission pour le secteur pétrolier et gazier. Il n’y a plus de temps à perdre», a déclaré le Dr Joe Vipond, ancien président de l’ACME.

Le rapport de l’ACME évalue que prévenir 4800 décès prématurés en plafonnant les émissions de l’industrie à 45 % sous le niveau de 2005 «apporterait un bénéfice économique d’environ 45,1 milliards de dollars canadiens».

«On entend souvent que la transition environnementale coûte cher (…), mais ce que ce rapport démontre est que la réduction du coût social et du coût sanitaire de la pollution et de nos gaz à effet de serre a des bénéfices directs sur la santé», a ajouté la docteure Claudel Pétrin-Desrosiers.

Le plan de plafonnement et d’échange d’émissions que prévoit présenter le gouvernement fédéral jeudi devrait entrer en vigueur dès 2026, selon une source du gouvernement.

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