Un gouvernement libéral inviterait des ministres à ses activités de financement

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Un gouvernement libéral inviterait des ministres à ses activités de financement

QUÉBEC — Un éventuel gouvernement libéral continuerait d’inviter des ministres à ses cocktails de financement.

Le Parti libéral (PLQ) a réagi ainsi mardi à la controverse qui a éclaboussé le gouvernement caquiste ces dernières semaines: des élus caquistes ont fait miroiter un accès à des ministres lors de cocktails de financement en échange d’un don de 100 $. Deux députés sont visés par une enquête de la commissaire à l’éthique. 

Encore mardi, le Parti québécois (PQ) dénonçait une activité de «réseautage» tenue l’automne dernier à Longueuil par la députée caquiste Shirley Dorismond, en compagnie du ministre du Travail, Jean Boulet, et de Michel Philibert, directeur de cabinet du ministre de l’Économie, Pierre Fitzgibbon.  

L’organisme Élections Québec, qui s’assure de l’intégrité du processus électoral, s’inquiète du «risque» que représente la participation d’un ministre à ce genre d’activité. La loi permet à tout citoyen de faire une contribution d’un maximum de 100 $ à un parti politique, mais sans contrepartie.

Le PQ a fait savoir la semaine que s’il accédait au pouvoir, il interdirait à ses ministres de prendre part aux activités de financement, mais en mêlée de presse mardi, le chef libéral intérimaire, Marc Tanguay, a dit au contraire qu’un gouvernement libéral inviterait ses ministres aux activités de financement.

«Faire en sorte que des personnes viennent faire un discours, s’adresser aux militants, ça fait partie, évidemment, des possibilités démocratiques, mais faire du racolage politique, payer 100 $ pour faire avancer vos dossiers, ça, c’est inacceptable», a plaidé M. Tanguay. 

«Je pense qu’il faudrait être excessivement prudent, ce que n’a pas été la CAQ», a-t-il conclu. 

Un ministre d’un éventuel gouvernement libéral pourra être présent aux cocktails de financement, pourra faire des discours, rencontrer les militants, mais on ne pourra pas discuter avec lui pour faire avancer un dossier.  

«Ce n’est pas la place pour ça. (…) On ne peut pas vendre ça en disant quasiment: venez faire du lobbyisme, venez pousser votre dossier.»

Mais le message serait clair: il ne serait pas question de faire miroiter une contrepartie pour la contribution, a assuré M. Tanguay.

Le PQ a commenté avec ironie la position libérale en rappelant les controverses sur le financement qui ont éclaboussé le gouvernement du PLQ avant 2012. 

«J’ai connu l’époque libérale, j’ai beaucoup suivi l’époque libérale et j’ai beaucoup suivi la question du financement du Parti libéral, a déclaré le député péquiste Pascal Bérubé. Ce n’est pas une nouvelle pour moi.»

Le cadre législatif actuel est suffisant pour encadrer la participation des ministres aux activités, nul besoin de le resserrer, a assuré le chef libéral, c’est la méthode de sollicitation et la contrepartie qu’on fait miroiter qui causent problème, selon lui.

Québec solidaire (QS) a toutefois fait savoir qu’il serait ouvert à apporter des modifications à la loi pour mieux encadrer la participation des ministres aux activités de financement. 

«La présence d’un ministre à une activité de financement soulève toutefois le risque qu’un échange intervenu dans le cadre de l’activité puisse aboutir à une décision ayant une apparence de constituer un avantage fourni en échange d’une contribution», avait écrit Élections Québec à La Presse Canadienne dans un courriel répondant à une série de questions sur le financement des partis. 

Rappelons que jeudi dernier, le chef caquiste François Legault, empêtré dans la controverse, a annoncé que son parti n’allait plus solliciter de dons des particuliers et a invité les autres partis à faire de même. Ils ont tous refusé: le problème n’est pas le financement populaire, mais d’appâter les donateurs avec un ministre en en faisant croire à un accès privilégié, ont-ils riposté.  

Une pratique «systémique» de la CAQ, a dénoncé M. Bérubé, tandis que Vincent Marissal, de QS, avait évoqué un «stratagème».   

Le PQ en a profité pour dénoncer une autre activité de financement de la CAQ tenue l’automne dernier à Longueuil, dans la circonscription de Shirley Dorismond, Marie-Victorin.  

Elle invitait les participants à venir à son «réseautage» en présence du ministre Jean Boulet et de Michel Philibert, directeur du cabinet du ministre de l’Économie.

«Je vous invite à demander aux ministres qui participent à des activités de financement si, lorsqu’ils ont des discussions avec les citoyens présents, ils les réfèrent à leur cabinet: ‘votre dossier, un tel pourrait s’en occuper ou un tel’», a lancé M. Bérubé.

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