PSPP n’imposera pas à ses élus d’envoyer leurs enfants à l’école publique

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
PSPP n’imposera pas à ses élus d’envoyer leurs enfants à l’école publique

SAINT-HYACINTHE, Qc — Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon n’imposera pas à ses élus d’envoyer leurs enfants à l’école publique.

Au cours d’un Conseil national du Parti québécois (PQ) qui portait notamment sur la valorisation de l’école publique, samedi à Saint-Hyacinthe, le chef péquiste a indiqué qu’il n’allait pas commencer à faire de l’inquisition.

Son collègue Pascal Bérubé venait alors de vanter sur la tribune l’ancienne première ministre Pauline Marois, en mentionnant qu’elle avait envoyé tous ses enfants à l’école publique, du temps où elle était ministre de l’Éducation.

«C’est sûr qu’idéalement, nos ministres de l’Éducation croient à notre système public», a convenu M. St-Pierre Plamondon en mêlée de presse.

«Autant je pense que la valorisation de l’école publique est importante, autant je ne me lancerai pas dans des inquisitions. Moi je fais mes choix.»

Lui envoie déjà sa fille aînée à l’école publique, et les deux autres, qui ne sont pas encore en âge d’aller à l’école, iront à l’école publique.

Mais quel est le message envoyé si les élus eux-mêmes n’envoient pas leurs enfants dans le réseau public? 

Selon lui, il faut «maintenir notre confiance» en un système public qui a été dévalorisé, même abandonné par certains gouvernements, a-t-il déclaré.

«Donc idéalement, on a des gens en politique qui font des choix cohérents», a-t-il poursuivi, en refusant toutefois d’aller «dans les choix familiaux et personnels des gens».

Rappelons qu’en 2002, un ministre de l’Éducation du PQ, Sylvain Simard, avait fait scandale parce que ses trois enfants fréquentaient le réseau privé.

Financement du privé

Le PQ a défendu, samedi, sa proposition de financer à 100 % les écoles privées, en échange de plus de mixité scolaire.

La formation militait pourtant auparavant pour la fin complète des subventions aux écoles privées. Actuellement, les écoles privées reçoivent du gouvernement des subventions qui correspondent à 60 % de ce qui est versé à l’école publique pour un élève régulier.

Mais dans le cahier des résolutions du Conseil national, le PQ propose plutôt d’offrir à toutes les écoles privées subventionnées d’être financées à 100 % et de devenir alors «conventionnées», ou encore de rester non conventionnées et de perdre progressivement leur financement.

«Je crois que c’est une proposition qu’il faut étudier avec sérieux», a affirmé Mme Marois, qui a été accueillie triomphalement par les militants.

«Ça permettrait d’avoir plus de mixité», a argué M. St-Pierre Plamondon en mêlée de presse en se défendant de vouloir nationaliser les écoles privées.

Ces établissements privés conventionnés à 100 % financés par l’État seraient en revanche tenus à une «plus grande équité» dans la sélection de leurs élèves, «de manière à ce qu’on ne crée pas de bulles hermétiques, des castes, pour que les enfants aient des chances égales le plus possible», a expliqué le chef du PQ.

Ceux qui refuseraient le conventionnement perdraient graduellement leur financement de l’État sous la barre des 50 %.

En complément, un gouvernement péquiste s’engagerait à ce que toutes les écoles financées par l’État offrent un choix de projets particuliers. Par contre, on ne pourrait plus exclure des élèves en fonction de leurs résultats scolaires ou leur comportement.

Ces propositions devaient toutefois être débattues et adoptées par les militants durant la fin de semaine pour devenir la position officielle du parti.

Le PQ fait valoir que le modèle actuel des écoles privées subventionnées «creuse les inégalités, divise notre société et va à l’encontre des valeurs fondamentales d’équité et d’égalité des chances du Parti québécois».

«On est confronté à un décalage, les écoles privées viennent écrémer les écoles publiques», a argué Mme Marois.

Ce bouquet de mesures, s’il est adopté, viserait à mettre fin à ce qu’on surnomme «l’école à trois vitesses»: une école qui reproduit les inégalités, où «les élèves reçoivent une éducation différenciée en fonction de leur origine sociale ou leur rendement scolaire», peut-on lire.

Par école à trois vitesses, on entend soit une école publique avec un programme régulier, soit une école publique sélective avec des programmes particuliers, ou encore une école privée.

Dans un bulletin en mai 2023, l’Observatoire québécois des inégalités affirmait: «Si les familles ne se soucient pas au passage du primaire au secondaire du choix de l’école et du programme de leur enfant, elles risquent de le voir être confronté à des difficultés d’accès et de réussite au postsecondaire.»

Le Conseil supérieur de l’éducation avait conclu dans un rapport que l’école québécoise était la plus inégalitaire au pays. 

Même l’ONU demande désormais au Canada de l’informer «sur les mesures prises pour assurer aux élèves un accès égal à l’éducation dans le cadre du système scolaire à trois vitesses au Québec».

Le ministre de l’Éducation, Bernard Drainville, a toutefois déjà tranché qu’il n’avait pas l’intention de mettre fin à l’école à trois vitesses.

Téléphones intelligents

Outre l’égalité des chances, le Conseil national comporte des ateliers à la fois sur la revalorisation du rôle de l’enseignant que sur le développement préscolaire et le soutien aux adolescents.

Après avoir milité pour l’interdiction du téléphone cellulaire en classe, le PQ voudrait aller un peu plus loin.

Une proposition recommande d’interdire les dispositifs électroniques personnels partout dans l’école. Le chef s’est toutefois interrogé sur les modalités d’application d’une telle mesure.

Pour revaloriser la profession d’enseignant, le PQ propose notamment d’améliorer les conditions de travail en diminuant les ratios élèves/enseignant, mais aussi en mettant sur pied un comité indépendant pour solutionner la pénurie d’enseignants en proposant des mesures.

Enfin, dans l’atelier sur le développement préscolaire et le soutien aux adolescents, le PQ veut entre autres améliorer la détection des problèmes de santé mentale et leur traitement.

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