PL23: des groupes demandent au ministre Drainville d’abandonner sa réforme

Lia Lévesque, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Des syndicats du milieu de l’enseignement, des professeurs d’université et des défenseurs de l’école publique demandent au ministre Bernard Drainville d’abandonner sa réforme.

Le projet de loi 23 du ministre de l’Éducation modifie la Loi sur l’instruction publique et, entre autres, crée l’Institut national d’excellence en éducation (INEE).

Il permet au gouvernement de nommer le directeur général des Centres de services scolaires, permet au gouvernement d’édicter des normes en vertu desquelles certains services éducatifs pourront être donnés à distance et autorise le ministre de l’Éducation à prévoir des modalités de formation continue obligatoire pour les enseignants.

Au cours d’une conférence de presse commune lundi, une dizaine d’intervenants ont dénoncé cette réforme, lui reprochant notamment de donner trop de pouvoirs au ministre de l’Éducation, de réduire l’autonomie des enseignants, de faire fi de l’opinion des chercheurs en éducation, de «déprofessionnaliser» la profession d’enseignant en accordant des autorisations légales d’enseigner après des formations plus brèves.

Le projet de loi «ouvre toute grande la porte à l’enseignement à distance», a déploré Brigitte Bilodeau, première vice-présidente de la Fédération des syndicats de l’enseignement (FSE) affiliée à la CSQ.

Mme Bilodeau critique aussi l’arrivée de l’Institut national d’excellence en éducation «qui va faire la promotion de certains types de recherches qui va amener les enseignants à devoir adopter des pratiques pédagogiques dites efficaces, donc qui va faire appel probablement à des enseignants, des techniciens, des applicateurs de recettes pédagogiques choisies ailleurs. On va imposer, par le biais de l’INEE, des formations en ce sens, donc les enseignants perdent l’autonomie de choisir les formations qui répondent le mieux à leurs besoins et à ceux de leurs élèves».

La réforme «donne des autorisations d’enseigner à des gens qui ne font que s’inscrire à une formation», a dénoncé à son tour Annie-Christine Tardif, vice-présidente de la Fédération autonome de l’enseignement (FAE).

Si le projet de loi est adopté tel quel, il aura «pour effet de légitimer une mainmise directe du ministre de l’Éducation sur les programmes universitaires de formation des enseignants», a déploré Madeleine Pastinelli, présidente de la Fédération québécoise des professeurs d’université (FQPPU).

«On n’a pas écouté le personnel de l’éducation, on n’a pas écouté les profs, le personnel de soutien, les professionnels, on n’a pas écouté les universitaires, on n’a pas écouté les chercheurs, on n’a pas écouté les oppositions. On n’a pas écouté tous ceux qui avaient des choses à dire, qui sont acteurs, et qui prenaient des éléments pour bonifier le projet de loi qui ne répond pas aux attentes», a conclu le président de la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), Éric Gingras.

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