Paul St-Pierre Plamondon riposte à François Legault sur l’indépendance

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
Paul St-Pierre Plamondon riposte à François Legault sur l’indépendance

SAINT-HYACINTHE, Qc — Le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon a riposté dimanche à François Legault qui le met au défi de «dire la vérité aux Québécois» et de parler des sacrifices qu’implique l’indépendance: il n’y a «pas de sacrifice», a-t-il assuré.

«On peut appeler ça du travail, mais je ne le vois pas comme un sacrifice pour autant, ça va se faire spontanément parce que ça va être la fierté qui remplace la peur», a-t-il dit en mêlée de presse, à la fin d’un Conseil national du Parti québécois (PQ) qui portait sur l’éducation, à Saint-Hyacinthe.

Sapin de Noël 

«Mais travailler avec fierté, moi je le fais quand je fais mon sapin de Noël, a-t-il poursuivi. Je le fais quand je fais des affaires que je fais avec fierté, avec bonheur, qui sont du travail.»

Il demande plutôt au chef caquiste de parler des sacrifices que devront faire les Québécois s’ils restent dans la fédération, comme encaisser leur recul linguistique et démographique.

M. St-Pierre Plamondon était alors questionné sur la transition — «négocier, faire des ajustements, bâtir» pour reprendre ses mots — qui suivrait un référendum favorable à l’indépendance.

«Je n’ai pas de capacité à dire combien d’années exactement» durerait la transition, a-t-il précisé, en ajoutant qu’il y aurait une «impulsion» qui durerait deux ou trois ans, parce que l’indépendance stimulerait l’économie, comme le postule son document sur les finances publiques déposé la semaine dernière. 

Mais qu’en est-il des conséquences négatives?

«Ce n’est pas probable, ce n’est pas le scénario le plus probable. Les études qu’on a déposées ne penchent pas en faveur du scénario d’incertitude économique, au contraire.»

Le leader indépendantiste anticipe même une vague d’enthousiasme au lendemain d’un «Oui» au référendum.

«Les gens vont être beaucoup plus prompts à participer socialement. Les liens sociaux vont être plus forts. Je pense que c’est un acte fondateur de citoyenneté dans un Québec qui est à la recherche de plus de collaboration.»

Sacrifices du statu quo

Dans son discours de clôture, le leader du PQ a demandé à François Legault de parler des sacrifices qu’implique le statu quo dans la fédération canadienne.

«On veut parler de vérité? On va parler de vérité, let’s go!» a lancé M. St-Pierre Plamondon.

Il a alors évoqué le déclin démographique du Québec au Canada, le recul du français ici et partout au pays, l’endettement fédéral qui a doublé, tandis que la fonction publique fédérale a augmenté de 40 % sans qu’on obtienne davantage de services, «l’argent gaspillé» dans les dédoublements et chevauchements de pouvoirs entre Ottawa et Québec, etc.

«On est en voie de devenir minoritaires et toujours plus minoritaires», a-t-il dénoncé, en y voyant une disproportion dans les sacrifices entre l’indépendance et le statu quo fédéral.

Demeurer dans la peur

«François Legault nous invite à renoncer, à demeurer dans la peur», a lancé son adversaire du PQ.

«La peur a toujours été l’argument de base des fédéralistes» et jamais leur argumentaire «n’a été aussi faible», a soutenu M. St-Pierre Plamondon. 

Tous les partis en Chambre, même le Parti libéral et la CAQ, ont voté la semaine dernière pour une motion qui affirme que le Québec indépendant est viable sur le plan économique, a-t-il rappelé.

Le seul argument qu’il reste aux fédéralistes repose sur les coûts de la transition, mais «nous, on a des études qui affirment qu’un Québec serait prospère et eux n’ont pas d’études! a-t-il opiné. C’est pas mal faible»!

Yes we can

Il a terminé son discours devant les militants galvanisés en lançant: «Oui, on est capables!» Cela rappelle en fait le slogan du président américain Barack Obama: «Yes we can.»

M. St-Pierre Plamondon a dit qu’il n’avait pas fait le lien et tenu à expliquer ce qu’il voulait dire par ce slogan.

«Nous méritons d’exister sur la scène internationale. Nous méritons de donner à nos enfants la pérennité linguistique et culturelle. Ne nous contentons pas de moins, même si des gens essaient de nous décourager en disant: il y a des sacrifices.»

Le PQ a encore du pain sur planche pour documenter et présenter son argumentaire sur son option. 

Après avoir présenté les finances d’un Québec souverain la semaine dernière, il prépare une réplique à l’Initiative du siècle, ce projet d’un groupe canadien qui vise à augmenter la population du Canada jusqu’à 100 millions de personnes en 2100 grâce à l’immigration.

Il déposera également un «livre bleu», une forme de questions-réponses sur l’indépendance en 2025 et enfin, il présentera une définition de la citoyenneté québécoise en 2026.

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