«On est cuit» si on reste dans le «régime fédéral», dit PSPP

Patrice Bergeron, La Presse Canadienne
«On est cuit» si on reste dans le «régime fédéral», dit PSPP

DRUMMONDVILLE, Qc — «Nous vivrons bel et bien un troisième référendum» sur la souveraineté avant la fin de cette décennie, a déclaré dimanche le chef péquiste Paul St-Pierre Plamondon, persuadé de pouvoir former le prochain gouvernement en 2026. 

Et ce référendum pourrait très bien être celui de la dernière chance, a-t-il laissé entendre, car une «menace existentielle» du fédéral plane «contre notre peuple».

Ottawa a annoncé au cours des dernières semaines son intention d’empiéter sans vergogne sur les champs de compétence du Québec, en habitation, en santé, en assurance-médicaments, en soins dentaires, a déploré le leader indépendantiste. 

«Vous allez me dire: qu’est-ce que ça change si le logement s’améliore?» a-t-il lancé en conférence de presse, au terme du conseil national de son parti à Drummondville.

«Ça change qu’on est en train de tomber dans un régime qui n’est plus une fédération, mais un État de plus en plus unitaire, dans le cadre duquel notre poids politique sera moins du cinquième des voix, dans un État unitaire qui a un historique de discrimination envers les francophones. Que sera notre sort comme Québécois si on n’a même pas le cinquième des voix d’un gouvernement qui décide à notre place? On est cuit!»

Car «le Canada nous réserve un avenir sombre», a prédit M. St-Pierre Plamondon.

«C’est un régime qui ne veut qu’écraser ceux qui refusent de s’assimiler», a-t-il lancé dans son discours devant les militants réunis pour un conseil national de deux jours qui a porté sur l’habitation.

Il y a des «tendances lourdes irréversibles» vers la marginalisation des francophones au pays et vers la centralisation des pouvoirs à Ottawa, a-t-il poursuivi, en affirmant qu’une «fenêtre» historique s’ouvre.

Dans son discours, il a lancé que «notre moment arrivera», c’est-à-dire le moment où les Québécois pourront choisir l’indépendance, après les deux échecs référendaires précédents, en 1980 et en 1995. 

Galvanisé par les sondages qui le placent à répétition en première position, le chef péquiste a été acclamé par 500 militants et observateurs.

«Nous avons le devoir de gagner» pour «sortir de notre défaitisme», a-t-il insisté, c’est «notre chance ultime de se donner une pérennité linguistique et culturelle».

Le discours très affirmé du chef péquiste a suscité des réactions très vives de ses adversaires.

«Il est déjà certain de gagner une majorité en 2026, a écrit dans le réseau X Stéphane Gobeil, du cabinet du premier ministre François Legault. C’est soit de l’arrogance, soit de l’euphorie mal contrôlée.»

«Paul St-Pierre Plamondon est de loin le chef du Parti québécois le plus radical, a écrit le chef libéral intérimaire Marc Tanguay. En pointant des coupables, il mise sur la peur pour mousser son option indépendantiste.»

Dans son allocution, M. St-Pierre Plamondon a tendu la main aux citoyens de toutes les orientations politiques pour réaliser l’indépendance, car les sondages suggèrent que le parti resterait plus populaire que l’option indépendantiste, encore la barre de 50 % d’appuis.

«Nous aurons tôt ou tard le devoir de former la plus grande coalition pour le Oui (à l’indépendance) que le Québec n’aura jamais connue. (….) Que vous soyez conservateurs, progressistes, centristes, libertariens, de droite économique ou même pastafarien, ça n’a aucune importance, compte tenu de l’état de la nation.»

Il a appelé les Québécois à penser en «bâtisseurs, en entrepreneurs, en gagnants», pour reprendre ses mots.

«Pensez en Alphonse et Dorimène Desjardins, pensez en Bombardier, pensez en Maurice Richard! Nous l’avons en nous, c’est dans notre ADN.» 

Il a aussi soutenu que «le Parti québécois (PQ) est bel et bien la première force politique au Québec».

M. St-Pierre Plamondon a reconnu que rien ne destinait sa formation à cette position quand il a été élu en 2020 à la tête du PQ, alors au plus bas dans les sondages.

Il a affirmé que c’est parce que le PQ a tenté de changer le cours de l’Histoire qu’il est arrivé à remonter, notamment quand les élus péquistes ont refusé de prêter le serment obligatoire au roi après le scrutin de 2022.     

Habitation

Ce conseil national portait sur l’habitation en raison de la crise actuelle du logement.

Parmi les propositions adoptées, le PQ s’engage, s’il prend le pouvoir, à financer la construction d’un minimum de 45 000 logements hors marché sur cinq ans, dont 10 000 pour les étudiants dans les villes où il y a des universités et des cégeps.

Cette solution n’est toutefois pas chiffrée, donc on ignore ses coûts. 

Le PQ veut aussi faire interdire les locations de type Airbnb dans les villes où le taux d’inoccupation est inférieur à 3 %, à l’exception des zones de villégiature.

Le parti de Paul St-Pierre Plamondon s’engage aussi à offrir des incitatifs financiers aux entreprises pour encourager la reconversion des espaces à bureaux vacants en habitations.

Autre proposition, le PQ mettrait en place un catalogue national de plans de bâtiments préapprouvés pour accélérer la construction. 

Le PQ rappelle qu’en 2023, dans près de trois quarts des 71 municipalités comptant plus de 10 000 habitants au Québec, le taux d’inoccupation était de 1 %, alors qu’un marché est considéré comme équilibré quand il avoisine le 3 %. 

Le PQ a pratiquement adopté l’ensemble de son cahier de propositions.

Contrairement aux conseils nationaux d’autrefois au PQ où on se déchirait dans des débats sur des résolutions et des amendements, maintenant les délégués révisent les propositions dans des ateliers en amont la première journée pour prévenir les écueils et rallier les adversaires. 

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