Mieux isoler les résidences permettrait des économies d’énergie massives

Pierre Saint-Arnaud, La Presse Canadienne
Mieux isoler les résidences permettrait des économies d’énergie massives

MONTRÉAL — Il serait possible d’aller chercher une quantité d’énergie équivalente à deux fois et demie celle produite par le complexe La Romaine sans toucher à une seule rivière et sans ériger une seule éolienne.

L’amélioration de l’isolation et de l’étanchéité des enveloppes de bâtiments résidentiels représenterait un potentiel de 11 à 15 TWh qui seraient ainsi dégagés pour d’autres utilisations.

C’est ce que soutient l’Association qui regroupe les constructeurs d’habitation du Québec (APCHQ) sur la base d’une étude de la firme Dunsky, spécialisée en analyse et stratégie dans les domaines du bâtiment, de la mobilité et de l’industrie.

Vieux bâtiments mal isolés

Les données recueillies par l’APCHQ démontrent qu’un peu plus de la moitié (53 %) des habitations au Québec ont été construites avant 1980 et des données publiées en 2023 par Ressources naturelles Canada montrent que les immeubles construits avant 1984 ont de 67 % à 172 % plus de besoins thermiques que ceux construits après 2011. 

À elles seules, les maisons unifamiliales rurales construites avant 1960, de véritables passoires pour la plupart, représentent un potentiel d’économies de 5,8 TWh, selon un rapport de Ressources naturelles Canada produit plus tôt cette année pour l’APCHQ.

Il s’agit là d’un potentiel d’économies d’énergie beaucoup plus important que ce que prévoit Hydro-Québec dans son Plan d’action présenté jeudi. La société d’État y souligne que son plan d’approvisionnement déposé il y a un an visait des économies d’énergie équivalant à 1,8 TW, mais qu’elle aspire maintenant à doubler ce résultat pour atteindre 3,5 TW.

«Chauffer l’extérieur»

Cet objectif de 3,5 TW d’économies d’Hydro-Québec repose sur plusieurs axes, mais le plus important est d’accroître le soutien financier pour l’installation d’équipements écoénergétiques comme des thermopompes, des thermostats intelligents et des contrôleurs de chauffe-eau. L’APCHQ fait toutefois valoir, dans un communiqué publié dans les heures suivant la présentation du Plan, que «bien que l’adoption récente de thermopompes par les Québécois et les Québécoises soit prometteuse, si la maison est mal isolée, cela revient à chauffer l’extérieur».

À cet effet, le Plan d’Hydro se contente de mentionner que «nous encouragerons la réalisation de rénovations écoénergétiques, par exemple l’amélioration de l’enveloppe thermique des bâtiments existants». 

Bonifier l’aide

Certes, les données publiées par l’APCHQ ne sont pas désintéressées puisque ce sont ses membres qui seraient appelés à réaliser ces travaux de rénovation du parc immobilier résidentiel plus âgé. Il ne faut pas se surprendre qu’elle réclame, pour aller chercher ces gains d’efficacité, de doubler les aides financières et arrimer les programmes de subventions fédérales et provinciales en efficacité énergétique et de bonifier les programmes pour les rénovations écoénergétiques. L’organisme souhaite également une réglementation plus serrée sur les rendements énergétiques de travaux de rénovation et d’autres mesures.

En contrepartie, son président-directeur général, Maxime Rodrigue, fait valoir qu’«en 2023, c’est un non-sens de penser à développer de nouvelles ressources quand on n’utilise pas à plein potentiel et même qu’on gaspille l’existante».

L’APCHQ fait valoir que ce «gisement énergétique» peut être récolté à court terme sans poser d’enjeux d’acceptabilité sociale. 

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