Les PM de l’Atlantique soulagés de la suspension de la tarification sur le mazout

La Presse Canadienne
Les PM de l’Atlantique soulagés de la suspension de la tarification sur le mazout

HALIFAX — Les premiers ministres des provinces de l’Atlantique saluent la suspension de la tarification fédérale du carbone sur le mazout dans cette région, affirmant que cette décision aidera des consommateurs à faire face aux coûts croissants de chauffage.

Le premier ministre de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a salué vendredi la «pause» de trois ans sur le mazout domestique. Mais il a estimé que le prix de l’essence et d’autres carburants «est toujours très punitif» pour les consommateurs.

M. Houston, un progressiste-conservateur, a déclaré que son gouvernement n’avait jamais cru que cette tarification serait efficace pour réduire la consommation de mazout domestique ou les émissions de gaz à effet de serre (GES) dans la province.

Le mazout domestique est encore très utilisé dans les provinces de  l’Atlantique: un tiers des maisons sont chauffées au mazout, une proportion beaucoup plus élevée que dans le reste du Canada.

Le premier ministre de l’Île-du-Prince-Édouard, Dennis King, a soutenu vendredi en entrevue qu’il faisait pression sur Ottawa depuis «des mois et des mois» pour «essayer de leur faire prendre conscience qu’ajouter 18 cents le litre au mazout domestique allait mettre des milliers d’insulaires dans une situation très précaire».

M. King, lui aussi progressiste-conservateur, a déclaré que jusqu’à ce que la province ait un meilleur accès à d’autres options de combustible, «tout ce que la taxe fait ici, c’est augmenter le coût à la pompe».

Le premier ministre de Terre-Neuve-et-Labrador, Andrew Furey, a indiqué dans une déclaration écrite que son gouvernement libéral était heureux que son homologue fédéral, Justin Trudeau, ait écouté les demandes des premiers ministres provinciaux dans ce dossier.

Le premier ministre du Nouveau-Brunswick, Blaine Higgs, estime quant à lui que M. Trudeau n’est pas allé assez loin: il souhaiterait qu’Ottawa abandonne carrément cette tarification sur le carbone. «Cela nous coûte plus d’argent pour vivre et travailler, et c’est la cause profonde de la situation dans laquelle nous nous trouvons. Alors, débarrassons-nous-en», a-t-il déclaré vendredi à l’Assemblée législative.

Trudeau «panique», dit Poilievre

Le gouvernement fédéral a annoncé cette suspension sur le mazout jeudi, ainsi qu’une augmentation de la remise pour les Canadiens des régions rurales. Il a aussi annoncé des incitatifs supplémentaires à l’achat de thermopompes, alors que les préoccupations en matière de coût de la vie ont placé les libéraux fédéraux en difficulté dans les sondages au Canada atlantique.

La décision annoncée jeudi a fourni des munitions au chef conservateur fédéral, Pierre Poilievre, pour une série de rassemblements qu’il organise dans la région sous le thème justement d’«Abolir la taxe». Il en avait organisé un jeudi soir à Windsor, en Nouvelle-Écosse, et il devait y en avoir un autre vendredi soir à Saint-Jean, Terre-Neuve-et-Labrador.

Lors d’une conférence de presse à Saint-Jean, vendredi matin, il a qualifié de «petit gadget» la «volte-face» de Justin Trudeau, qui est selon lui «en train de capoter, en panique totale».

Le chef conservateur a souligné que même si ceux qui chauffent leur maison au mazout bénéficieront d’une pause temporaire, la tarification fédérale sur le carbone s’applique toujours à tous les autres combustibles.

«N’oubliez pas qu’il (Trudeau) dit que s’il est réélu aux prochaines élections, il rétablira un an plus tard la taxe sur le mazout domestique», a déclaré M. Poilievre aux journalistes.

Les quatre provinces de l’Atlantique n’ont commencé qu’en juillet dernier à payer la tarification sur le carbone d’Ottawa, après que les régimes provinciaux de réduction des émissions de GES ont été jugés non conformes aux normes fédérales.

Au même moment, Ottawa a introduit une nouvelle «norme sur les combustibles propres» afin de compenser les émissions de l’essence et du diesel. Les régies des services publics des provinces de l’Atlantique, qui fixent les prix de l’essence, ont alors augmenté jusqu’à huit cents le litre les prix à la pompe.

Les effets combinés des deux politiques ont fait que l’essence à elle seule a augmenté de 20 cents ou plus le litre en quelques jours dans les provinces de l’Atlantique.

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