Les jeunes adultes plus vulnérables aux fraudes bancaires et en ligne

Marie-Ève Martel, La Presse Canadienne
Les jeunes adultes plus vulnérables aux fraudes bancaires et en ligne

MONTRÉAL — Les 18 à 34 ans sont les plus touchés par les escroqueries bancaires et en ligne. C’est ce que révèle une enquête menée par Ipsos pour le compte des Comptables professionnels agréés (CPA) du Canada, entre le 3 et le 5 janvier auprès d’un échantillon de 2005 Canadiens adultes.

En effet, près des deux tiers (63%) des jeunes de cette tranche d’âge ayant répondu au sondage ont indiqué avoir été victime d’au moins un type de fraude financière au cours de leur vie. La proportion de victimes descend à 39% chez les 35 à 54 ans et à 31% chez les 55 ans et plus.

Ces résultats ont surpris les commanditaires de l’étude, qui s’attendaient à ce que la tendance s’amplifie avec l’âge. «Ce qu’on est portés à croire, avec ces données-là, c’est que le niveau d’exposition est un facteur de vulnérabilité, indique David-Alexandre Brassard, économiste en chef au CPA Canada. Ainsi, plus on utilise des cartes de crédit ou de débit, et plus on réalise de transactions en ligne, plus on est exposés à des tentatives de fraude.»

En effet, la popularité des sites de vente et des transactions facilement conclues en ligne facilite le travail des fraudeurs. Selon le sondage, les consommateurs âgés de 18 à 54 ans sont deux fois plus susceptibles de faire des achats importants sur le web que les 55 ans et plus.

Se confier pour prévenir

La fraude par carte de crédit demeure le type d’arnaque la plus courante avec 21% de tous les utilisateurs de cartes en ayant été victimes, confirme le sondage. La fraude par courriel, ou hameçonnage, et la fraude par carte de débit comptent pour leur part 8% de victimes chacune parmi les répondants à l’enquête.

«Ce qu’on remarque, c’est qu’il y  a vraiment beaucoup de types de fraudes, mentionne M. Brassard. Outre les fraudes par carte, il y a les fraudes en ligne par transfert d’argent, par le téléphone cellulaire, et on n’a pas encore inclus le vol d’identité. Il y a une panoplie de possibilités de fraude, et le défi est d’apprendre à la reconnaître.»

L’une des manières d’y parvenir est d’aborder le sujet avec son entourage. Le fait de s’avouer victime de fraude demeure toutefois tabou, alors que seulement 27% des victimes en parlent à leur famille et qu’elles sont encore moins nombreuses (22%) à en avoir glissé un mot à des amis, indique l’enquête.

Et c’est au Québec que les gens sont les plus réticents à partager leur mésaventure avec une autre personne, souligne M. Brassard. 

«Mais c’est important d’en parler, de tenir au courant les gens autour de nous. C’est en en parlant que les nouvelles stratégies de fraude ou d’hameçonnage vont être connues des autres et que ça les sensibilisera», illustre l’économiste.

Avoir l’oeil averti 

Avec l’utilisation croissante des services bancaires en ligne (78% des répondants), les fraudes financières commises virtuellement sont à la hausse, tout comme le vol d’identité.

Afin d’éviter de voir de rondelettes sommes ou son identité être subtilisées par des individus aux sombres desseins, CPA Canada propose quelques conseils.

L’organisation suggère d’abord d’éviter de communiquer ses renseignements financiers en ligne, sauf sur des sites qui sont sécurisés. Les cybercriminels sont passés maîtres dans l’art de cloner des sites légitimes; un œil averti peut remarquer quelques différences, mais il est facile de tomber dans le panneau. 

Actuellement, environ 24 % des répondants au sondage ont indiqué ne pas tenir compte de la sécurité du site avant d’y inscrire ses informations bancaires.

Les sites légitimes sont généralement reconnaissables à leur adresse, qui commence par «https», ce qui permet de les différencier des sites frauduleux. 

«Malgré les mesures prises par les banques canadiennes pour nous informer et nous protéger, il reste difficile de savoir qui se cache derrière l’écran, mentionne Doretta Thompson, chef du développement de la littératie financière à CPA Canada, dans un communiqué. Beaucoup d’escrocs usent de tactiques d’usurpation d’identité afin de voler de l’argent ou des renseignements personnels.»

CPA Canada recommande aussi de ne pas utiliser des réseaux Wi-Fi publics ou non sécurisés pour entrer ses renseignements personnels.

Dans un autre ordre d’idées, il est important de connaître les politiques de son institution financière lorsqu’une fraude par carte de crédit est commise. CPA Canada invite les utilisateurs à ne pas divulguer leur NIP à qui que ce soit et à choisir une combinaison de chiffres qui sera difficile à deviner, contrairement à une date anniversaire ou à une adresse. Ce NIP peut être changé régulièrement pour maximiser la protection de ses avoirs.

Du même souffle, les compagnies émettrices de cartes de crédit protègent leur clientèle de pertes financières liées à une utilisation frauduleuse ou non autorisée, pour autant soit peu que ces politiques soient respectées. Ainsi, la responsabilité des détenteurs de cartes est limitée à une petite somme, fixée à 50$, en cas de fraude.

Enfin, CPA Canada invite quiconque ayant été victime de fraude à la signaler au service de police local et au Centre antifraude du Canada.

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Cette dépêche a été rédigée avec l’aide financière de la Bourse de Meta et de La Presse Canadienne pour les nouvelles.

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