Les enfants de la DPJ obtiennent moins leur diplôme d’études secondaires

Jacob Serebrin, La Presse Canadienne

MONTRÉAL — Les enfants placés sous la responsabilité de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ont moins de chance de terminer leurs études secondaires que les autres, indique une étude commandée par le gouvernement québécois et qui a été publiée cette semaine.

L’étude menée par des chercheurs de plusieurs universités québécoises indique que seulement 37 % des jeunes placés avaient obtenu leur diplôme d’études secondaires à l’âge de 21 ans, contre 86 % pour tous les autres enfants.

Elle révèle également que le tiers de ces jeunes se retrouvent sans emploi, sans études ou sans formation à 21 ans, comparativement à moins de 10 % pour la population générale du même âge.

«À travers les difficultés que ces jeunes rencontrent en emploi, on observe des failles institutionnelles qui entraînent des désavantages et des inégalités sociales notables», a déclaré María Eugenia Longo, professeure à l’Institut national de la recherche scientifique et qui fait partie des principaux auteurs de l’étude, dans un communiqué.

L’étude a révélé que plus de 2000 jeunes qui quittent le système de protection de la jeunesse chaque année ont besoin d’un soutien accru pour se préparer à la vie adulte et pour s’assurer qu’ils disposent d’un environnement de vie stable le plus rapidement possible après leur sortie.

Les chercheurs ont également constaté que les milieux de vie instables, tels que les changements de placement dans le cadre de la protection de la jeunesse, rendent plus difficile le maintien de l’emploi des jeunes, notant que les jeunes qui étaient encore pris en charge devaient souvent quitter leur emploi ou changer d’école en cas de déménagement.

Jessica Côté-Guimond, la directrice du Collectif Ex-Placé DPJ, souligne que les enfants placés sous la responsabilité de la DPJ peuvent demeurer dans cinq à neuf domiciles différents.

«L’instabilité résidentielle pendant le placement est l’un des éléments les plus prédicteurs de l’instabilité dans la vie adulte», a-t-elle déclaré, en entrevue. Elle a ajouté que ceux qui avaient plus d’instabilité lorsqu’ils étaient pris en charge couraient un risque plus élevé de se retrouver en situation d’itinérance, d’avoir des problèmes de santé mentale ou de «ne pas être en formation ou en emploi».

Mme Côté-Guimond a soutenu que les jeunes Québécois pris en charge ont besoin de plus de ressources à mesure qu’ils vieillissent hors du système.

«Ce que ça nous révèle, c’est qu’il y a un manque majeur de soutien, d’accompagnement au niveau de la transition à la vie adulte pour aider les jeunes», a-t-elle affirmé.

Mme Côté-Guimond a indiqué que d’autres provinces, comme la Colombie-Britannique et l’Ontario, ont fait un meilleur travail pour aider les enfants à quitter la prise en charge. Et même si un programme offrant une aide financière et du mentorat est disponible au Québec, il n’existe que dans quatre régions sur 17, créant des inégalités au sein de la province.

Elle a déclaré que le soutien aux jeunes doit venir des ministères de l’Éducation, de l’Enseignement supérieur et de l’Emploi, ainsi que des autorités de protection de la jeunesse.

Davantage d’aide psychologique est aussi nécessaire pour aider à la fois les enfants confrontés à un traumatisme et ceux ayant des troubles d’apprentissage, a-t-elle soutenu, ajoutant que les ressources pour ce type de besoins sont souvent limitées dans les écoles.

De nombreux jeunes qui sont passés par le système de protection de la jeunesse se retrouvent dans des programmes d’éducation pour adultes qui n’offrent pas le type de soutien spécialisé dont ils ont besoin, a-t-elle dit.

L’étude, menée entre février 2023 et février 2024, a porté sur les données de 1136 jeunes âgés de 16 à 24 ans qui avaient bénéficié ou bénéficiaient de la protection de la jeunesse. Les chercheurs ont également mené des entretiens avec 30 de ces jeunes.

Partager cet article
S'inscrire
Me notifier des
guest
0 Commentaires
Inline Feedbacks
Voir tous les commentaires