Le fédéral mécontent de la politique albertaine sur le choix des pronoms à l’école

Colette Derworiz et Dean Bennett, La Presse Canadienne
Le fédéral mécontent de la politique albertaine sur le choix des pronoms à l’école

CALGARY — Les modifications proposées par l’Alberta aux règles concernant les jeunes transgenres mettront des enfants en danger, selon le ministre fédéral de la Santé, Mark Holland.

En point de presse, jeudi à Ottawa, M. Holland a rappelé que les questionnements sur l’identité sexuelle sont l’une des raisons principales qui poussent des jeunes à s’enlever la vie.

M. Holland a l’intention de rencontrer prochainement la ministre de la Santé de l’Alberta, Adriana LaGrange, pour trouver une «solution» aux politiques annoncées mercredi par la première ministre Danielle Smith.

«L’impact de cette politique-là, c’est désastreux», a lancé le ministre Holland lors de sa rencontre avec les journalistes à la Chambre des communes.

«Quand l’Alberta présente une position comme ça, ça menace la santé de jeunes filles et de jeunes hommes en Alberta, mais (aussi) partout au pays, parce que ça continue d’attaquer des personnes qui sont tellement vulnérables», a-t-il déploré.

Mercredi, Mme Smith a annoncé que son gouvernement mettra en place des dispositions qui feront notamment en sorte que les élèves de 15 ans et moins qui souhaitent changer de nom ou de pronom à l’école devront d’abord obtenir le consentement parental.

Les élèves de 16 et 17 ans qui souhaiteront changer de nom ou pronom n’auront pas à obtenir le consentement parental préalablement, mais leurs parents devront en être informés.

Mme Smith a également indiqué que son gouvernement imposera des restrictions concernant l’hormonothérapie et la chirurgie pour les adolescents transgenres, ainsi que sur la participation à des sports pour les femmes transgenres.

Présent aux côtés de M. Holland, le ministre fédéral de la Justice, Arif Virani, a précisé qu’il est encore trop tôt pour s’avancer à propos d’éventuelles contestations judiciaires.

«Ils ont annoncé ce qu’ils envisageaient de faire. Ils n’ont rien déposé. Il n’y a pas de législation», a souligné M. Virani.

Le ministre a appuyé M. Holland pour dire que les propositions de Mme Smith mettraient en danger des jeunes vulnérables.

«Cibler cette petite minorité à des fins politiques en Alberta — comme semble le faire la première ministre — n’est pas digne de sa fonction», a tranché M. Virani.

L’opposition s’oppose aux mesures

Mme Smith a annoncé les changements dans une vidéo publiée sur le réseau social X. Elle a mentionné que la décision du gouvernement a été prise au terme de discussions avec son caucus du Parti conservateur uni.

La cheffe de l’opposition néo-démocrate de l’Alberta, Rachel Notley, a qualifié les changements proposés d’«horribles».

Elle a dénoncé que Mme Smith impose des mesures «cyniques et cruelles» qui ciblent des jeunes vulnérables et qui s’immiscent dans des décisions médicales privées.

«Au fond, Danielle Smith fait de la politique dangereuse en utilisant la vie des jeunes», a affirmé Mme Notley.

La cheffe néo-démocrate a assuré que son parti fera tout en son pouvoir pour faire reculer le gouvernement, mais elle a soulevé que ce sera d’abord à la ministre LaGrange de respecter la Charte des droits et libertés et de s’assurer que tous les jeunes aient un accès équitable aux soins de santé.

Parmi les autres changements annoncés par Mme Smith, notons que les parents devront être informés et devront donner leur consentement pour que leurs enfants apprennent l’identité de genre, la sexualité et l’orientation sexuelle à l’école.

Mme Notley s’oppose également à ce changement.

«Danielle Smith propose de faire de l’Alberta la seule province où les parents devront accepter ou, en d’autres termes, demander activement une éducation en matière de santé sexuelle», a avancé Mme Notley.

«Des milliers d’enfants seront donc exclus de ce programme — un programme dans lequel on enseigne des notions comme la contraception et le consentement.»

Plusieurs groupes sont aussi contre

Plusieurs groupes de défense de la communauté LGBTQ+ ont sévèrement critiqué les changements proposés par le gouvernement albertain.

Dans un communiqué commun, Égale Canada et la Fondation Skipping Stone ont fait savoir qu’elles vont intenter des poursuites judiciaires si l’Alberta va de l’avant.

Harini Sivalingam, de l’Association canadienne des libertés civiles, a ajouté que les changements apportés par l’Alberta constituent une «attaque claire et flagrante contre la liberté».

«Nous surveillons de près la situation en Alberta et soutenons le recours à tous les outils juridiques disponibles pour protéger les droits et libertés des personnes trans et issues de la diversité de genre de cette province et de partout au Canada», a déclaré Mme Sivalingam dans un communiqué.

L’an dernier, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick ont aussi décidé d’exiger le consentement parental pour que les élèves changent de nom ou de pronom à l’école, mais l’âge a été fixé à 16 ans.

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