OTTAWA — Le commandant de la Marine royale canadienne a publié une nouvelle vidéo avertissant que la force se trouve dans un «état critique», avec des navires qui ont dépassé leur cycle de vie et une grave pénurie de marins pour les faire fonctionner.
Dans une vidéo publiée sur la page YouTube de la marine, le vice-amiral Angus Topshee a déclaré que la force pourrait ne pas respecter ses engagements en matière de préparation l’année prochaine et au-delà, bien qu’il ait tenté de paraître optimiste quant à son avenir «très brillant».
«Historiquement, nous avons relevé tous les défis, donc je suis convaincu que nous trouverons un moyen de surmonter cela», a déclaré M. Topshee dans la vidéo.
La vidéo a été diffusée la semaine dernière lors d’un symposium sur le leadership de la défense, au cours duquel M. Topshee a également prononcé un discours en personne.
L’objectif était de «mettre en évidence les priorités (de la Marine) tout en fournissant une évaluation juste et honnête de l’état de la Marine royale canadienne», a indiqué le ministère de la Défense dans un communiqué.
La vidéo comprend un tableau des professions de la Marine et de leurs niveaux de dotation actuels, montrant que de nombreux postes ont des taux de vacance supérieurs à 20%.
M. Topshee a déclaré que c’était parce que l’aile de recrutement des Forces armées canadiennes n’avait pas réussi à atteindre ses objectifs depuis plus de 10 ans.
Il a ajouté que l’armée de l’air et l’armée se trouvent dans des situations similaires.
La flotte de la côte ouest souffre, a déclaré M. Topshee, parce qu’il y a un manque de personnel qualifié pour entretenir et exploiter les navires, ce qui oblige la marine à donner la priorité à sa classe Halifax.
Et une pénurie de technologies signifie qu’un seul des nouveaux navires de patrouille arctiques et extracôtiers peut être utilisé à la fois, même si quatre sont prêts.
Il a ajouté qu’il serait difficile de se préparer à doter pleinement les navires actuellement en construction dans le cadre de la Stratégie nationale de construction navale.
«La plus grande priorité de la Marine royale canadienne est d’attirer, de recruter et de former des marins au point fonctionnel professionnel afin de maintenir notre effectif efficace formé à son niveau actuel», a affirmé M. Topshee, ajoutant que la Marine pourrait ne pas atteindre cet objectif cette année et ne le fera pas l’année prochaine.
La vidéo indique que 98 personnes font partie d’un récent projet pilote qui permet aux recrues de s’engager dans la marine pour un an, et que 400 autres sont en cours de recrutement.
M. Topshee a indiqué que ce programme contribue également à améliorer le recrutement des peuples autochtones et d’autres minorités.
La marine doit recruter 1200 nouvelles personnes chaque année pour résoudre son problème de personnel, indique la vidéo.
Les Forces armées canadiennes ont déclaré qu’il leur manquait environ 16 000 soldats dans les forces régulières et de réserve dans toutes les branches de l’armée, et que 10 000 autres soldats n’avaient pas la formation dont ils avaient besoin pour être déployés.
Se concentrer sur le recrutement et la rétention
Dans une note d’octobre 2022, le chef de la défense, le général Wayne Eyre, a ordonné l’arrêt de toutes les activités non essentielles pour se concentrer sur l’augmentation du recrutement et de la rétention.
Plus d’un an plus tard, le ministre de la Défense, Bill Blair, a déclaré la semaine dernière au comité de la défense de la Chambre que les problèmes de recrutement persistaient.
Mercredi, le ministre a reconnu que le gouvernement demandait en même temps aux forces armées d’en faire davantage.
«Nous les avons déployés dans l’Indo-Pacifique, et nos responsabilités au sein du NORAD et de l’OTAN comportent des défis importants, mais je pense que nous sommes à la hauteur des défis», a-t-il déclaré.
M. Blair a déclaré aux journalistes qu’il y aurait «absolument» suffisamment de marins pour les nouvelles flottes canadiennes lorsqu’elles seront construites. Il a affirmé que les forces militaires et policières du monde entier ont du mal à recruter.
Mais le député libéral John McKay, président du comité de la défense de la Chambre, n’a pas mâché ses mots, mardi, lorsqu’il a accusé les médias et le public canadien de ne pas se soucier suffisamment de l’armée pour en faire une priorité.
«Au cours des deux dernières années, nous avons connu un changement radical dans l’environnement de menace et nous ne sommes pas prêts, tant sur le plan du personnel que de l’équipement, à faire face à l’environnement de menace», a-t-il dit aux journalistes à l’extérieur de la réunion hebdomadaire du caucus libéral.
«Cela me frustre que nous ayons sous-investi dans la défense, le développement, la diplomatie et en nous-mêmes», a-t-il renchéri.
Quant à l’équipement, M.Topshee a déclaré que la marine doit prolonger la durée de vie de ses navires de la classe Halifax d’au moins 15 ans jusqu’à ce que de nouveaux navires de combat de surface soient prêts à prendre leur place.
Le premier de ces navires devrait être livré au début des années 2030, mais chacun nécessitera deux à trois ans d’essais et de tests avant d’être prêt à être utilisé.
Maintenir la classe Halifax en mer au moins jusqu’en 2040, des années au-delà de la durée de vie de 30 ans qu’elle a déjà atteinte, sera un «défi très considérable», a déclaré M. Topshee.
