L’Armée canadienne veut acquérir de nouvelles armes en tirant des leçons de l’Ukraine

Lee Berthiaume, La Presse Canadienne
L’Armée canadienne veut acquérir de nouvelles armes en tirant des leçons de l’Ukraine

OTTAWA — La guerre en Ukraine a mis en lumière des lacunes critiques dans la capacité de l’Armée canadienne à combattre et à survivre sur un champ de bataille, ce qui a entraîné une ruée imprévue vers l’achat de nouvel équipement militaire.

Dans une entrevue avec La Presse Canadienne, le commandant de l’Armée canadienne, le lieutenant-général Jocelyn Paul explique qu’il s’agit d’acheter notamment des missiles antichars et antiaériens, ainsi que des systèmes de protection contre les drones.

M. Paul ajoute que l’«armée de terre» espère également acheter les types de systèmes de missiles de précision à longue portée qui ont donné aux forces ukrainiennes un net avantage sur leurs ennemis russes, ainsi qu’une technologie de commandement et de contrôle de pointe.

«Ces capacités font toute la différence présentement en Ukraine, a déclaré le commandant de l’armée de terre. Nous y accordons beaucoup d’attention en ce moment.»

Les nouveaux systèmes que l’armée s’empresse d’acheter ne figuraient pas dans la politique de défense du gouvernement libéral, lors de sa publication il y a cinq ans. Mais M. Paul explique que les Forces armées canadiennes ont étudié attentivement les combats qui font rage en Ukraine depuis l’invasion de la Russie en février, déclenchant la plus grande guerre en Europe depuis des générations.

En conséquence, l’armée a identifié des lacunes dans son équipement, notamment le besoin d’armes pour se défendre contre les menaces traditionnelles comme les chars et les avions, mais aussi contre ⁠les nouvelles menaces telles que les drones. «J’avance sur ces trois plans pour satisfaire mes besoins vraiment immédiats», a déclaré le lieutenant-général Paul.

Toutes les lacunes soulignées récemment ne datent toutefois pas d’hier. Ainsi, l’Armée canadienne a prévenu à maintes reprises qu’elle avait besoin d’armes et d’autres moyens de défense pour protéger les soldats canadiens contre les attaques aériennes. Il y a bien eu depuis des années des plans pour acheter un nouveau système, mais peu de choses ont bougé. 

Mais avec la guerre en Europe, il y a maintenant un sentiment d’urgence, d’autant plus que l’armée canadienne se prépare à envoyer des centaines de soldats supplémentaires en Lettonie pour renforcer un groupement tactique de l’OTAN dirigé par le Canada et conçu pour aider à protéger l’Europe de l’Est en cas de guerre plus large avec Moscou.

Missiles à longue portée

Bien que les détails du renforcement prévu fassent encore l’objet de discussions, le Canada s’est engagé, dans le cadre de cet effort, à acquérir et à déployer des armes antichars, des systèmes antidrones et de défense aérienne, des munitions et des explosifs.

Le commandant Paul a indiqué que l’armée voulait d’abord acheter des missiles antiaériens portables, afin de répondre au besoin plus large de se protéger contre les attaques aériennes, tout en travaillant sur un système plus complet à moyen terme.

La guerre en Ukraine a également révélé l’avantage des systèmes de missiles à longue portée capables de frapper avec précision, a déclaré M. Paul. Les États-Unis ont fait don de telles armes à l’armée ukrainienne et elles se sont avérées décisives sur le champ de bataille.

L’Armée canadienne compte actuellement sur les obusiers M777 pour le soutien de l’artillerie, qui fournissent une couverture de 30 à 40 kilomètres environ.

«La portée est importante, a rappelé le commandant de l’armée de terre. La nature de la guerre évolue. Nous devons donc être dans une position où la zone d’influence d’un groupement tactique ou une brigade se situe plutôt autour de 100 à 125 kilomètres.»

La nature évolutive de la guerre a également souligné la nécessité pour l’état-major d’avoir une meilleure idée de ce qui se passe sur le champ de bataille et la capacité de donner des ordres et de contrôler des unités en temps réel. Cela impliquera l’intelligence artificielle et d’autres calculs avancés.

«On a besoin de centaines de capteurs et on doit être en mesure de prendre les données et de les traiter rapidement, a-t-il déclaré. On doit tirer parti de la machine.»

Par ailleurs, le commandant admet que l’un des véritables défis pour obtenir l’équipement est que de nombreux alliés du Canada sont arrivés aux mêmes conclusions et s’apprêtent à acheter le même matériel.

«Nous examinons les options, nous examinons ce qui est disponible, a-t-il déclaré. En gardant à l’esprit que toutes les démocraties occidentales frappent actuellement à la porte des mêmes entreprises pour essayer de se procurer les mêmes systèmes d’armement.»

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